«Pour les Russes, la Côte d’Azur c’est le paradis»

Avec la Guerre en Ukraine et les sanctions économiques visant les biens des oligarques, les fortunes russes ont déserté la Côte d’Azur où se trouve une grande majorité de leurs luxueuses villas. Ce départ forcé provoque un effet négatif sur l’économie locale, car il entraîne un manque à gagner pour certains professionnels. Les moyens de paiement et de virement des oligarques bloqués plombent les trésoreries des conciergeries ou sociétés de gardiennage, privées de conséquentes rétributions. Des pertes économiques qui pourraient se chiffrer à plusieurs centaines de milliers voire millions d'euros. Les discothèques et restaurants ont aussi vu disparaître leurs clients les plus dépensiers.

C'est en 1994 que les Russes fortunés recommencent à investir la Côte d’Azur, une région autrefois très prisée par les « Russes blancs », au temps du Tsar et qui devint un lieu d'exil après la Révolution bolchevique. Alors que la Guerre froide les avait privés de « Riviera», la chute du mur ramenait ceux que l'on appelait alors les « nababs de l'Est ».

Le reportage en tête d'article date de cette époque, au moment où les hôteliers de la Côte d'Azur ont la surprise de retrouver cette clientèle disparue. Les nouveaux riches de Russie reviennent essentiellement sur la Côte d'Azur pour passer leurs vacances. A Nice, ils dépensent leur argent sans compter, ainsi Valentina avoue fièrement : « J'ai dépensé trois mille dollars, plus de 15000 francs, nous sommes allés tous les soirs au restaurant, au casino. ». Ces millionnaires viennent également dans la région pour échapper aux pénuries encore nombreuses dans leur pays. C'est ce que souligne d’ailleurs le directeur de l'hôtel Atlantic à Nice : « Ce sont des gens qui, on voit, n'ont pas tout chez eux et donc viennent acheter pas mal ici. Et ils achètent surtout beaucoup d'objets de luxe. Les femmes, des robes, des dessous, beaucoup de dessous, des chaussures, des produits de beauté. Et les hommes achètent de très belles chemises, des cravates, enfin tout ce qui est très chic ».

Dès lors, les Russes fortunés ne quitteront plus la Côte d'Azur. Ils seront de plus en plus nombreux à passer leurs vacances sur la Riviera, entre Nice et Monaco. Au programme, tourisme et loisirs : soleil, bronzette, fêtes, shopping, comme le montre le reportage ci-dessous de 2013. Les touristes russes représentent alors 5% du tourisme dans la région. Ils investissent également dans l'immobilier, ce qui profite à l'économie locale.

Certains Russes conquis par la région investissent en achetant les plus belles et les plus chères villas en bordure de mer. Certains s’y installent définitivement avec leurs familles. C'est le cas des Wedenskaya qui ont acheté une somptueuse demeure de 3 millions d'euros sur les hauteurs d'Antibes, où leurs enfants sont scolarisés. Liana Wedenskaya, l’épouse d'un richissime avocat d’affaires, confirme l’amour des Russes pour la région : « Pour les Russes, la Côte d’Azur c’est le paradis », avoue-t-elle. Ce qui les attirent : « le climat, la douceur de vivre, la beauté des paysages ». Une manière pour cette élite de se réapproprier son histoire, celle des tsars et des princes russes qui, un siècle plus tôt, venaient profiter du climat de la région.

Au fil des ans, les princes Russes venus en villégiature à « Nice la Russe » ont laissé des empreintes toujours bien visibles. Ils y ont bâti des villas baroques, des églises orthodoxes, toujours présentes, à voir dans le reportage ci-dessous consacré à l’amour des Russes pour Nice et la Riviera en 2008.