L'ACTU.
Le parti indépendantiste Tavini huiraatira est arrivé en tête des élections territoriales polynésiennes dimanche 30 avril. Le parti, fondé en 1977 et dirigé par l'ancien président du gouvernement polynésien Oscar Temaru, a recueilli 44,3% des voix contre 38,5% pour la liste d'Édouard Fritch, le président autonomiste jusque-là à la tête de la collectivité. Tavini huiraatira dispose ainsi de 38 sièges sur 57 à l'Assemblée territoriale, soit une majorité solide pour gouverner pendant les 5 ans à venir. Le président de la collectivité devrait être élu par la nouvelle assemblée à la mi-mai. Le parti d'Oscar Temaru devrait proposer le député indépendantiste Moetai Brotherson.
La liste du président sortant, qui a obtenu 16 sièges, a fait les frais d'une mauvaise communication de son gouvernement pendant la crise du Covid-19 ainsi que de l'importante inflation subie par la Polynésie en 2022. Et ce, malgré un bilan économique plutôt favorable.
L'arrivée des indépendantistes à la tête de la Polynésie pourrait signifier la négociation d'un référendum d'autodétermination avec l'État français. Moetai Brotherson a cependant tenu à rassurer au micro de la chaîne de télévision TNTV : « Nous n'allons pas être indépendants demain ni la semaine prochaine ». Et de conclure : « Je n'ai aucun problème à travailler avec l'État et ça ne va pas changer demain. »
LES ARCHIVES.
« À 59 ans, il accède au pouvoir après 27 années de combat politique au sein de l'opposition. Tout à commencé dans sa commune natale de Faa'a, devenu le fief de la mouvance indépendantiste. » Oscar Temaru a aujourd'hui 78 ans. En 2004, il était devenu le premier président indépendantiste de la Polynésie française. RFO Outre-Mer lui consacrait à cette occasion un portrait, disponible en tête d'article.
« L'engagement public en politique d'Oscar Temaru date de 1977, l'année de la disparition de Pouvanaa Oopa, le premier nationaliste polynésien devenu depuis une référence pour le Tavini », parti qu'Oscar Temaru fonda en 1977. D'abord appelé « Front de libération polynésien », le parti fut renommé « Tavini huiraatira nō te ao māʻohi, ce qui signifie "servir la population de l'univers maohi". » Ce parti indépendantiste, se battait à sa création « contre les essais nucléaires, pour la restitution des terres et prône le défense des terres maohi », ajoutait la journaliste.
À partir de 1983, Oscar Temaru, « fervent catholique, marié depuis 1970 », siége donc en tant que maire de Faa'a, plus grande commune du territoire, sur l'île de Tahiti. Il l'avait « conquise avec l'appui de son illustre prédécésseur, Francis Sanford. » En parallèle, en 1984, Gaston Flosse, leader du parti autonomiste de l'époque et mentor d'Édouard Fritch, était élu président de la Polynésie. Opposé à Oscar Temaru, il dirigea la collectivité pendant de longues années.
En 1986, Oscar Temaru était élu conseiller territorial. Sur des images d'archive dans l'hémicycle polynésien, le commentaire détaillait : « Ses convictions anticolonialistes se sont sans doute forgées pendant la guerre d'Algérie qu'il part faire à 17 ans. »
La fin d'une instabilité politique
Après des élections gagnées de justesse en 2004, il était donc élu président du gouvernement polynésien. Il fut renversé dès la fin de l'année suite au changement de camp politique d'un membre de son alliance. Suite à une crise politique locale, sa liste fut finalement réélue, et lui avec, aux élections anticipées de 2005. À partir de là, une grande instabilité politique toucha la Polynésie, et ce, jusqu'en 2013. La présidence alternait entre Gaston Flosse du Tahoera'a Huiraatira, Gaston Tong Sang du To tatou Ai'a et Oscar Temaru du Tavini Huiraatira. Successeur puis rapidement rival de Gaston Flosse, Édouard Fritch fut ensuite élu à la tête du territoire depuis 2014.
Avec l'arrivée en tête des élections territoriales, avec une large majorité, du parti d'Oscar Temaru, dimanche 30 avril, c'est donc une nouvelle alternance à la tête de la Polynésie française.
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