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1970 : Marie l'institutrice découvre son métier de secrétaire de mairie

1970 : Marie l'institutrice découvre son métier de secrétaire de mairie

Le métier de secrétaire de mairie attire de moins en moins et la pénurie devrait s'aggraver d'ici à 2030. Pour revaloriser la profession, les députés ont voté le 14 novembre un texte qui devrait rendre cette fonction plus attractive. Il fut une époque cette profession était exercée par les instituteurs et institutrices, on les appelait les « secrétaires de mairie instituteurs », ils possédaient même un syndicat. Les archives en témoignent.

Par Florence Dartois - Publié le 15.11.2023
 

L'ACTU.

Le métier de secrétaire de mairie n'attire plus. Il y a urgence puisque 1900 postes sont actuellement vacants et la pénurie risque de s'aggraver avec de nombreux départs à la retraite d'ici à 2030. Pour endiguer cette pénurie et rendre le métier plus attractif, l'Assemblée nationale a voté le mardi 14 novembre une proposition de loi qui devrait notamment permettre d'augmenter les salaires.

Les 23 000 secrétaires de mairie, dont femmes à 94%, sont « le cœur battant de nos communes rurales », a déclaré le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini durant les débats. Députés et sénateurs vont encore devoir s'accorder en commission mixte sur une version définitive du texte.

L'HISTOIRE.

Autrefois, la fonction de secrétaire de mairie était souvent dévolue aux instituteurs, la loi du 30 octobre 1886 leur permettant d’exercer ce rôle, en plus de l’enseignement, « avec l’autorisation du conseil départemental ». À cette époque, les mairies côtoyaient souvent les écoles et partageaient les mêmes locaux. L’instituteur faisait figure de pilier, enseignant la lecture et l’écriture et diffusant les valeurs républicaines, notamment la laïcité.

De fait, l’instituteur connaissait la loi et officiait naturellement comme secrétaire de mairie. C'est ce que raconte Roger, ancien instituteur secrétaire de mairie à Allones dans la Sarthe dans l'archive ci-dessous. À la retraite, il rendait visite à son successeur. Le reportage date de 2001 et il ne restait plus à l'époque que 1000 instituteurs-secrétaires de mairie, « ultime carré de grognards de l'école laïque », précisait le commentaire.

La profession disparaissait car dans les petites communes rurales, il était de plus en plus difficile de recruter des candidats et de maintenir les écoles ouvertes. De plus, la technicité croissante des règlements intercommunaux avait complexifié les tâches et la multiplication du travail administratif rendait difficile le cumul des deux emplois. Cette disparition souciait les maires ruraux qui alertaient sur la difficulté à recruter.

Secrétaires de mairie et instituteurs
2001 - 02:35 - vidéo

Nos archives témoignent de l'existence de cette double compétence, à l'image du reportage réalisé pour le JT d'Auvergne actualités en juin 1971 et disponible en tête d'article. Il avait été réalisé à l'occasion de la nomination d'une institutrice à la mairie de Grenier-Montgon dans la Haute-Loire, aux confins du Cantal, un village de 120 habitants.

L'ARCHIVE.

À l'époque, ce qui inquiétait les habitants, ce n'était pas la pénurie de secrétaires, mais l'exode rural qui désertifiait les villages de la région. La survie des bourgs était souvent liée au maintien de l'école. Au centre de Grenier-Montgon se tenait la vaste « mairie-école » et comme dans beaucoup de communes, l'institutrice exerçait les fonctions de secrétaire de mairie. Marie avait 24 ans et était l'une des plus jeunes secrétaires de mairie de France. Elle était en tout cas la plus jeune du département. Les villageois se demandaient alors si elle serait capable d'assurer « un travail de gestion municipale », mais faisaient confiance à son instruction, à l'image du boulanger interrogé dans son fournil.

Après l'avoir filmée dans sa classe, le reportage la montrait dans le cadre de ses activités et l'interrogeait sur sa charge de travail. La jeune femme racontait comment elle avait pis en main ce poste qui n'avait rien à voir avec le professorat. Un poste qui réservait parfois des surprises, comme l'organisation du concours bi-annuel de belote, une tâche dont elle s'acquittait avec brio. Ce jour-là, sa salle de classe se transformait en salle de jeu...

La caméra filmait aussi un conseil municipal à laquelle la jeune femme assistait, c'était l'occasion pour le maire d'évoquer les difficultés de la gestion d'une petite commune et le manque de moyens, ainsi que l’importance du maintien de l'école.

Une école clandestine

Voici un autre exemple, celui de Madame Lucotte, secrétaire de mairie, qui faisait « clandestinement » la classe dans l'école fermée de Beaunotte en Côte-d'Or. Une archive des Actualités françaises de 1953 à regarder ci-dessous.

L'école clandestine de Beaunotte
1953 - 00:30 - vidéo

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