L'ACTU.
En octobre 2002, Sohane Benziane était brûlée vive à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) par son ex-petit ami. De ce drame et de l'histoire de Samira Belli, autrice du livre Dans l'enfer des tournantes, est née, en février 2003, la « Marche des femmes des quartiers pour l'égalité et contre les ghettos », puis le mouvement Ni putes, ni soumises.
LES ARCHIVES.
« À Vitry, les mots ont un sens : il s'agit véritablement d'un acte barbare. Une jeune fille a été volontaire brûlée vive après avoir été aspergée de liquide inflammable. Elle n'a pas survécu à ses blessures. » La nouvelle avait été annoncée dans les journaux télévisés. En octobre 2002, Sohane Benziane était tuée par son ex-petit ami à Vitry-sur-Seine. Comme le montre le montage ci-dessous, sa mort choqua l'opinion publique et devint un symbole des violences faites aux femmes.
La sœur de Sohane Benziane, Kahina, se mobilisa pour faire connaître le drame et lança une pétition en contactant La Maison des potes, une association qui dénonçait alors depuis deux ans « la régression du statut des femmes dans les cités. » Fadela Amara, qui sera également la fondatrice du mouvement Ni putes, ni soumises, en était alors la présidente et disait : « je pense par exemple à cette idée du symbole de la virginité qui confine les filles à porter l'honneur de la famille (...) Et tous les garçons aujourd’hui, enfin une grande partie, se posent comme gardiens de cette virginité. »
Kahina Benziane dénonçait la situation : « Après les voitures, faut pas oublier que c'est les filles qu'on brûle, qu'on viole et qu'on insulte. Et, ça, personne ne le dit. » À partir du 1er février 2003, des marcheuses et marcheurs parcoururent la France en hommage à Sohane mais aussi pour faire entendre la voix de ces femmes. Ce mouvement avait pour nom « Marche des femmes des quartiers pour l'égalité et contre les ghettos ». Le mouvement Ni putes, ni soumises naît alors.
Une marche partout en France
« Aujourd'hui, nous on se met en avant parce qu'on a reçu toutes énormément de témoignages de jeunes filles qui témoignent de ce qu'elles subissent et qui ne se montreront pas parce qu'elles habitent toujours dans ces quartiers-là », expliquait en 2003, Safia Lebdi, l'une des femmes fondatrices du mouvement. Loubna Méliane ajoutait : « Ce n'est pas que le combat des femmes, c'est aussi le combat d'une société, de ce qui se passe à l'intérieur de ces quartiers. (...) On a parqué et marginalisé toute une partie de la population à l'intérieur de ces quartiers qui vivent une situation difficile »
Le mouvement avait fait le tour de la France et les marcheuses avaient été reçues à l'Élysée, pour demander « à Jean-Pierre Raffarin d'agir au plus vite contre la violence dans les cités ». « Quand une femme est menacée, c'est toute la société qui est menacée », martelait Kahina Benziane.
Après plus de 10 ans de lutte aux côtés des femmes, l'association connaît des difficultés financières et aujourd'hui le mouvement est inactif. En attendant, bien avant #MeToo, qui débuta en 2007 aux États-Unis, le mouvement Ni putes, ni soumises, avait fait des violences faites aux femmes, un sujet politique.