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Une corde, des pitons et le vide : le métier vertigineux des poseurs de paratonnerres

Une corde, des pitons et le vide : le métier vertigineux des poseurs de paratonnerres

En ce mois d'août 2022, la France est traversée d'orages très violents. La Corse a été durement touchée, avec plusieurs victimes. Pour se prémunir de la foudre, il existe le paratonnerre. Autrefois, des hommes que la peur du vide n'effrayait pas se chargeaient de les installer au sommet des clochers.

Par Florence Dartois - Publié le 18.08.2022
 

La foudre, le tonnerre et les éclairs... De tous temps les orages ont effrayé la population, notamment la foudre qui peut facilement atteindre les 30 000 °C et provoquer des incendies et des destructions. Pour protéger les édifices, rien de mieux qu'un paratonnerre. Un système attribué à Benjamin Franklin, un homme politique et inventeur américain qui l'aurait mis au point en 1752. Son principe est simple : il s'agit d'un dispositif aérien chargé de disperser la charge électrique de la foudre dans la terre. A cet effet, le paratonnerre se compose de deux extrémités, l’une, métallique (souvent du cuivre), installée sur la partie la plus haute d’un bâtiment, l'autre directement connectée à la terre pour que l'impact se termine dans le sol.

Autrefois, pour installer ces paratonnerres, on faisait appel à des hommes à l'agilité impressionnante : les poseurs de paratonnerres. A plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, ils bravaient le vide. Ces artisans pas comme les autres, alliant les techniques de l'alpiniste et de l'ouvrier du Moyen-Age, suscitaient l'admiration. Chacune de leurs interventions représentaient une animation dans le village, où les habitants venaient contempler leur ascension. C'est l'une de ces interventions que nous vous proposons de découvrir en tête de cet article.

Voltige de précision

Nous sommes le 6 août 1982, ce jour-là Télé Pays-de-Loire diffuse des images impressionnantes de l'un de ces artisans escaladeurs, Henri Septier, 51 ans. Tout le dispositif du reportage concourt à faire monter la pression chez le téléspectateur. Pas d'interview, juste des images. La musique inquiétante, des contre-plongées spectaculaires et des images tournoyant autour du clocher mettent dans l'ambiance de ce travail atypique mêlant voltige et minutie. Ce clocher qu'il s'agit d'équiper, c'est celui de l’église de Saint-Gervais, près de Beauvoir-sur-Mer dans la Manche. Le commentaire nous apprend que les outils de base du poseur de paratonnerre sont peu nombreux et simples : une corde à nœuds, quelques pitons et de petites échelles. La caméra filme l'étape la plus difficile, la fixation de la corde à la tête du clocher. Elle lui permettra de travailler suspendu dans les airs et de voltiger tout autour des pans du toit. Une échelle fixée sur l'aplomb de la toiture lui permettant ensuite d'atteindre le sommet de l'édifice pour y fixer le paratonnerre.

« Je ne suis ni casse-cou ni acrobate mais un simple artisan », dira le quinquagénaire venant d'affronter le vide avec indifférence.

Les clochers n'étaient pas les seuls à bénéficier de ses services, les cheminées, les châteaux d’eau aussi. Henri Septier gérait également la pose des girouettes, le colmatage des brèches, voire le redressement des clochers. En tout cas, toujours en altitude, à plus de 50 mètres du sol, sans crainte du vertige. La journaliste précisait à la fin du sujet que ce métier tel qu'il était pratiqué alors, sans normes de sécurité, était voué à disparaître, car la nouvelle législation sur la sécurité au travail interdisait désormais de nouveaux recrutements.

« Je tourne tout autour… c’est comme un manège »

Pour terminer, voici le témoignage de Guy Lacoste, un autre poseur de paratonnerre. En 1986, dans le magazine « La vie à plein temps », il commentait les images de son intervention sur le clocher d’une église de Pau et décrivait les difficultés de son métier.

Le poseur de paratonnerre
1986 - 02:30 - vidéo

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