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La prison de Montluc à Lyon, lieu emblématique de détention et de déportation sous l'Occupation

La prison de Montluc à Lyon, lieu emblématique de détention et de déportation sous l'Occupation

Lundi 8 mai, Emmanuel Macron a rendu hommage à Jean Moulin. Il s'est rendu à la prison de Montluc, dans le 3e arrondissement de Lyon, où le résistant a été incarcéré et torturé par Klaus Barbie. Désormais mémorial national de la Seconde Guerre mondiale, la prison de Montluc est un haut lieu de mémoire. 

Par Romane Sauvage - Publié le 05.05.2023 - Mis à jour le 09.05.2023
 

L'ACTU.

Le 8 mai, dans le cadre des célébrations de l'Armistice de 1945, Emmanuel Macron s'est rendu à Lyon pour rendre hommage à Jean Moulin. Il a visité la prison de Montluc, dans le 3e arrondissement, où le résistant a été emprisonné et torturé après son arrestation à Caluire-et-Cuire par « le Boucher de Lyon », le chef de la Gestapo de la région lyonnaise Klaus Barbie.

Aujourd'hui haut lieu de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France, Montluc a été le théâtre de l'incarcération de près de 10 000 personnes entre février 1943 et août 1944. Le mémorial de Montluc rappelle que près des deux tiers d'entres-elles ont été déportées, dont les enfants d'Izieu, et près de 1000 ont été fusillées ou exécutées dans la région.

LES ARCHIVES.

« Montluc, c'était l'anti-chambre des départs vers la Gestapo, l'antichambre des départs vers les camps de concentration. » Dans le reportage en tête d'article, le 24 août 1994, FR3 retraçait l'histoire la prison de Montluc, prison militaire française réquisitionnée par la Gestapo entre 1943 et 1944, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa libération. Le commentaire résumait, en quelques mots : « Montluc, prison de l'agonie de Jean Moulin, arrêté et enfermé derrière ces barreaux en juin 1943, Montluc, maison des otages pour les Juifs raflés parce que Juifs, parqués dans une baraque, humiliés ici avant d'être exterminés. Le dernier convoi pour Auschwitz est parti le 11 août 1944. »

Et pour ceux qui n'avaient pas été déportés, selon Charles Brochot de de l'association des rescapés de Montluc, « la plupart ont été fusillés. » Cette prison militaire allemande fut notamment gérée par Klaus Barbie. Des milliers de personnes y furent enfermées dans des conditions inhumaines dans l'attente d'une déportation ou d'un transfert.

Ainsi, le mémorial de Montluc note : « Les repas deviennent de plus en plus rares et les colis encore autorisés en 1943, sont progressivement supprimés. La toilette n’existe plus et les insectes prolifèrent dans la prison. Les interrogatoires et la torture qui se déroulent au siège de la Gestapo se généralisent. Montluc constitue alors une première étape dans le processus de déshumanisation voulu par les nazis. »

Le symbole de l'incarcération de Klaus Barbie

Après la guerre, la prison de Montluc devint une prison civile. Et, à partir de 1955, elle fut le lieu des exécutions capitales à Lyon. Elle joua notamment un rôle pendant le guerre d'Algérie, période durant laquelle des Algériens du FLN furent incarcérés. « Entre septembre 1959 et janvier 1961, onze Algériens, membres du Front de Libération Nationale condamnés à mort sont guillotinés à Montluc ainsi que deux à Dijon », détaille le mémorial de Montluc.

Symbole fort, en février 1983, après son extradition de Bolivie, le chef de la Gestapo lyonnaise, Klaus Barbie avait été brièvement incarcéré à la prison de Montluc sur demande du ministre de la Justice Robert Badinter. L'archive en-tête montrait quelques images de l'arrivée du détenu : « 5 février 1983, un prisonnier franchit la porte du fort Montluc. Il s'appelle Klaus Barbie, son incarcération dans ce lieu est alors le symbole d'une justice attendue depuis la Libération. Montluc devient la prison du policier nazi, après avoir été plus qu'un lieu de détention, plus qu'une prison, l'outil de l'oppression. »

Ce n'est qu'en 2009, que la prison est fermée et le lieu est inscrit au titre des monuments historiques et transformée en Mémorial. À cette occasion, dans l'archive ci-dessous France 3 Rhône-Alpes récoltait les témoignages d'anciens prisonniers, qui comptaient « des noms illustres de la Résistance, des anonymes aussi. » Dont Claude Bloch, qui avait 15 ans lorsque la Gestapo l'avait arrêté. « Avec ma mère, on est arrivé ici, le soir, le jeudi soir. Il y a eu des appels de noms par ordre alphabétique (...) Cette liste d'appel se terminait par la mention "Sans bagage", ce qui voulait dire que les gens qui partaient ne reviendraient plus, puisqu'ils étaient destinés à être fusillés. »

La liste qui contenait le nom de Claude Bloch s'était terminée par « avec bagages ». Ce qui voulait dire « transfert ailleurs », témoignait le rescapé. Après un mois passé dans la prison, il fut transféré à Auschwitz avec sa mère. C'est la dernière fois qu'il la vit.

Mystère de l'affaire de Caluire
1987 - 01:53 - vidéo

En 1987, FR3 revenait sur l'arrestation par Klaus Barbie de Jean Moulin et Raymond Aubrac à Caluire-et-Cuire, en périphérie de Lyon.

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