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«Une fouille plus facile des élèves suspects ne réglera pas le problème»

«Une fouille plus facile des élèves suspects ne réglera pas le problème»

Une professeure d'espagnol a été poignardée à mort par un de ses élèves dans la classe où elle donnait cours, à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques. L'élève était muni d'un couteau. À chaque drame similaire, le débat est relancé : quelles mesures doivent être prises pour empêcher de futures agressions ? Entre récupération politique et inquiétudes du corps enseignant, retour en archives sur ces questions. 

Par Romane Sauvage - Publié le 23.02.2023
 

L'ACTU.

Mercredi 22 février, une professeure d’espagnol est morte après avoir été poignardée par l'un de ses élèves dans sa classe d'un lycée de Saint-Jean-de-Luz. Selon de premières informations, l'élève souffrirait de difficultés psychologiques. Une enquête pour assassinat a été ouverte.

LES ARCHIVES.

« Vendredi en Haute-Garonne, vous avez déclaré envisager l'installation de portiques de détection de métaux devant certains établissements scolaires. Des problèmes aussi graves exigent des réponses éducatives et humaines, je souhaite donc monsieur le ministre savoir si vous comptez enfin réorienter votre politique vers une réelle prise en compte ? » Dans l'archive de 2009 en tête d'article, Martine Martinel, députée du Parti socialiste, interpellait dans l'hémicycle le ministre de l'Éducation nationale Xavier Darcos. Le 5 mai 2009, un collégien avait agressé au couteau l'une de ses professeures, à Fenouillet en Haute-Garonne.

Pour le ministre UMP, le coupable était tout trouvé et le renforcement de la sécurité une priorité : « Il faut en effet une réponse éducative, vous n’empêcherez pas pour autant que des enfants qui passent leur temps devant des jeux où ils gagnent des vies en tuant celle des autres aient besoin d’autres secours que celui simple de personnel supplémentaire. Il faut en effet que l'on puisse vérifier dans nos établissements comment entrent et sortent des armes, puisque c'est le cas. On a parlé de portiques, pourquoi pas, ça se fait dans beaucoup de pays. »

Quelques jours plus tard, le ministre faisait une nouvelle proposition comme il le présentait à France 3 dans l'archive ci-dessous : « pour que des dispositifs qui permettent la fouille et le contrôle, on pourrait imaginer que les chefs d'établissement ou tout simplement peut être l'inspecteur d'académie puisse être officier de police judiciaire de sorte de commander ces actes qui ont un caractère juridique. » Le reportage ajoutait que pour les syndicats de dirigeants d'établissements et d'enseignants « une fouille plus facile des élèves suspects ne réglera pas le problème. »

Installer des portiques de sécurité ?

« Comment reconnaît-on un élève qui a une arme dans son sac ?, demandait Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat national des personnes dirigeants de l'Éducation nationale (SNPDEN), je donnerai simplement un élément statistique pour montrer la difficulté de la chose : il y a à peu près un milliard d'entrées dans les lycées en France chaque année et on évalue le nombre d’entrées avec des armes à quelques centaines. Ça veut dire que la probabilité de trouver une arme dans un sac d'élève est d'une sur plusieurs millions. »

Quelques années plus tard, en 2017, dans le cadre de l'état d'urgence déclenché en raison des risques d'attentats, la sécurité dans les établissements scolaires avait été renforcée par le gouvernement avec des simulations d'intrusions, des entrées d'établissements systématiquement filtrées et une vérification des identités. Certains établissements allaient même plus loin et installaient des caméras ou des portiques de sécurité.

Mais que faire quand l'agresseur est un élève ? Le sujet ci-dessous détaillait : « La fouille à l'entrée de chaque lycée semble difficile à mettre en place. » Philippe Tournier, toujours président du SNPDEN était de nouveau interrogé : « pour faire embarquer les passagers d'un A380, qui est le plus avion aujourd'hui, 500 passagers, il faut pratiquement une heure et demie. (...) Cela veut donc qu'il faudra faire venir les élèves une heure et demie plus tôt. »

Ecole : Comment garantir la sécurité?
2017 - 02:30 - vidéo

Une nouvelle agression de professeur à Créteil en 2018 avait poussé Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l'Éducation nationale, à rendre possible une permanence policière dans les collèges et lycées. Dans l'archive ci-dessous, un représentant de syndicat d'enseignant dénonçait : « on condamne cette orientation qui est dans la surenchère sécuritaire. Ce qu'il faudrait faire c'est avoir des CPE en plus, des enseignants en plus, des surveillants en plus. Pour donner de l'air aux établissements. »

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