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Sonia Rykiel en 1969 : "Je provoque et je veux"

Sonia Rykiel en 1969 : "Je provoque et je veux"

Le 25 août 2016 disparaissait la créatrice de mode Sonia Rykiel. Inventrice de la "démode", elle aimait renverser les codes. Dans cette interview de 1969, la "reine du tricot" décrivait sa manière d'envisager la mode et son métier...


Par la rédaction de l'INA - Publié le 26.07.2019 - Mis à jour le 23.08.2021
Sonia Rykiel sur la mode et son métier - 1969 - 06:50 - vidéo
 

La devise de sa maison de couture c'était : "Je provoque et je veux". Une devise qui résumait parfaitement le parcours de cette "passionnata" de la mode. Sonia Rykiel voit le jour en 1930 dans une famille bourgeoise d'intellectuels de confession juive non-pratiquants. Elle débute dans le monde de la confection en 1954, à la suite de son mariage avec Sam Rykiel, d'origine polonaise, propriétaire d'une boutique de confection familiale. C'est dans cette boutique qu'elle va commencer à tricoter et à créer ses premiers modèles de pulls. Ses tricots vont la rendre célèbre, un modèle en particulier, le pull-over ajusté. Malgré des oppositions, la jeune femme va devenir créatrice de mode. En 1960, un de ses pulls, le "poor boy sweater", porté par Françoise Hardy, fait la une du magazine "Elle". C'est le début de la célébrité. Soutenue par son mari, elle fonde sa société "Sonia Rykiel C.D.M.", en 1965.  En 1968, ils créent la griffe Sonia Rykiel. Une première boutique s'ouvre à Paris, au 6 rue de Grenelle, sur la Rive gauche de Paris…

L'interview en tête d'article est extraite de l'émission "Coda", diffusée le 19 août 1969. En compagnie de la journaliste Sylvie Moreau, la créatrice évoque sa puissante volonté de s'imposer dans la vie comme dans son domaine, la mode. Mais une mode bien particulière à ses yeux : "J'ai fait ma mode à moi... et les gens sont venus à moi...", précise-t-elle d'emblée. Cette ténacité, elle la doit peut-être à sa crinière rousse, constituante de son identité. : "Je suis née avec une tête toute rouge.... c'était déjà une provocation... Ces cheveux roux, ça a été une première provocation."

"Je suis extrêmement dure dans mon travail"

Quant à la mode, c'était une évidence pour elle, pas forcément pour ses amis. D'ailleurs, elle confie qu'au début, certains étaient vraiment récalcitrants et ne croyaient pas en elle et en sa capacité à réussir. Une opposition qui a provoqué chez cette battante un véritable électrochoc, "un sursaut" qui a fait d'elle ce qu'elle est devenue. Sonia Rykiel a d'abord créé pour elle, quant à habiller la femme, c'est venu après : "La femme. Je ne la veux pas du tout. Ça ne m'intéresse pas. Ce qui important, c'est la tête de la femme, c'est pas du tout les vêtements..." et de préciser : "Elle s'habille avec sa tête, elle décide elle-même." Toujours cette indépendance revendiquée et arborée fièrement. D'ailleurs la couturière évoque la première fois où elle a porté un pantalon, à Paris, en pleine semaine, suscitant le scandale. C'était au milieu des années 60, avec un ami, à l'occasion d'un déjeuner au Fouquet's... Elle se souvient amusée : "Tout le monde était gêné". Il faut du courage pour bousculer les codes, pour être une femme, quelques soient les préjugés. Et lorsque la journaliste lui demande si un pantalon ne fait pas perdre un peu de féminité, elle s'insurge et assène un seul mot : "Contre ! ". Contre cette idée et contre toute dictature vestimentaire, elle le restera jusqu'à la fin. Seule contre tous, Sonia Rykiel confie l'avoir beaucoup été, travaillant d'arrache-pied pour s'imposer : "Je travaille tout le temps...", précise-t-elle en souriant, avant d'ajouter avec conviction:  "Je suis extrêmement dure dans mon travail. Je n'y connais rien. Je ne sais pas coudre donc je suis encore plus dure (…) Quand on me dit qu'on ne peut pas le faire, je dis : tu dois le faire ! Et on le fait. Toujours".

Sonia Rykiel prenait un malin plaisir à réinventer la mode, à relancer le démodé. Bafouant tous les codes, elle a plébiscité le noir et les rayures, inventé les coutures à l'envers, supprimé les ourlets et les doublures. Elle a sublimé les premiers joggings en velours, et inventé le concept des messages inscrits sur le vêtement. La couturière est morte le 25 août 2016 à l'âge de 86 ans, des suites de la maladie de Parkinson. En septembre 2018, la ville de Paris a renommé une partie du boulevard Raspail, "allée Sonia Rykiel". Elle est devenue ainsi la première créatrice de mode à donner son nom à une rue de Paris.

Florence Dartois

Pour aller plus loin : 

Vie de femme : Sonia Rykiel. (23 novembre 1985)

Dans le bureau de... Sonia Rykiel. (14 novembre 2005)

Et beaucoup d'autres documents sur la créatrice de mode...


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