L'ACTU.
Le 7 mars 2023, une vidéo du Parisien dévoilait que la fabrication des armes factices gonflables avaient explosé depuis le début du conflit opposant la Russie à l'Ukraine. Le reportage expliquait que « des répliques de tanks Abrams, d’avions de combats ou des lance-roquettes Himars » étaient « produites pour tromper l’ennemi sur le champ de bataille » par la société tchèque Inflatech. Elle a refusé de donner le nombre de fausses armes vendues à l’Ukraine depuis un an, mais assuré que « ses bénéfices avaient augmenté de 100 % ».
En février 2023, des chars factices avaient été amenés dans la région de Zaporijia par les Russes. C'est ce que rapportait l'état-major des forces de Kiev, dans un post sur Facebook expliquant que la Russie avait cherché à leurrer les Ukrainiens en utilisant des chars gonflables, qui s'étaient dégonflés.
L'ARCHIVE.
L'utilisation de ces leurres gonflables n'est pas une première dans une guerre, tant s'en faut, c'est ce que montre l'archive en tête d'article extraite des « Actualités françaises » de mars 1946. Elle racontait que l'Angleterre avait eu recours à ces « baudruches », pendant la Seconde Guerre mondiale, peu de temps avant le débarquement en Normandie, pour duper les Allemands.
Le reportage montrait ces chars factices utilisés par les Alliés dans la vaste opération d'intoxication « Fortitude », les images dévoilant des militaires britanniques dégonflant et déplaçant des tanks et autres véhicules militaires en caoutchouc gonflable.
L'archive ci-dessous, diffusée dans le 19-20 de F3 du 6 juin 2014, à l'occasion des commémorations du Débarquement, revenait sur les détails de cette entreprise de désinformation (Fortitude) et plus précisément sur l'opération « Quicksilver ». Pour rendre le leurre encore plus crédible, les Anglais avaient placé une armée factice : des véhicules gonflables, des avions en bois, de fausses barges de débarquement en face du Pas-de-Calais, dans le Sud-Est de l'Angleterre, à dessein, pour faire croire aux Allemands que le débarquement de juin 1944 aurait lieu dans le Pas-de-Calais ou dans le nord de la France.
Les alliés avaient poussé ce stratagème encor plus loin en demandant au célèbre général américain Patton de commander cette « armée fantôme » de baudruches. Les nazis étaient tombés dans le panneau et la ruse avait permis aux alliés de débarquer sur les plages normandes par surprise le 6 juin 1944.
Débarquement : les allemands leurrés par le lieux du Débarquement
2014 - 01:36 - vidéo
Les Russes friands de baudruches
Cette duperie militaire est pratiquée depuis longtemps dans la tactique russe, sous le nom de « maskirovka », comme l'explique l'archive ci-dessous datée de 2009. À l'époque, pour faire des économies, l'armée russe venait de mettre au point des chars gonflables et des missiles plus vrais que nature. Elle communiquait dessus officiellement. Ces leurres, comme de vraies armes, étaient capables de tromper les détecteurs. Une solution moins coûteuse pour l'armée, mise au point la société Rubsal en Russie.
L'armée russe construit des chars gonflables
2009 - 01:49 - vidéo
« C'est un moyen d’économiser. En cas de conflit, pas besoin d'envoyer de vraies troupes, on met des leurres, que les drones espions observeront » (le chef de la recherche de l'entreprise)
En France on les fabrique !
Dans les années 1990, plusieurs sociétés françaises fabriquaient ce type d'armes gonflables. Notamment l'entreprise Langeais qui fabriquait les faux armements à Saint-Omer dans le Nord, sur un brevet britannique. À l'époque, un tel matériel coûtait environ 200 000 francs (12 millions pour un vrai tank). Des leurres détectables, servant prioritairement de cibles aux chasseurs ennemis.
Autre entreprise française dans le secteur, EJM implantée à Cournon en région Auvergne-Rhône-Alpes. Spécialiste des attractions gonflables pour les enfants, de type châteaux forts, elle commercialisait aussi toute une gamme de leurres gonflables utilisés par l'armée irakienne pendant la guerre du Golfe.
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