L'ACTU.
Lors de la tempête Ciaran qui a touché le nord-ouest de la France le 2 novembre, trois départements (le Finistère, les Côtes-d'Armor et la Manche) avaient été placés en vigilance rouge dès mercredi après-midi. Ce dispositif d'alerte et de communication avec le grand public a sans doute évité un nombre de victimes conséquent. On dénombre toutefois deux décès. Le bilan aurait pu être bien plus dramatique, car cette tempête a été classée comme faisant partie des 40 tempêtes majeures depuis 1980.
L'idée d'un plan Vigilance est née après les deux tempêtes dévastatrices du mois de décembre 1999 qui avait fait 53 victimes. Météo France réfléchit alors à un nouveau dispositif pour trouver un moyen de communication rapide, simple et efficace avec le grand public. Le plan Vigilance Météo France a été mis en place en 2001. L'idée était déjà de le rendre accessible en permanence sur les sites Internet (et aujourd'hui sur les applications mobiles de Météo-France). La Vigilance signale tout phénomène dangereux menaçant un ou plusieurs départements. « La Vigilance vise à attirer l’attention de tous sur les dangers potentiels d’une situation météorologique et à faire connaître les précautions pour se protéger. Elle s'adresse simultanément aux citoyens, aux pouvoirs publics et aux médias », est-il précisé sur le site officiel de Météo-France.
L'ARCHIVE.
L'archive à regarder en tête d’article a été diffusée sur Lorraine Soir le 10 mai 2001 à l'occasion d'une journée porte ouverte à Météo-France. L'occasion de présenter son nouveau système Vigilance d'alerte des tempêtes au grand public. Pour l'occasion, Jean-François Cordet, le préfet de Meurthe-et-Moselle s'était déplacé pour expliquer l'importance de ce dispositif au niveau régional. Il décrivait notamment la simplicité du code couleur utilisé pour indiquer chaque niveau d'alerte.
Comme aujourd'hui, il existait déjà quatre couleurs : le vert (Tout va bien), le jaune (Prudence), « lorsqu'on est en alerte orange, on est en alerte météorologique », précisait le préfet. À partir de ce niveau, expliquait-il, il fallait tenir compte des conseils qui seraient donnés par Vigilance aux citoyens, par exemple, pour se déplacer. La couleur orange marquait la mise en place d'autres pré-alertes, concernant cette fois les différents services de l’État appelés à intervenir en cas d'urgences, comme les services de pompiers, de police ou de secouristes. Car le dispositif Vigilance était avant tout un outil de coordination indispensable qui n'existait pas jusqu'alors.
La couleur rouge était déjà prévue dans le plan Vigilance, mais le commentaire indiquait qu'elle serait en principe « rarissime » et ne concernerait que« des phénomènes d'une extrême dangerosité ». À ce stade, la préfecture ne donnerait plus des conseils, mais des consignes, par l'intermédiaire des élus locaux. Le préfet de Meurthe-et-Moselle précisait que dans sa région qui contenait 575 communes, il était tout à fait important qu'il existe une coordination au niveau régional et départemental avec ceux qui doivent prendre des décisions au niveau local. Cette phase était encore à mettre en place et devait débuter quelques mois plus tard.
Simple et accessible au Public
L'efficacité du plan Vigilance a été rendu possible par l'avènement d'Internet dans les foyers français. À partir d'octobre 2001, Météo France a communiqué deux cartes par jour au public sur son site internet. À l'occasion du lancement de la plateforme Vigilance, le JT Midi Aquitaine de FR3 présentait ce nouveau service accessible à tous. C'était la fin du jargon météorologique trop compliqué pour l'adoption du code couleur simplifié, comme l'expliquait le directeur interrégional du sud-ouest Didier Roquecave qui précisait que le rouge, c'était « danger, danger, danger ! ». Le message était limpide, en effet.
Les images montraient à quoi ressemblait ce site, qui nous parait aujourd'hui bien désuet, pourtant, il était alors unique en Europe. Des pictogrammes simples signalaient le type d'intempérie attendue, « un vent violent ou des pluies très abondantes, par exemple ». La nouveauté était que le site détaillait, pour la première fois, les conseils à observer pour chaque type de risques.
À l'époque, Internet n'étant pas encore développé partout, le journaliste se voulait rassurant, en expliquant que le public ne devait pas s'affoler, car les médias seraient toujours informés en priorité de la proximité d'un risque majeur et relayeraient l'alerte au plus grand nombre.
Météo France : nouvelle carte d'alerte sur internet
2001 - 01:31 - vidéo
S'adapter au réchauffement climatique
Depuis 2001, l'échelle de vigilance a évolué. Au départ, seuls cinq phénomènes étaient pris en charge, le code couleur annonçant aussi les pluies, les vents violents, les orages. Après la canicule meurtrière de 2003, Météo France a intégré les fortes chaleurs au dispositif, puis le grand froid en 2004. En 2007, les inondations ont rejoint le dispositif. En 2011, la vigilance vagues-submersion est arrivée.
Les alertes météo se multiplient en fréquence et en intensité. En 2009, bien que constatant cette amplification des phénomènes météorologiques, les experts étaient encore dans l'incapacité de lier le réchauffement climatique à une augmentation de la fréquence des tempêtes en France métropolitaine.
Les alertes météo : 10 ans après les tempêtes de 1999
2009 - 02:22 - vidéo
Reportage consacré au climat et aux cartes de vigilance météo instaurées depuis les grosses tempêtes qui s'étaient abattues sur l'Europe en 1999. Avec les interviews d’Étienne Kapikian, ingénieur prévisionniste à Météo France et de Michel Gaillot, membre de l'Observatoire national de l'effet du réchauffement climatique (ONERC).
Vers la Vigilance rouge
Les phénomènes météorologiques se sont amplifiés et les alertes vigilance aussi, permettant même d'alerter la population environ 24 heures à l'avance d'un épisode dangereux. En 2001, la vigilance rouge n'était qu'anecdotique, nous l'avons vu dans la première archive, elle devait être réservée aux phénomènes exceptionnels et rarissimes. Aujourd'hui, sur le site de Météo France, il est écrit : « Sous l'effet du changement climatique, les événements extrêmes augmentent en fréquence et en intensité. Selon l'Organisation météorologique mondiale*, le nombre de catastrophes d'origine météorologique, climatique ou hydrologique a été multiplié par 5 entre 1970 et 2019. » Le lien entre réchauffement climatique et intensification des phénomènes météorologiques est clairement notifié et la vigilance rouge devient de plus en plus fréquente.
Dans les années à venir, il va falloir apprendre à vivre avec ce climat turbulent et à s'en préserver. Les vigilances « rouge » devraient encore se multiplier. Le 4 octobre 2021, alors que les Bouches-du-Rhône étaient placées quelques heures en alerte rouge pluie inondations, le 20 h de TF1 consacrait un sujet sur les conditions de déclenchement de l'alerte rouge de Météo France. Une archive à regarder ci-dessous.
Orage, pluie : comment l'alerte rouge est déclenchée
2021 - 02:11 - vidéo