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Depuis 1972, la majoration de trimestres pour chaque enfant élevé améliore la retraite des femmes

Depuis 1972, la majoration de trimestres pour chaque enfant élevé améliore la retraite des femmes

Franck Riester, le ministre des Relations avec le Parlement, a déclaré que la réforme des retraites allait pénaliser les femmes, évoquant notamment les trimestres validés pour chaque enfant. Cette mesure qui avait été mise en place dans les années 1970 pour améliorer la retraite des femmes.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 24.01.2023
 

L’ACTU.

Le 23 janvier sur la chaîne Public Sénat, Franck Riester, le ministre des Relations avec le Parlement, a reconnu que la réforme des retraites n’allait pas être aussi « juste » à l'égard des femmes. « Les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant […] Évidemment si vous reportez l’âge légal [à 64 ans], elles sont un peu pénalisées. On n'en disconvient absolument pas », a-t-il déclaré. Selon le ministre, le report de l'âge légal de départ ne prend pas en compte les trimestres validés à chaque enfant (8 trimestres par enfant élevé), les femmes devront donc bien travailler plus longtemps.

Ainsi, les femmes devront s'acquitter en moyenne 7 mois de plus contre seulement 5 mois pour les hommes, un chiffre plus important pour certaines générations. Pour celle de 1980, ce chiffre passe à 8 mois, contre 4 pour les hommes. De fait, avec la nouvelle réforme, celles qui pouvaient partir dès 62 ans grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants, devront attendre l'âge légal, 64 ans, pour partir.

LES ARCHIVES.

Cette conséquence de la réforme peut paraître d'autant plus étonnante que cette majoration de trimestres pour enfants élevés avait justement été imaginée au début des années 1970 pour permettre aux femmes aux carrières hachées et ayant dû s'arrêter pour élever leurs enfants de prétendre à une retraite plus juste.

L’archive en tête d’article date d’octobre 1971, une époque où le gouvernement mettait en place une série de réformes pour la revalorisation des retraites, notamment celle des femmes. Robert Boulin, alors ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, détaillait celle concernant ces trimestres accordés aux femmes à l’occasion de chaque naissance, mesure qu'il qualifiait alors de « capitale » et de « très importante » pour les mères de familles. Ces périodes où les femmes restaient chez elles pour élever les enfants seraient désormais comptabilisées au même titre que les périodes où elles travailleraient « en dehors de chez elles ». « Nous estimons qu’il faut donner une prime aux mères qui ont élevé des enfants et nous donnons une année supplémentaire aux mères de famille à partir du troisième enfant pour bonifier leur retraite. Ça veut dire qu’une mère qui a élevé 3 enfants pourra prendre sa retraite à 62 ans au lieu de 65 », ajoutait-il.

Des trimestres bienvenus

Des mesures adoptées à l’Assemblée nationale en décembre 1971 et qui allaient entrer en vigueur en 1972. Depuis cette date, une mère de famille bénéficie d'un bonus de 2 ans pour chaque enfant. Une mesure pourtant méconnue qu'expliquait en détail Nicole Berthaud, de la CRAM de Normandie en 1992. Elle décrivait les différentes conditions d’accès à la retraite pour les mères de famille, notamment dans deux cas de figures précis.

Elle rappelait que depuis 1972, chaque femme au foyer ayant exercé un métier avant son mariage, et avant d'élever ses enfants pouvait bénéficier d'une « inscription volontaire pour le risque vieillesse », en d'autres termes, un droit à la retraite, « ce sont autant d’années de travail qui sont validées sur leur compte », précisait-elle. Elles pouvaient donc prétendre à une pension tout comme celles qui avaient élevé au moins quatre enfants ou un enfant ou adulte handicapé.

Un deuxième cas était prévu pour des « ouvrières mères de famille », qui avaient eu au moins trois enfants. La durée de travail était fixée pour elles à 120 trimestres au lieu de 150, en tenant compte de la notion de « travail pénible ». Une mesure plutôt avant-gardiste.

Selon l’étude d’impact publiée par la Drees, en 2020, 123.000 femmes avaient pu partir à la retraite dès 62 ans grâce aux trimestres acquis.

La proposition originale d'un député en 1975

En 1975, le député UDR Claude Labbé annonçait à la télé la proposition qu’il allait faire en faveur des femmes à l’Assemblée nationale.

« Nous estimons en effet, pour la plupart des femmes, pour la majorité d’entre-elles, ont assumé une double activité, et parfois même une triple activité. Elles ont exercé une profession, elles ont été mères de famille et ont tenu leur foyer… »

L'un des autres arguments, plus inattendus, qu'il avançait, la différence d’âge dans le couple, la femme étant selon lui souvent plus jeune que son époux : « une telle mesure permettrait au couple de prendre leur retraite ensemble, ce qui est un avantage social et humain important », concluait-il.

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