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La mine de lithium d'Echassières, une «vraie mine d'or à exploiter»

La mine de lithium d'Echassières, une «vraie mine d'or à exploiter»

La première usine française de batteries est inaugurée mardi 30 mai à à Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. Qui dit batterie dit lithium. Actuellement, la France importe ce minerai, mais pourrait rouvrir une mine de lithium dans l'Allier dès 2027.  Une exploitation minière que les dirigeants locaux réclamaient il y a déjà près de cinquante ans, anticipant ses avantages pour la région et pour l'Europe.

Par Florence Dartois - Publié le 24.10.2022 - Mis à jour le 30.05.2023
 

L'ACTU.

La toute première gigafactory de construction de batteries électriques françaises est inaugurée le 30 mai 2023 à Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais. ACC (Automotive Cell Company), une coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes, vise une production de 13 GWh/an d'ici à la fin 2024 et 40 GWh/an d'ici 2030, avec 2000 employés, ce qui permettrait d'équiper 500.000 voitures électriques. Ce qui représente 25% de l'objectif fixé par le gouvernement (2 millions de voitures électriques produites par an d'ici 2030).

Cette initiative, unique pour l'instant en Europe, vise à concurrencer l'offre asiatique, notamment chinoise. Reste la question du lithium, le minerai essentiel à la fabrication des batteries, qui provient pour l'instant de l'étranger, mettant en péril l'autonomie désirée. En octobre 2022, le groupe industriel Imerys, spécialisé en minéraux, avait justement annoncé son projet d'exploitation de lithium sur le site de Beauvoir dans l'Allier. La mise en exploitation minière devrait débuter d'ici à 2027.

Ce site situé sur la commune d'Echassières hébergeait déjà une carrière produisant du kaolin utilisé dans la fabrication de la porcelaine ou du carrelage. L'existence du lithium était déjà connue, mais 18 mois de sondages souterrains ont validé la présence de ce métal rare essentiel à la composition des batteries de voitures électriques. Cette annonce est importante, car jusqu'alors, la Chine était l'une des seules puissances à jouir d'un quasi-monopole sur le lithium, identifié en 2020 par la Commission européenne, comme une ressource « critique ».

https://twitter.com/Imerys/status/1584427583139381249

Le gisement de lithium de la mine d'Echassières était connu depuis les années 1960, et dès la fin des années 1970, les dirigeants locaux réclamaient son exploitation. Certains d'entre eux pressentant son potentiel exceptionnel.

LES ARCHIVES.

L'archive à découvrir en tête d'article est visionnaire. Elle a été diffusée dans le journal régional de FR3 Auvergne en avril 1979. À l'époque, tout le monde semblait déjà réclamer l'ouverture d'une mine de lithium qui était vue comme une manne financière permettant à la région de sortir de son déclin économique. Le reportage débutait par une description plutôt sombre de la région d'Echassières qui souffrait d'un fort taux de chômage et d'un exode massif de sa population. Sur une musique de circonstance, il montrait des rues désertes, les devantures de commerces closes et expliquait que la population était vieillissante. La seule solution envisagée pour en finir avec ce marasme économique était l'exploitation du lithium.

Une exploitation réclamée par les dirigeants locaux, à l'image ce représentant local, dont l'identité n'est pas connue (sans doute le maire d'Echassières), qui allait livrer aux journalistes une analyse visionnaire de l'intérêt du lithium. Se basant sur des études menées dans des laboratoires américains, il lui promettait un avenir « foudroyant ». Notre homme soulignait surtout l'intérêt majeur du métal pour « la voiture électrique ». Son discours décrivait les enjeux actuels, puisqu'il assurait que le lithium entrerait dans la composition de la « pile et la batterie » des véhicules du futur. Il ajoutait que l'usage du lithium s'étendrait à toute une foule d’applications, « petits ordinateurs, pacemakers, montres électriques... ». Il précisait aussi qu'un tel gisement serait capital pour « l'Europe occidentale ». En revanche, ce visionnaire se trompait sur la date du lancement de l'exploitation qu'il estimait à deux ans.

Les communistes pour le lithium

Dans les années 1980, les élus locaux n'eurent de cesse de réclamer l'ouverture d'une mine de lithium, comme dans cette archive étonnante de 1987 dans laquelle André Lajoinie, député communiste de l'Allier, réclamait la création en Auvergne d’une filière aluminium-lithium. Lors d'une manifestation, il clamait que le département possédait à Echassières une « mine d’or à exploiter » et insistait sur les retombées économiques qu’aurait une telle filière. Les manifestants s'étaient ensuite rendus à proximité du site de Péchiney pour poser la première pierre d'une fonderie virtuelle « susceptible de sortir l’alliage aluminium-lithium », une façon toute symbolique de prendre de vitesse la réalité.

Si Imerys tient ses délais, il aura finalement fallu plus de 50 ans pour que le gisement de lithium d'Echassières entre en exploitation.

Visite d'un site rendu à la nature

De la fin du XIXe siècle jusqu'en 1976, le kaolin extrait dans des mines de la carrière de la Bosse, à Echassières dans l'Allier, partait à Limoges pour la production de porcelaine. En 2013, la nature avait repris ses droits, et ce lieu était quasiment inconnu du public.

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