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16 septembre 2022 : la révolte des Iraniennes après la mort de Mahsa Amini 

16 septembre 2022 : la révolte des Iraniennes après la mort de Mahsa Amini 

Samedi 2 novembre, une étudiante iranienne a été arrêtée à l'université Azad de Téhéran. Après avoir été interpellée pour un voile mal porté, elle a marché en sous-vêtement devant son université en signe de protestation. La scène, partagée sur les réseaux sociaux, est devenue virale. Une image de résistance qui donne un nouvel élan au mouvement «Femme, Vie, Liberté», deux ans après le décès de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs iranienne pour «port de vêtements inappropriés».

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 04.11.2024
 

L'ACTU.

Samedi 2 novembre, une jeune femme a été arrêtée à l'université Azad de Téhéran, en Iran, puis aurait été internée dans un hôpital psychiatrique. Identifiée comme étant Ahoo Daryaei, une étudiante en littérature française de 30 ans, elle aurait été, selon Libération, « harcelée par des agents de sécurité au sujet du port de son foulard » et ses vêtements « déchirés lors de la confrontation ». Elle les avait alors retirés et s'était assise sur un muret des abords de l'université, puis avait marché en sous-vêtements sur le campus.

Filmée, la scène est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux. Amnesty International a appelé à la libération immédiate de l'étudiante. Deux ans après la mort de Mahsa Amini, ce geste de révolte contre le port du voile obligatoire et la répression subie par les Iraniennes prolonge le mouvement «Femme, vie, liberté»

LES ARCHIVES.

« Mahsa Amini, 22 ans : cette jeune Iranienne est en train de devenir un symbole. » En septembre 2022, l'Iran s'embrasait. Le 13, une jeune Kurde iranienne, en visite à Téhéran, était violemment arrêtée par la « police des mœurs » pour avoir mal porté son voile, obligatoire dans le pays. Trois jours après son arrestation, Mahsa Amini mourait en garde à vue à l'hôpital. Cette mort assimilée à un assassinat déclenchait la révolte des Iraniennes et des manifestations d'ampleur inédite pour protester contre la répression imposée par la République islamique d'Iran. Un mouvement au slogan clair : « Femme, Vie, Liberté ».

Le 20 septembre 2022, France 2 rapportait l'information dans son journal télévisé après que « trois personnes sont mortes en Iran lors de manifestations ». Les conditions exactes de l'arrestation de la jeune Iranienne demeuraient obscures. D'une part, les autorités niaient « toute violence à l'égard de Mahsa Amini ». D'autre part, connaissant les pratiques de désinformation de leur régime et « persuadées que Mahsa Amini est morte suite à des violences policières et en signe de solidarité, des dizaines de femmes iraniennes ont décidé de se couper les cheveux sur les réseaux sociaux, d'autres de s'afficher sans voile dans les rues de Téhéran ».

Le mouvement avait débuté à Saqqez, ville natale de Mahsa Amini, lors de ses funérailles. Là-bas, rapportait France 2, « on voit des femmes brandir leur voile en signe de protestation et à la nuit tombée, dans la même ville, des manifestants font tomber le drapeau de la République islamique ». Jusqu'à gagner la capitale, Téhéran, en emportant le slogan de résistance d'origine kurde «Femme, vie et liberté». Sur France 2, le chercheur Thierry Coville affirmait : « C'est une demande de modernité par le bas et qui concerne tout l'Iran et pas simplement les bobos des grandes villes comme on entend parfois ».

La peine de mort pour les manifestants

« La contestation ne faiblit pas, mais la répression non plus ». Trois mois de révolte plus tard, onze personnes avaient alors été condamnées à la peine de mort pour avoir manifesté. France 2, comme on le voit dans l'archive ci-dessous, s'était rendue en caméra discrète à Téhéran. « Quelque chose a changé définitivement en République islamique d'Iran, décrivait le commentaire de la journaliste. Devant le bazar, de jeunes femmes, cheveux au vent, sûres d'elles, déambulent entre amis comme dans n'importe quelle capitale. Une première victoire, impensable il y a encore quatre mois. Autour d'elles, des Iraniennes qui ont gardé le voile et des hommes qui ne relèvent même plus ce geste de défiance passible de prison. »

Au coeur de la révolte iranienne
2022 - 04:07 - vidéo

Ces gestes de désobéissance prolongeaient un mouvement social meurtrier qui avait fait près de 500 morts, « selon les estimations d'ONG indépendantes ». 34 journalistes avaient également été arrêtés depuis le mois de septembre et deux manifestants pendus. À la sortie d'une université, France 2 dévoilait les photographies des étudiantes mortes lors de manifestations.

Lors des grèves, « les commerçants baissent leurs rideaux par solidarité ». Nasreen, une Iranienne qui participait au mouvement avait de l'espoir : « Je ne crois pas que ça soit déjà arrivé ailleurs. Qu'un peuple se soutienne via les réseaux sociaux comme ça, et publie tout ce qui peut servir la révolte ».

Un an après le début des révoltes, Amnesty faisait le bilan d'un an de répression et affirmait dans une publication datée du 15 septembre 2023 : « Les pouvoirs publics iraniens ont réagi en utilisant une force illégale ». Et d'énumérer : « tirs à balles réelles, tirs de projectiles en métal et de gaz lacrymogènes sur les foules pour disperser des manifestations largement pacifiques ».

En septembre 2024, l'ONG estimait que les autorités iraniennes « mènent "une guerre contre les femmes et les filles", répriment de plus en plus violemment celles qui défient les lois draconiennes sur le port obligatoire du voile et prononcent un nombre croissant de condamnations à mort pour faire taire la dissidence ».

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