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La nasse, une technique de maintien de l'ordre controversée

La nasse, une technique de maintien de l'ordre controversée

Dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites, la technique de la nasse utilisée par les forces de l'ordre interroge. En octobre 2010, après plusieurs jours de manifestations de grandes ampleurs à Lyon, la place Bellecour était bouclée. Pendant plusieurs heures, les manifestants avaient ainsi été enfermés. Un précédent que les victimes avaient porté en justice.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 24.03.2023

« Le mouvement vient de démarrer de la Comédie et on n'a pas eu le temps d'avancer que déjà on a été nassé de tous les côtés. Et comme là, c'est nassé en bas, en haut, on ne peut rien faire. » En quoi consiste cette technique de la nasse utilisée par les forces de l’ordre lors de manifestation comme celles des Gilets Jaunes en 2019 ? Elle est utilisée par les CRS ou les gendarmes mobiles pour encercler les manifestants afin d’isoler une partie du cortège. Et permet ainsi d’immobiliser, contrôler voir interpeller certains manifestants.

L'une des premières utilisations de cette technique eut lieu à Lyon, le 21 octobre 2010, lors de manifestations contre la reforme des retraites. Mais que s’est-il passé à l’époque ? « 500 à 700 personnes, encerclées sur la place Bellecour par les forces de l'ordre pendant plusieurs heures, empêchées de rejoindre le cortège contre la réforme des retraites et contrôlées au compte-goutte. » Une procédure nécessaire selon Gabriel Versini, ancien avocat de l'ancien directeur de la police du Rhône interrogé en 2018 sur ces événements : « La procédure de kettling qui a été appliquée place Bellecour était une nécessité, il n'y a pas eu ici atteinte illégale à la liberté d'aller et de venir, à la liberté de manifestation, à la liberté d’expression. »

Le Collectif du 21 octobre, composé de partis politiques et de syndicats de gauche, s'était constitué pour dénoncer cette nasse policière d’envergure. « Pour le collectif, il s'agit de récolter le plus de témoignages possibles contre cette opération policière inédite. Le but ? Porter plainte contre X pour violation des libertés », pouvait-on entendre dans les reportages.

Des nasses « indispensables à la sécurité des biens et des personnes »

Une longue procédure judiciaire avait alors débuté, comme l'expliquait les journaux télévisés. « Le collectif demande alors que soit mis en examen le directeur départemental de la sécurité publique et le préfet de l'époque. Lesquels arguent que cette mesure, connue sous le nom de "kettling", la mise dans la bouilloire en anglais, était en l’occurrence parfaitement justifiée. » Gabriel Versini argumentait : « Vous avez oublié le saccage des commerces, les véhicules brûlés dans le centre-ville de Lyon, que pendant deux jours avant le jour fatidique, il y avait une guérilla civile et la ville était à feu et à sang. Ces mesures exceptionnelles étaient indispensables à la sécurité des biens et des personnes et à la sécurité des Lyonnais. »

En 2021, la Cour de cassation confirmait l'abandon des poursuites engagées par le collectif. Le Collectif du 21 octobre a depuis déposé une nouvelle requête devant la Cour européenne des droits de l'homme. Quant aux nasses, elles continuent d’être mise en place lors de manifestations et font même partie du schéma national de maintien de l’ordre du 16 septembre 2020.

Elles ont cependant été jugées illégales par le Conseil d’État en juin 2021. Mais en décembre 2021, un nouveau schéma national de maintien de l'ordre réintroduit la technique de la « nasse ».

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