L'ACTU.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a provoqué un tollé en remettant en cause l'action de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), mercredi 5 avril lors d'une audition au Sénat. En lien notamment avec les observations de l'association lors d'une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), Gérald Darmanin a affirmé ne pas connaître « la subvention donnée par l’État » à la LDH et estimé qu'elle méritait « d'être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées ». L'association dénonçait notamment une entrave aux secours lors du rassemblement de Sainte-Soline, alors que plusieurs manifestants avaient été blessés.
Interrogé sur les propos du ministre de l’Intérieur par France Info, le président de la LDH Patrick Baudouin s'est alarmé : « C'est inédit et consternant de la part du ministre d'un pays qui est encore qualifié de démocratie. La Ligue des droits de l'Homme existe depuis 125 ans. Elle n'a qu'une seule boussole, c'est la défense des droits et libertés de tous et toutes. » Et de poursuivre : « Jamais elle n'a été remise en cause de cette manière, sauf pendant une période noire de notre histoire qui est la période de Vichy où là, nous ne pouvions avoir ni subvention ni possibilité d'action. »
Gérald Darmanin avait déjà montré son hostilité aux activités de la LDH en 2014, quand il était maire de Tourcoing. Il avait suspendu la subvention que la ville donnait à l'antenne locale.
L'ARCHIVE.
« Depuis sa création et son premier combat au début de ce siècle, lors de l'affaire Dreyfus, on peut dire que la Ligue française des droits de l'Homme a toujours le cœur à gauche. » Le gouvernement français n'a pas toujours été fermé aux activités de la LDH, fondée en 1898. Exemple en 1982, où Pierre Mauroy, alors Premier ministre, était invité au 62è congrès de l'association. François Mitterrand, que la LDH avait soutenu rappelait l'archive en tête d'article, avait été élu président quelques mois plus tôt.
« L'abolition de la peine de mort, la suppression de la Cour de sûreté de l'État, l'abrogation de la loi anti-casseur par le gouvernement de la gauche sont considérés par [la Ligue des droits de l'Homme] comme autant de victoires », annonçait le journaliste. La « vice-présidente de la Ligue, rappelle au Premier ministre, qui assiste a ses travaux, les autres objectifs : la réforme du code pénal (...), l'abrogation de la loi Sécurité et liberté ».
Alors que le congrès était consacré aux dangers de l'extrême-droite contre la démocratie, Pierre Mauroy portait un message clair : « Il est bon que votre congrès soit en partie consacré aux menées extrémistes qui visent ici des sièges de partis politiques, là des librairies (....). À ceux qui veulent faire renaître la violence, je le dis solennellement, prenez garde. La balle n'est pas dans le camp du gouvernement. » En lien avec les demandes de l'association, le Premier ministre annonçait également les réformes à venir. Citant le porte-parole du PS de l'époque, Bertrand Delanoé, le journaliste concluait : « Les orientations générales de la Ligue française se coulent dans la ligne de la politique française d'aujourd'hui. Le Premier ministre en porte le témoignage. »