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L'invention du temps de parole remonte à la présidentielle de 1965

L'invention du temps de parole remonte à la présidentielle de 1965

À deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, la campagne électorale est désormais régie par un contrôle strict du temps de parole des candidats. Une règle qui agite le débat public et qui remonte à plus de 50 ans.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 28.03.2022
 

Le premier tour de l'élection présidentielle se déroulera le 10 avril. Comme à chaque élection, deux semaines avant le suffrage, chaque candidat dispose du même temps de parole.

Quand cette question est-elle apparue ? Cette règle a été établie lors de la première élection présidentielle au suffrage universel direct en 1965.

Cette année-là, et pour la première fois, tous les prétendants ont droit à un temps d'antenne équivalent, à la radio et à la télé. Chacun pourra dorénavant occuper au total des tranches horaires de 2 h à la radio et 2 h la télévision. Alain Peyrefitte, ministre de l'Information, vient vanter l'impartialité du gouvernement à la télé : « Le président sortant ne parlera qu'un nombre restreint de minutes alors que l'opposition disposera de 20 heures d'antenne à l'ORTF. Le gouvernement est donc plus libéral et plus démocrate que dans aucune des grandes démocraties occidentales », précise-t-il à l'époque.

Cette élection de 1965 a-t-elle été vraiment impartiale ? D'abord, ces règles ne s'appliquent que durant la campagne officielle, les deux dernières semaines avant le premier tour. Avant, pas de télé. Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat d'extrême droite, s'en plaint lors de sa première intervention. « Cela n'a pas été simple de parvenir jusqu'à vous. Songez qu'en 18 mois de campagne électorale, j'ai eu droit à 1 minute de télévision ».

Comptage ou autorégulation

Quant à François Mitterrand, il promet des réformes s'il est élu : « Je donnerai à mes adversaires politique, à la minorité, au Général de Gaulle le droit de s'exprimer devant les Français en toute circonstance d'importance nationale et dans tout débat qui méritera discussion ».

Une autre question débattue à l'époque est de savoir si l'on doit décompter le temps de parole des ministres du gouvernement Pompidou ? Alain Peyrefitte évacue la question : « Je crois savoir que les ministres s'imposeront une grande discrétion, monsieur Pompidou nous a demandé de nous abstenir, sauf nécessité de tout déplacement en province, à partir de la campagne officielle. »

Mais dans les sondages; le Général de Gaulle, le président sortant, perd du terrain face à ses adversaires. Changement de stratégie. Finalement, les ministres du gouvernement ne resteront pas en retrait comme promis. Ils multiplieront les interventions sur les ondes pour vanter les réussites du gouvernement Pompidou. Quant à De Gaulle qui ne voulait pas utiliser son temps de parole, s'estimant au-dessus de la mêlée, il changera d'avis. Charles de Gaulle sera élu au second tour, face à François Mitterrand. Après une campagne pas si impartiale que ça.

Deux périodes

La vidéo ci-dessous revient sur les techniques de comptage du temps de parole des candidats depuis 1965. Les chronomètres sont lancés depuis le 1er janvier. Tous les médias audiovisuels doivent décompter le temps de parole des candidats déclarés ou présumés à la présidentielle. Dpuis 1989, c’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le CSA - devenu l'Arcom - qui veille au respect du temps de parole pour chaque candidat.

Le décompte du temps de parole est divisé en 2 périodes. Jusqu’à la veille de la campagne officielle, soit 2 semaines avant le 1er tour, les chaînes et les radios doivent respecter le principe d’équité entre les candidats en fonction de leur représentativité et de leur implication dans la campagne.

La deuxième période du décompte imposée aux médias audiovisuels débute deux semaines avant le premier tour, jusqu’à la veille du scrutin. La stricte égalité du temps de parole s'impose. Le poids politique des candidats n’entre plus en ligne de compte. La durée des interventions, comme les horaires de diffusion, doivent être les mêmes pour tous. Et les commentaires des journalistes sont aussi comptabilisés. En revanche, les médias numériques, tels que les réseaux sociaux, ne font pas partie du décompte.

Pour les créateurs de contenus

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