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27 février 1933 : l'incendie du Reichstag à Berlin

27 février 1933 : l'incendie du Reichstag à Berlin

Il y a 90 ans, le palais du Reichstag, siège du Parlement allemand à Berlin, était ravagé par un gigantesque incendie. Un coupable était rapidement arrêté, suivi de quatre militants communistes. En pleine accession au pouvoir, cet incendie allait permettre à Hitler de mettre à mal le communisme qui lui barrait encore la route. Aujourd'hui encore, l'origine de l'incendie est discutée par les historiens. Retour sur l'un des faits marquants de la montée du nazisme, prémices de la Seconde Guerre mondiale.

Par Florence Dartois - Publié le 27.02.2023
Incendie du Reichstag - 1969 - 04:04 - vidéo
 

L'ANNIVERSAIRE.

L'incendie du Reichstag, le parlement allemand, est un événement majeur des années 30 qui marque l'un des points d'orgue de l'accession d’Adolf Hitler au pouvoir et de l'instauration du régime nazi en Allemagne. Berlin, 27 février 1933. Dans la nuit du 27 au 28, précisément, le Reichstag s'enflamme, transformant la salle plénière en brasier en quelques secondes. L'archive en tête d'article revient sur cet incendie à l'aide d'images d'archives filmées et relate le procès fantoche qui suivi.

L'ARCHIVE.

« La verrière du toit éclate libérant de hautes flammes dans le ciel », l'incendie qui ravage le parlement allemand, cette nuit-là, détruit une grande partie du bâtiment. Les pompiers mettront du temps à intervenir et lorsqu’ils arrivent, il n’y a plus grand-chose à sauver. Le soir même, Hitler et ses proches se déplacent pour constater les dégâts. Cet incendie survient à un moment capital de l'accession au pouvoir du leader nazi. Il y a 28 jours qu’il a été élu chancelier d'Allemagne, mais son parti est loin d’être majoritaire, des élections sont prévues le 5 mars suivant. Parmi ses opposants, les socialistes, mais surtout l'extrême-gauche et le puissant mouvement communiste.

Cet incendie est immédiatement exploité par Hitler et ses partisans à des fins politiques. Naturellement, les communistes sont pointés du doigt. Dès le lendemain, le Reichsführer proclame la « Reichstagsbrandverordnung » (décret de l'incendie du Reichstag), qui suspend sine die les libertés civiles et politiques établies par la Constitution et ouvre la voie à la « Gleichschaltung » (la « mise au pas » du pays). Suivra une intense campagne de répression à l'encontre les communistes allemands et des opposants de gauche.

Un incendiaire supposé, un syndicaliste de gauche hollandais est arrêté le soir même sur les lieux. Il s’appelle Marinus van der Lubbe, il est âgé de 24 ans. Un peu faible d’esprit et ancien communiste, il fait le coupable parfait.

Depuis des décennies les historiens débattent sur l'origine exacte du d'incendie : acte terroriste, complot nazi ? Et sur la culpabilité du jeune syndicaliste. L'archive en tête d'article date du 17 octobre 1969, une date à laquelle un comité d’étude sur les origines et conséquences de la Seconde Guerre mondiale réunie à Paris remettait en cause la culpabilité de van der Lubbe. Son rapporteur général expliquait au journal télévisé de 20h00 comment ils en étaient venus à cette conclusion, après avoir consulté toutes les pièces de la procédure judiciaire. Il dénonçait un « procès faussé et une manipulation de l’accusé ».

Un procès critiqué

Le reportage montrait également des images du procès des incendiaires supposés du Reichstag qui débuta le 21 septembre 1933, à Leipzig. Sur le banc se trouvaient cinq accusés, Marinus van der Lubbe, ainsi que le président du groupe communiste au Reichstag, Ernst Torgler, et trois communistes bulgares actifs au sein du Kommintern, Vasil Tanev, Georgi Dimitrov et Blagoi Popov, qui se trouvaient en Allemagne au moment de l'incendie.

Georgi Dimitrov, qui deviendrait le président du Kommintern occidental, assura lui-même sa défense, en tenant tête avec courage à Hermann Goëring, ministre-président de Prusse, venu témoigner. Il fera même perdre son sang-froid à Joseph Goebbels, le chef de la propagande. Ses prises de paroles forceront les autorités à interrompre les retransmissions radiophoniques des audiences. Il sera relâché, faute de preuves, avec ses deux compatriotes bulgares. Van der Lubbe aura moins de chance, assistant à son procès dans un état de prostration suspect, laissant penser qu’il avait été drogué. Le commentaire expliquait que tout indiquait qu’il n’aurait pas pu, à lui seul, entrer dans le Reichstag ni allumer un si gigantesque incendie aussi rapidement. Il rappelait aussi qu’il était« aux trois quarts aveugle » au moment des faits.

Le 22 décembre 1933, le jeune homme était reconnu coupable et condamné à mort. Il fut décapité « dans des conditions atroces le 10 janvier » à la prison de Leipzig.

Acquittement posthume

Le Reichstag fut reconstruit après la guerre. Le 21 avril 1967, à titre posthume, un tribunal de Berlin commuait la condamnation à mort de van der Lubbe à huit ans de prison pour « tentative d'incendie avec effraction ».

Le 31 décembre 1980, il était finalement acquitté à titre posthume par le tribunal de Berlin Ouest en RFA en considérant que la procédure avait été manipulée par les nazis. Une archive à regarder ci-dessous.

Le 10 janvier 2008, les services du procureur fédéral allemand, jugeaient cette condamnation officiellement « illégale » et annulaient le verdict 75 ans après la mort de Van der Lubbe.

Romain Gary à propos de Dimitrov

Le 18 janvier 1975, dans l'émission « Un jour futur », après la diffusion d'un extrait des Actualités Françaises sur l'incendie du Reichstag à Berlin, Romain Gary livrait son opinion sur cet épisode historique discuté par les historiens. Il racontait qu'à l'époque, en 1933, il avait vu cet épisode, comme un bon prétexte pour engager une guerre contre l'Allemagne et stopper la montée du nazisme : « C'était la seule façon d'arrêter ce fou dangereux (Hitler) dans sa marche à la destruction et au cataclysme. Eh bien, il ne s'est rien passé du tout. », déplorait-il. Il évoquait ensuite, comment des années plus tard, il s'était retrouvé face à l'un des accusés, Georgi Dimitrov. Il était depuis devenu président du Kommintern. L'auteur vantait ses mérites, le qualifiant d'« homme extraordinaire » et niait sa culpabilité.

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