L'ACTU.
Comme en 2021, aucun Français ne s'est qualifié pour le troisième tour de Roland-Garros. Ils étaient pourtant 28 en lice en simple, 18 hommes et 10 femmes. Une anomalie qui provoque des inquiétudes sur le niveau des Français sur terre battue. Le journal L'Équipe parle d'une situation « qui pourrait devenir une mauvaise habitude », le Huffpost de « pire bilan depuis 55 ans » et Europe 1 s'interroge : « Roland-Garros : pourquoi les Français ne gagnent plus depuis Yannick Noah ? ».
LES ARCHIVES.
Une question vieille d'au moins 30 ans. Pour l'édition 1993 du tournoi, les Français enregistraient l'un de leur pire palmarès avec une seule joueuse, Mary Pierce, en huitièmes de finale. Elle n'avait d'ailleurs pas atteint les quarts de finale. France 3 consacrait un reportage à ce « syndrome Roland-Garros », les échecs du tennis français sur terre battue. La présentatrice en brossait le tableau : « Le tennis français et ses paradoxes. D'abord les comptes, neuf joueurs français parmi les 100 meilleurs de la planète. Dans le tableau final des Internationaux de France, au total, 36 hommes et femmes. Un record. Et pourtant, le rêve s'est achevé hier : le dernier espoir s'appelait Mary Pierce. »
Et pourtant, 10 ans seulement auparavant, Yannick Noah remportait le tournoi. À l'époque, le champion pensait assurer sa succession : « J'espère que derrière ça suivra, que ça donnera de l'ambition à d'autres jeunes. Que ce n'est pas parce qu'on est Français qu'on perd en finale. On peut également gagner. » Et pourtant, graphique à l'appui, le reportage rappelait les échecs du tennis français à Roland-Garros, que seul Henri Leconte avait semblé pouvoir faire mentir avant de perdre lors de la finale du tournoi de 1988. Résultat, chez les hommes : « Après cinq jours de compétition, les 19 Français ont disparu. Aucun représentant en huitième de finale, du jamais-vu depuis 15 ans. »
Pour Sophie Tutkovics, journaliste à France Inter, la situation géographique du tournoi était une distraction : « Quand ils arrivent ici à Roland-Garros, leurs rapports sont tout de suite plus tendus. Parce qu'il y a beaucoup plus de monde, leurs amis, leur famille. (...) Quand ils sont à l'étranger, ils sont seuls, ce qui visiblement leur réussit mieux. » À l'époque, l'espoir s'appelait donc Mary Pierce. Espoir contenté en 2000, elle remportait le tournoi. Aujourd'hui, qui relancera les espoirs du tennis français à Roland-Garros ?
Le syndrome Roland-Garros et le tennis français en panne
1993 - 10:15 - vidéo