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La sexualité des seniors : il n'y a pas d'âge pour aimer

La sexualité des seniors : il n'y a pas d'âge pour aimer

Le 1er octobre, l'association des Petits Frères des Pauvres a publié un rapport sur la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées. Destiné à faire tomber les préjugés, il révèle que les seniors n’ont pas tiré un trait sur leur sexualité. Une réalité déjà évoquée dans nos archives, dès les années 70.

Par Florence Dartois - Publié le 03.10.2022
 

L'ACTU.

La vie affective et la sexualité ont-elles encore une place dans la vie des seniors ? Une question à laquelle l'association Les Petits Frères des Pauvres a tenté de répondre dans un rapport publié le 1er octobre 2022, consacré à la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées. Les résultats bousculent les idées reçues et l'image que se fait la société de ces seniors. Cette étude réalisée par CSA Research sur un panel de 1500 seniors de plus de 60 ans révèle que 91 % des personnes âgées en couple disent éprouver du désir pour leur conjoint, 74 % ont encore des relations sexuelles. L'amour n'a donc pas d'âge et 94 % des personnes âgées se déclarent être amoureuses de leur conjoint. Un résultat enthousiasmant comme l'explique Yann Lasnier, Délégué Général des Petits Frères des Pauvres sur leur site : « Non, cette vieillesse, si souvent stigmatisée, si souvent redoutée n’est pas ce naufrage insupportable qu’on nous décrit si souvent. Oui, on peut être toujours amoureux de son conjoint après plus de 40 ans de vie passée ensemble. Oui, on peut avoir des relations sexuelles quand on est âgé et en être satisfait...»

LES ARCHIVES.

Il n'y a pas d'âge pour être amoureux, c'est ce que racontaient René et Lucie, en 1976, dans un entretien réalisé sous la direction d'une sociologue pour le magazine d'actualités « Vendredi », consacré à la sexualité. Les retraités de 70 et 73 ans avaient accepté d'évoquer leur vie intime, de leur jeunesse à leur vieillesse. René et Lucie n'avaient pas vécu leur sexualité avec les mêmes contraintes. Ils s'étaient mariés très jeunes à une époque où les femmes étaient complètement ignorantes de la sexualité. Les hommes quant à eux « étaient un petit peu plus avancés » et découvraient souvent les choses dans les maisons closes, comme le racontait le retraité avec un grand sourire aux lèvres.

De son côté Lucie décrivait l'immense solitude des filles face à la puberté, regrettant que sa mère ne lui ait jamais parlé de sexualité, ni même des règles, « je suis allée vers elle en pleurant pour lui demander qu’est-ce qui m’arrive ». Puis venait le risque des grossesses non souhaitées avec l'absence de contraception.

L'entretien s'achevait sur une note plus positive. Interrogés sur leur vie sexuelle à ce stade de leur vie, René l’assurait, c’était toujours possible. Il concluait avec philosophie : « On n’est pas comme à 20 ans, c’est certain… mais enfin, de ce côté-là, on n’est pas encore complètement éteints. »

Une sexualité tabou

A la suite de ce témoignage, le magazine s'interrogeait : « On ne parle jamais de la sexualité des personnes âgées. Est-ce parce qu'elle fait peur ? ». C'est à cette question soulevée par le rapport des Petits Frères des Pauvres que tentait de répondre un sociologue dont l'identité n'est pas indiquée dans l'archive ci-dessous. Il évoquait clairement la peur de la société à l'égard de la sexualité des personnes âgées, qui s'insérait plus largement dans la peur de la vieillesse. Il allait plus loin en évoquant une sorte de « ghetthoïsation des personnes âgées », une intolérance de la société. Infantilisés et contrôlés, les personnes âgées finissaient souvent elles-mêmes par se résigner, se « retirer de la compétition ». Un abandon dommageable alors que la sexualité pouvait représenter selon lui un bienfait physique et psychologique.

Une vie sexuelle possible à tout âge
1976 - 04:50 - vidéo

« La sexualité peut exister mais peut être plus raffinée que par le passé ».

Amour et préjugés

Aimer et être aimé reste possible très longtemps. Le montage ci-dessous regroupant des archives filmées entre 1979 et 2014, illustre parfaitement les résultats de l'enquête des Petits Frères des Pauvres. Dans ce florilège de témoignages, les seniors répondent sans filtre à la question s'ils ont encore envie de faire l'amour. Leurs paroles touchantes et souvent amusantes, prouvent que la sexualité reste à leurs yeux un sujet central dans leur vie. Une sexualité festive, une vie affective riche, où le partage et la tendresse semblent dominer.

Sous la couette des seniors
2018 - 01:49 - vidéo

En parallèle à leur rapport, Les Petits Frères des Pauvres ont également lancé une campagne de sensibilisation « Ne réduisons pas nos aînés à nos clichés » (affiches, site Internet) et un podcast, pour faire tomber les préjugés sur la vie intime des aînés.

Pour conclure, laissons à nouveau la parole à quelques seniors et au gynécologue Gilbert Trodjman, qui en 1979, dans le magazine « Aujourd'hui Madame », appelait lui aussi à lutter contre « la misère sexuelle » qui condamnait les anciens à la solitude et à l'oubli.

« Il n’y a aucune raison pour que la vieillesse puisse limiter, diminuer ou supprimer la capacité de faire l’amour ». (Gilbert Tordjman, 1979)

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