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Les premières heures de la catastrophe minière de Liévin de 1974

Les premières heures de la catastrophe minière de Liévin de 1974

Mercredi 2 février, Emmanuel Macron s'est rendu à Liévin où il a commémoré la mémoire des 42 mineurs décédés dans l'explosion de la fosse de Saint-Amé le 27 décembre 1974 . Juste après le drame, la télévision locale se rendait sur place pour recueillir les premiers témoignages et rendre compte de l'émotion des mineurs.

Par Florence Dartois - Publié le 01.02.2022 - Mis à jour le 02.02.2022
 

Emmanuel Macron s'est rendu dans les Hauts-de-France mercredi 2 février, d’abord dans le Pas-de-Calais, avant de se rendre à Tourcoing dans le département du Nord, pour défendre le pacte migratoire européen et la réforme de l'espace Schengen. Le chef de l'Etat s'est aussi rendu à Liévin, où il a commémoré la mémoire des 42 mineurs décédés le 27 décembre 1974 à la fosse de Saint-Amé. Nous vous proposons de revenir en archives sur cette catastrophe minière qui fut l’une des plus graves de la région, après celle de Courrières en 1906.

Le 27 décembre 1974, à 06h17 du matin, la ville de Liévin est réveillée par une explosion. Le drame vient de se dérouler dans la fosse n°3, appelée fosse Saint-Amé, alors qu’une équipe d’une quarantaine de mineurs organisaient les travaux préparatoires de l’exploitation de la mine.

Les équipes de la télévision régionale arrivent sur place quelques heures après l'accident et filment les premières équipes de sauvetage. L'archive que nous vous proposons en tête d’article est un reportage tourné sur place au milieu des familles de mineurs et des sauveteurs. Le journaliste interroge des mineurs qui se sont portés volontaires pour les opérations de secours. Les visages sont graves. Le bilan est lourd.

Premiers témoignages

Pour comprendre ce qui s'est passé, l’un des sauveteurs témoigne : « Ce serait un coup de poussière… c’est l’inflammation d’un gaz, les poussières, ça flamme ». Plus tard, un responsable évoque lui aussi cette hypothèse : « On nous a indiqué pour le moment probablement un coup de poussière ». Un autre mineur apporte son témoignage : « On était à côté, on a entendu un bruit, un coup de poussière, et c’est tout (...) On a remonté ce qu’on a pu ». Un autre sauveteur explique que les hommes sont toujours au fond, ajoutant qu’on ne pourra les sortir qu’après « aération » et que c’était encore dangereux, « ça sent la fumée, le gaz ».

La fin du reportage est consacrée à la première conférence de presse du directeur des mines dans laquelle il dresse un bilan pessimiste : « Il faut considérer que l’ensemble du personnel qui travaillait dans le quartier, de l’ordre d’une quarantaine de personnes, je n’ai pas le chiffre exact, est victime de cette catastrophe. » 42 mineurs ne remonteront jamais de la mine. Deux hypothèses sont envisagées, la quasi simultanéité d’un coup de grisou suivi d’un coup de poussière. L’enquête de la direction des mines devait déterminer s’il y avait eu une panne des appareils de mesure, ou un dégagement rapide et inattendu de gaz dangereux.

« Coup de grisou » ?

La vidéo que nous vous proposons ci-dessous est l’interview de l’un des premiers chefs d’équipe à être descendu dans la galerie après l’explosion : « J'ai parcouru les galeries où j'ai trouvé toutes les victimes... », Lui réfute le « coup de grisou » tout en ne niant pas la gravité de l’explosion : « Normalement, il ne peut pas y avoir d'accumulation de grisou. L'explosion n'a pas été violente, mais est étendue, elle a touché 1500 mètres de galeries. »

La sécurité ne semblait pas être remise en cause. Chaque matin avant la descente des équipes, des gaziers mesuraient la teneur en grisou dans la galerie à l’aide d’un « grisoumètre ». Après avoir expliqué son fonctionnement, un gazier expliquait que d’après lui, aucune teneur dangereuse n’avait été détectée le matin du drame.

Inflammation

La découverte de corps gravement brûlés incitaient les spécialistes à confirmer le « coup de poussière », c’est-à-dire que de fines particules de charbon « le poussier », en suspension dans les galeries de la mine, se seraient enflammées très rapidement, en brûlant tout sur leur passage. C’est ce qu’explique la vidéo ci-dessous.

Le lendemain, les caméras filment les visages des premiers mineurs à être redescendus à la mine. Ils donnent leurs impressions. Mais pour les « Gueules noires », il ne semble pas envisageable de remettre en cause les mesures de sécurité, qui selon eux, ont été respectées.

« C'est très touchant… c’est un dur métier pour nous. », « J'en ai rêvé toute la nuit. Hier soir, j’ai fait le sauvetage, je n’ai pensé qu’à ça », « On a tout de suite compris que c’était un coup de grisou », « Ce sont les risques du métier ». (Réactions de mineurs en remontant de la mine le lendemain)

Au cours de l’enquête, les autopsies révéleront qu'un coup de grisou était finalement bien à l'origine du drame. Le 23  janvier 1981, après 7 ans d'enquête, la société des Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais, qui exploitait le site, était reconnue civilement responsable du drame, et condamnée pour «faute inexcusable».

Cette catastrophe a signé la fin de l'exploitation minière à Liévin. La fosse n°3 est devenue un lieu de commémoration.

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