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2004 : le discours déjà très pro-russe de Ramzam Kadyrov

2004 : le discours déjà très pro-russe de Ramzam Kadyrov

Le 1er octobre, Ramzan Kadyrov a conseillé à la Russie l’usage des armes nucléaires de faible rendement pour frapper l’Ukraine. Le dirigeant de Tchétchénie est connu pour ses propos provocateurs et pour sa brutalité. En 2004, à 27 ans, il revendiquait déjà son soutien à la Russie et ne cachait pas son goût pour la violence.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 03.10.2022
Le clan Kadyrov - 2004 - 03:39 - vidéo
 

L'actu

Samedi 1er octobre, après l’annexion par Moscou des quatre régions orientales ukrainiennes, Ramzan Kadyrov, le président tchétchène, a conseillé à la Russie de faire usage de ses armes nucléaires : « À mon avis, des mesures plus radicales devraient être prises, jusqu’à la déclaration de la loi martiale dans les zones frontalières et l’utilisation d’armes nucléaires à faible rendement », a-t-il écrit dans la messagerie Telegram. Maître de guerre assumé, le leader tchétchène s'est même permis de railler Moscou en déclarant qu'il fallait arrêter de « s’amuser à jouer » et ne pas tenir compte de la « communauté occidento-américaine ».

Le leader tchétchène a été adoubé par Vladimir Poutine, à tout juste 30 ans, en 2007, trois ans après la mort de son père Akhmad Kadyrov dans un attentat. Depuis son accession au pouvoir dans ce petit pays de 1,4 million d'habitants, Ramzan Kadyrov fait régner la peur. Appuyé par sa milice et ses mercenaires surnommés les « Kadyrovtsy », il dirige cette république musulmane du Caucase d'une poigne de fer, multipliant les violences à l'encontre des opposants : tortures, rafles, disparitions. Accusé de nombreuses exactions, notamment à l'encontre de la communauté LGBT, le leader musulman a toujours affiché son soutien au Kremlin dès le début de la guerre en Ukraine, envoyant ses combattants à la réputation sanguinaire combattre au front. Cette assurance glaciale et cette façon de manier la menace avec ironie, Ramzan Kadyrov les possédait déjà bien avant d'arriver au pouvoir, alors qu'il n'était que le chef de la sécurité de son père.

L'archive

En mai 2004, après l'attentat contre Akhmad Kadyrov, le 12/14 de France 3 avait rediffusé un sujet tourné quelques semaines plus tôt sur le « clan Kadyrov ». C'est ce reportage que nous vous proposons en tête d'article. Le 21 avril 2004, Régis Nusbaum et Loïc Le Moigne s'étaient rendus en Tchétchénie pour rencontrer le président en place, Akhmad Kadyrov, dans son palais retranché au cœur d'un ancien complexe industriel (le début du reportage à regarder ici). Ils avaient aussi été reçus par son second fils, Ramzan. Le jeune homme alors âgé de 27 ans avait déjà tout d'un inquiétant personnage et avait pris grand soin à mettre en scène leur rencontre. D'abord en arrivant « entouré de ses hommes de main », une « milice privée ». L'ambiance paraissait pourtant bon enfant, le patron, visiblement détendu, plaisantant avec ses hommes à la mine patibulaire. Une bonne humeur de façade. Car derrière l'image policée, le fils du président était « l'homme des basses œuvres » précisait le journaliste. Il expliquait que beaucoup de Tchétchènes l’accusaient d’être responsable de nombreux enlèvements et assassinats de civils. Ces faits, il ne les niait pas, déclarant avec aplomb : « c’est vrai il y a des gens qui disparaisse, qui sont enlevés en secret en Tchétchénie », ajoutant que cela faisait partie de l’histoire de la Tchétchénie, « berceau du banditisme ».

Evoquant les chefs de la résistance toujours cachés dans la montagne, il assurait vouloir attraper l'un d'eux pour le tuer de ses propres mains. Plus tard, il allait exhiber sa dernière prise devant les caméras des journalistes français, un autre opposant qui s’était rendu, l'ancien ministre de la Défense tchétchène, Magommed Khanbiev. Avec ce dernier, Kadyrov réaffirmait son souhait de créer dans la Russie, la République de Tchétchénie.

Dans leur conclusion, les journalistes se demandaient si la mort du père de Kadyrov pouvait rebattre les cartes et le priver de son pouvoir, car Moscou allait « devoir trouver un nouvel homme fort pour diriger la Tchétchénie », estimaient-ils. Ce nouvel homme fort, ce sera finalement bien lui, Ramzan Kadyrov. Membre du parti « Russie unie », il allait devenir Premier ministre le 17 novembre 2005 puis chef de la République tchétchène le 2 mars 2007, grâce au soutien du président russe Vladimir Poutine. En 2004, Vladimir Poutine a décoré son « fidèle fantassin » de la médaille du Héros de la Russie, la plus haute distinction du pays, pour son engagement dans le camp des Russes lors de la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2009).

Pour aller plus loin

Maradona et Barthez chez Kadyrov. Plusieurs anciennes gloires du football comme l'Argentin Diego Maradona, le portugais Luis Figo ou encore l'ancien gardien de l'équipe de France Fabien Barthez étaient présents pour une rencontre à Grozny, à l'invitation du controversé président tchétchène Ramzam Kadyrov, qui a également participé au match. (2011)

Anniversaire à la gloire de Kadyrov en Tchétchénie. (2011)

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