L'ACTU.
Les laboratoires Bayer devraient rendre disponible d'ici à un an un nouveau traitement contre les symptômes de la ménopause. Contrairement aux principaux traitements prescrits jusque-là, celui-ci ne comportera pas d'hormones. Un espoir donc, puisqu'au début des années 2000, plusieurs études avaient montré que la prise de celles-ci dans le traitement de la ménopause accroissait notamment les risques de cancer du sein.
Retour en archives sur 50 ans de prescription et de désaffection des traitements hormonaux substitutifs.
LES ARCHIVES.
« La femme, le plus souvent, se sent beaucoup mieux lorsqu'elle suit un traitement substitutif ». Nous sommes en 1978, le médecin Henri Rozenbaum, spécialiste régulièrement interrogé par la télévision sur les questions hormonales, assurait sur TF1 les bienfaits d'un traitement des symptômes de la ménopause par hormones. Dans cette archive en tête d'article, on décrivait cette étape de la vie comme « difficile » dont les troubles « peuvent et doivent être soignés ».
Le traitement plébiscité, le traitement hormonal substitutif, consistait d'après Henri Rozenbaum, en l'apport « de l'extérieur » des hormones qui cessent d'être produites à partir d'un certain âge. Et favorisait l'effacement des symptômes de la ménopause, « les bouffées de chaleur, la décalcification osseuse, l'altération de la peau et des muqueuses dont la sécheresse peut bloquer les rapports sexuels ».
La prise d'hormones, disait le médecin, inquiétait souvent ses patientes. Or, rassurait-il, « l’administration d'hormones à très fortes doses et d'hormones féminines seules, c'est-à-dire les folliculines ou œstrogènes, pourraient être dangereuses. Mais à l'heure actuelle, nous donnons des traitements qui sont des traitements substitutifs, c'est-à-dire que nous donnons des doses très faibles, très proches des doses physiologiquement secrétées par un ovaire. »
Pas de danger, donc, d'autant que la prise de ce médicament entrainait la prise de rendez-vous qui permettaient, assurait-on, de travailler la médecine préventive et dépister bien en amont les cancers et autres affections. Le traitement hormonal substitutif était ainsi largement prescrit.
Remise en cause du bénéfice/risque
Et pourtant, au début des années 2000, plusieurs études vinrent remettre en question le rapport bénéfice/risque du traitement. Notamment, comme le précise l'Inserm sur son site, « ce traitement a été discrédité en 2002, suite à la publication de l’étude américaine WHI (Women Health Study) qui évoquait son association avec un sur-risque de cancer et de pathologies cardiovasculaires (infarctus, AVC, thrombose veineuse) ». À la télévision, les résultats de cette étude étaient néanmoins nuancés par les médecins, comme on l'entend ci-dessous. D'abord, « je pense que ces traitements sont d’un grand secours pour les femmes qui en ont une ménopause difficile. Dans d'autres circonstances, il faut peut-être réfléchir pour savoir si notamment, on a un risque particulier » sur le cancer du sein. Ou encore : « Les traitements utilisés aux États-Unis sont différents de ceux utilisés en France. Ce ne sont ni les mêmes œstrogènes ni les mêmes progestatifs ».
Point sur les risques des traitements hormonaux pour les femmes ménopausées
2002 - 00:00 - vidéo
Un élément n'était pas remis en cause par les médecins français : au-delà de 10 ans de traitement - ce qui ne représentait qu'une minorité des cas -, les risques de cancer du sein restent particulièrement accrus. Ce que confirme aujourd'hui l'Inserm : « Le rapport bénéfice-risque de ce traitement a été réévalué et il apparaît globalement positif, en l’absence de contre-indications et sous réserve qu’il soit prescrit dans les 10 premières années de la ménopause physiologique (ou globalement avant 60 ans) ».
Il est désormais recommandé, non plus de prescrire systématiquement le traitement hormonal, mais de le faire avec parcimonie. Des doses les plus faibles possibles, dans le cas de symptômes particulièrement handicapants et pendant une période la plus courte possible. Un écrémage qui fut rapidement fait par les patientes : dans l'archive de 2003 ci-dessous, on estimait qu'en un an, 30 % avaient arrêté leur traitement.
Ménopause : traitements hormonaux dangereux
2003 - 00:00 - vidéo
Dangers de l'Agréal
2009 - 00:00 - vidéo
Il n'y a pas que les hormones : en 2007, l'Agréal, un neuroleptique (sans hormones) utilisé contre les bouffées de chaleur était retiré du marché européen après que de nombreuses femmes témoignent de graves symptômes parfois irrémédiables. Dans l'archive ci-dessous, Nicole Lachoux, l'une de ses femmes accusait : « C'est du poison caché ».