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Pompiers agressés : un cri d'alarme lancé depuis 50 ans

Pompiers agressés : un cri d'alarme lancé depuis 50 ans

Un pompier a été agressé par une femme alors qu'il tentait d'éteindre un feu lors de la manifestation du 1er mai à Paris. Voilà qui relance le débat des violences à l'égard des soldats du feu lors des interventions. Un sujet plus ancien qu'on ne le croit.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 02.05.2022
 

Lors du défilé du 1er mai à Paris, un sapeur-pompier, qui tentait d’éteindre un incendie de palettes, a été agressé par une manifestante, suscitant l’indignation des autorités. Sur les images de télévision, largement relayées par les réseaux sociaux, le soldat du feu tenait sa lance à eau en direction du feu, rue Alexandre-Dumas, quand une manifestante est venue le bousculer pour l’empêcher d’éteindre l’incendie avant de lui asséner deux coups avec la main sur son casque. La femme a été interpellée et le pompier n’a pas été blessé, a précisé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en début de soirée.

Les sapeurs-pompiers font partie des professions les plus exposées aux violences urbaines. En 2019, les chiffres officiels de l'Observatoire national de la délinquance révélaient une augmentation du nombre d'agressions de 21% entre 2017 et 2018.

Le 9 février 2022, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé dans un tweet la baisse des agressions envers les sapeurs-pompiers de 14% en 2021. (Le ministère de l’Intérieur a dénombré 1518 agressions en 2021 contre 1764 en 2020). Selon un article de « La Gazette des communes », l’évolution des chiffres différait selon la nature des violences, l'article précisait que « selon les informations de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) transmises à la Gazette, le nombre d’agressions verbales restent stables. Quant aux agressions avec armes, elles sont en effet en diminution, avec 148 faits en 2021 contre 173 en 2020. En revanche, les agressions physiques (crachat, morsure…) sont en hausse : elles représentaient 648 faits en 2020, contre 836 en 2021. A noter par ailleurs que sur les blessures résultant de ces agressions en 2021, aucun cas grave ou de décès n’est à déplorer. »

Caillassages, insultes et même coups de poing, cette violence ne date pas d'hier et les soldats du feu la dénoncent depuis près de 50 ans. Des alertes à découvrir dans le montage d'archives proposé en tête d'article.

Un appel aux sanctions

En 1988, par exemple, un lieutenant racontait son attaque au fusil de chasse lors d’une intervention « On ne tire pas comme ça sur les gens, surtout quand on vient porter secours », déplorait-il.

Dans les années 90, la contestation des soldats du feu commence à s’organiser au sein des brigades françaises. Un cri d’alarme lancé au travers de pétitions et de marches silencieuses. Comme à Lyon, en 1999. Jean-Jacques Guerchet, Capitaine des pompier déclarait alors : « Bien-sûr, c’est notre travail, comme la police. Les sapeurs-pompiers, on est là pour. Ca fait partie de notre métier mais je veux dire, non, pas à n’importe quel prix ! C’est ce que nous voulons tous dire aujourd’hui et dans le silence et la dignité surtout. »

Un malaise exprimé cette année-là aussi dans une lettre ouverte adressée au Président Jacques Chirac. Le chef de l’Etat y répondra, mais sans annonce, le 18 septembre 1999 au Congrès national des sapeurs-pompiers : « Ouvriers, employés, paysans, artisans qui prennent sur leur temps pour se former et intervenir incarnent le meilleur de la société française (…) le sens des responsabilités au prix, je le sais de bien, des sacrifices. »

Une gratitude qui ne suffira pas à apaiser la colère des pompiers français qui réclamaient alors des sanctions derrière toute agression d'un membre des services publics. Mais depuis, le nombre de sapeurs-pompiers agressés a continué d’augmenter. En 2008, ils étaient 899. 10 ans plus tard, ils étaient 3411, soit presque 4 fois plus. ( Source : Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 2018)

Formation et prévention

Alors pour faire face à cette violence quotidienne, les écoles de pompiers mettent leurs élèves en situation. Incendie de voitures, gaz lacrymogènes, émeutes urbaines, dans ces scenari tout est fait pour compliquer le travail des pompiers et les préparer à toute éventualité.

Face à une grève inédite des soldats du feu depuis juin 2019, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner avait fait des propositions. Parmi elles, l'expérimentation de caméras-piétons sur les pompiers pour dissuader les agresseurs potentiels.

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