La première marche homosexuelle à Paris à être médiatisée s'est déroulée le 4 avril 1981. Si tous les JT en parlent, aucun micro n'est tendu aux homosexuels et seules quelques brèves sont consacrées à cette marche qui a pourtant rassemblé plusieurs milliers de personnes sur le parvis de Beaubourg.
À l’époque, l’homosexualité est classée comme maladie mentale par l’OMS et les relations sexuelles avant 18 ans sont un délit. Les discriminations sont nombreuses et parmi les 5000 participants, nombreux sont ceux à réclamer « un recours légal lorsqu’ils sont victimes de discrimination dans entreprise, dans les logements, l'emploi ou la garde enfants », précisait alors un journaliste.
Quelques semaines plus tard, François Mitterrand, le premier président socialiste, était élu à l’Élysée, gage d'ouverture. En 1982, la marche était mieux relayée dans les médias : « Ils étaient 10 000 homosexuels à manifester pour le droit à la différence et l'abrogation de la loi qui interdit les relations sexuelles avant 18 ans, alors que c'est autorisé pour les hétérosexuels dès 15 ans. » La parole était enfin donnée aux homosexuels qui expliquaient leurs motifs de griefs : « on ne peut pas travailler dans certains domaines, dans certains instituts, dans certains ministères, on est obligé de faire des manifestations ».
Désir d'égalité
Il faudra attendre encore quelques mois pour que les lois discriminantes envers les homosexuels soient abolies, et 1983, pour que l’État ne considère plus l’homosexualité comme une maladie mentale. Mais ce n’est pas pour autant que la « Gay pride » s’arrête. À chaque défilé, une nouvelle revendication.
Dans les années 90, la distribution des préservatifs pour lutter contre la propagation du sida. À la fin des années 90, le droit à la différence se mue en droit à l’indifférence et au droit à avoir les mêmes droits : « J'espère bien qu’en automne, le Pacs va passer, pas seulement pour faire la fête, on est aussi là pour ce droit de pouvoir être ensemble. On paie nos impôts, pourquoi ne pas avoir les mêmes droits que les autres ? »
En 1999, le PACS était adopté, mais d’autres revendications émergeaient : le mariage ou l'adoption. Et quand, en 2013, le mariage pour tous était adopté, les militants luttèrent pour la légalisation de la PMA en France et la reconnaissance de la filiation, pour le second parent, dès la naissance d'un enfant. La PMA pour les femmes lesbiennes a été autorisée en 2021.