D’abord sociologue des milieux ouvriers, Michel Pinçon était l’un des experts français de la grande bourgeoisie. Il est décédé lundi 26 septembre à l’âge de 80 ans. Avec sa femme et co-autrice Monique Pinçon-Charlot, cet ancien directeur de recherche au CNRS a notamment publié Dans les beaux quartiers en 1989 et Les Ghettos du gotha en 2007. Ils y observent entre autres l'occupation de l'espace par les très riches, dans une perspective sociologique.
Dans cet extrait de 1996, accompagné de Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon analyse la transmission de la richesse et la reproduction sociale avec un prisme hérité du sociologue Pierre Bourdieu : « La richesse est multiforme. (...) La richesse, pour être transmise, a besoin d’autres dimensions que la dimension économique : la dimension culturelle et la dimension de relations sociales. Le rapport à la culture dans les milieux aisés est grandement facilité par les ressources dont on dispose », expliquait-il. Il prenait alors l'exemple de jeunes issus de milieux très aisés qui irait visiter en groupe un musée. Ce qui, selon lui, les amènerait à apprendre à apprécier les œuvres et par la même occasion « à vivre ce rapport à la culture dans leur milieu social. » Michel Pinçon concluait : « et la culture devient une affaire collective ».
Au-delà de ses thèmes de prédilection, le couple Pinçon-Charlot a marqué la recherche de sa méthodologie d'enquête que les deux sociologues détaillèrent dans des ouvrages tels que Voyage en grande bourgeoisie, publié en 1997.
Scientifiques reconnus et engagés à gauche, les Pinçon-Charlot furent néanmoins décriés pour des observations jugées moins rigoureuses après leur retraite en 2007.