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« Pour en finir avec le jugement de Dieu » par Antonin Artaud

« Pour en finir avec le jugement de Dieu » par Antonin Artaud

Antonin Artaud est décédé le 4 mars 1948 à l'âge de 51 ans. Poète, romancier, acteur, l'inventeur du « théâtre de la cruauté » rêvait de transformer l'art de l'écriture. S'il ne reste que peu d'images de lui, il subsiste cet enregistrement exceptionnel intitulé Pour en finir avec le jugement de Dieu. Enregistré en 1947 par la radio française, il ne sera diffusé que 25 ans plus tard pour cause de censure. Découvrez l'art de la transgression de ce texte subversif lu par son auteur.

Par Florence Dartois - Publié le 03.03.2023
 

L'ANNIVERSAIRE.

Antonin Artaud est mort le 4 mars 1948. Poète, romancier, acteur, il rêvait de transformer l'art de l'écriture, il a fini dans la folie. S'il ne reste que peu d'archives de lui, il subsiste cet enregistrement exceptionnel intitulé Pour en finir avec le jugement de Dieu. Enregistré en 1947 par la radio française, il ne sera diffusé que 25 ans plus tard.

L'ARCHIVE.

Pour en finir avec le jugement de Dieu, est une création radiophonique hors du commun. Son auteur, le poète français Antonin Artaud (1896-1948), l'enregistre quelques mois à peine avant sa mort, entre le 22 et 29 novembre 1947. Il est alors interné et souffre d'un cancer du rectum. Cette création radiophonique, commandée par la radio, devait être diffusée le 2 février 1948, mais le directeur de la RTF décida de la censurer à la veille de sa diffusion. Il faudra attendre 25 ans pour l'entendre sur les ondes.

L’œuvre est précédée d'une introduction de Roger Vitrac sur la personnalité d'Antonin Artaud. Il donne des clés de compréhension de son texte. Il évoque son activité théâtrale chez Charles Dullin, décrit son passage au cinéma, avant d'aborder sa poésie et ses influences. Des textes illustratifs lus par Maria Casarès, Roger Blin, Paule Thévenin complètent celui de l'auteur.

Un texte transgressif

En effet, les oreilles de l'époque n'étaient pas prêtes à écouter ce texte très subversif et volontairement choquant, à la mise en onde détonante. Artaud éructe, crie, hurle sa poésie de la cruauté. Sa « diarrhée » verbale dénonce l'ordre moral, la religion et les tabous imprononçables.

« Là où ça sent la merde, ça sent l'être. L'homme aurait très bien pu ne pas chier, ne pas ouvrir la poche anale, mais il a choisi de chier comme il aurait choisi de vivre. Au lieu de consentir à vivre mort. C'est que pour ne pas faire caca, il lui aurait fallu consentir à ne pas être, mais il n'a pas pu se résoudre à perdre l'être, c'est-à-dire à mourir vivant. »

L'accompagnement musical ajoute au trouble ressenti à l'écoute de cet ovni littéraire, il se compose de cris stridents mêlés à des battements de tambour et de xylophone chaotiques, enregistrés par Antonin Artaud lui-même.

Cette version est celle choisie par l'auteur pour être diffusée. Le premier texte avait été coupé à sa demande après écoute du montage. C'est ici la deuxième prise enregistrée qui est utilisée.

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