L'ACTU.
Menace de black-out, augmentation du coût de l'électricité, pénurie de pétrole et de gaz... L'hiver 2022 est marqué par une importante crise énergétique. Certaines agglomérations ont dû prendre des mesures pour éviter la catastrophe, comme éteindre l'éclairage public plus tôt, baisser le chauffage des administrations et des écoles. Les commerçants sont invités à ne pas chauffer portes ouvertes, limiter les décorations lumineuses et éteindre les vitrines. Les entreprises, elles-aussi, annoncent des fermetures temporaires dès janvier pour faire face à l'augmentation des factures d'énergie. Une situation similaire a touché la France à la fin des années 1970. Le troisième choc pétrolier obligeant le gouvernement à instaurer des mesures d'économies d'énergie, avec le lancement de la célèbre « Chasse au Gaspi » restée dans les mémoires.
L'ARCHIVE.
C'est à cette époque, fin décembre 1979, que nous transporte l'archive en tête d'article. « Alors que les prix du pétrole deviennent véritablement fous, fous, fous, il ne faut négliger bien-sûr aucune source d’énergie. Il faut aussi, on vous le répète, économiser. (...) Les illuminations sont plutôt modestes en cette fin d’année », annonçait le présentateur du journal télévisé du 13h de TF1. En cette période de fêtes, pour économiser l'énergie, la ville de Paris avait ainsi décidé de montrer l'exemple en supprimant une grande part des décorations de Noël. Un comble pour « Paris, ville lumière mise en veilleuse pour les fêtes » ! Une journaliste était partie enquêter dans les rues pour rendre compte de la situation. Visiblement, cette mesure l'agaçait. C'est en tout cas ce qui transparaît dans son reportage. Sylvie Hay, c'est son nom, déplorait que les illuminations de Noël se fassent rares dans la capitale. Peu de sapins ou de guirlandes, à part sur quelques grandes avenues, même les Champs-Élysées peinaient à scintiller dans la pénombre. « La municipalité n’a mis à la disposition de la ville qu’une vingtaine de sapins répartis devant les différentes mairies d’arrondissement », constatait la journaliste. La tour Eiffel elle-même avait triste mine. Les rues restaient désespérément « tristes et sombres » ajoutait la mort dans l’âme la journaliste.
Triste Noël dans le noir
Un commerçant qui avait choisi de ne pas décorer sa devanture lui donnait les raisons de ce choix, raisons qui résonnent d'ailleurs aujourd’hui, car à l'époque aussi planait la menace du black-out. Il y avait bien-sûr la « Chasse au Gaspi » prônée par le gouvernement et le bon sens : « les clients nous auraient tenus rigueur s’il y avait des coupures de courant dans le chauffage des immeubles… et que les rues soient illuminées, que les commerçants éclairent les rues… »
Quant aux passants interrogés, ils hésitaient entre tristesse et résignation : « c’est triste, on n’a pas l’impression que ce sont les fêtes » déclarait une dame. Les quidams acceptaient globalement ce petit sacrifice. Des arguments qui ne semblaient pas convaincre notre journaliste nostalgique des guirlandes, qui expliquait dans son sujet qu’en période de fêtes, avec la fermeture de nombreux commerces et la baisse de l’activité économique, la facture d’électricité aurait baissé de toute façon.
Pour conclure son sujet plus positivement, notre reporter parvenait enfin à trouver des avenues illuminées. Dans ces quartiers, les commerçants avaient mis la main à la poche, pas de quoi satisfaire la journaliste qui concluait ainsi ses pérégrinations à la recherche des lumières de Noël : « Entre la tristesse de certains à ne pas voir Paris scintiller et la résignation d’autres à chasser le « Gaspi », pas de compromis possible. Sauf un peut-être, précisait-elle en conclusion, la nuit du 31 décembre au 1er janvier sera la seule où l’interdiction d’illuminer sera interdite ».