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Les collectionneurs d'armes anciennes, des férus d'histoire militaire

Les collectionneurs d'armes anciennes, des férus d'histoire militaire

Une nouvelle plateforme a été lancée mardi 8 février par le ministère de l'Intérieur pour l'enregistrement des armes à feu. Parmi les possesseurs d'armes à feu, les collectionneurs, qui seront les derniers à devoir s'enregistrer. L'occasion de donner la parole à ces férus d'histoire, pour qui la collection s'apparente plus à une étude du passé qu'à une fascination pour des appareils de mort.

Par Cyrille Beyer - Publié le 10.02.2022
Les armes anciennes - 1984 - 03:31 - vidéo
 

Une nouvelle plateforme a été lancée mardi 8 février par le ministère de l'Intérieur pour l'enregistrement des armes à feu. Près de 5 millions de personnes, essentiellement des chasseurs, vont devoir enregistrer leurs armes à feu dans un nouveau logiciel censé assurer un meilleur contrôle des fusils et pistolets détenus légalement en France. Un enregistrement qui s'adresse d'abord aux chasseurs puis, dans les mois à venir, aux licenciés de biathlon et de ball-trap, aux détenteurs d'armes trouvées ou héritées, aux tireurs sportifs et enfin aux collectionneurs.

Dans les archives de l'INA, de nombreux reportages témoignent de la passion des Français pour la collection d'armes. Dans le document placé en tête d'article, un reportage de France 3 du 27 janvier 1984, un armurier évoque son amour de ces objets. Réfutant le cliché de la « virilité » souvent accolé à cette pratique, il juge au contraire la collection comme étant le fait de curieux « de l'histoire, des racines, du passé » : « L'histoire du monde s'est faite avec les armes », juge t-il, ajoutant avoir « plus appris avec des pièces entre les mains qu'avec des bouquins ».

Spécimen d'exception

Possédant plus de 500 armes anciennes, dont une qui remonte à l'an 1300, Jean-Jacques Buigne apprécie l'étude qui s'accompagne de l'acte de collectionner : « Quand on a un objet, l'intérêt c'est d'essayer de voir quand il a été fabriqué, par qui, comment, et quelle incidence il a eu sur la stratégie, explique t-il à la caméra de France 3. L'objet doit vivre. Sinon, si on ne recherche pas cela, c'est un tas de ferraille, ça ne représente rien. »

Clou de sa collection, le « fusil le plus cher du monde », un spécimen de 1717, « le premier fusil réglementaire français », plus tard utilisé « aux Etats-Unis par La Fayette, puis sous Napoléon ». Seuls huit exemplaires de ce fusil d'exception existaient alors de par le monde, et pour l'avoir, il fallait débourser 80 000 francs. Si tant est qu'on puisse l'acheter, car le principe même de ces objets est d'être précieusement gardé : « L'objet de qualité est vraiment rare. Il est dans une collection. Celui qui l'a ne veut pas s'en dessaisir [...] Sur le marché, il n'y a que du second ou du troisième choix ». Seule une « découverte », « quelque chose trouvé dans un grenier, en abattant un mur, en sondant un puis » permet de rabattre les cartes. « Mais c'est rare, presque tout a déjà été trouvé. »

Cette passion a un prix, qui n'arrête pas de grimper : « Plus on va vers l'avenir, moins il y a d'objets et plus il y a de collectionneurs. Donc les prix grimpent et en 10 ans, il s'est passé quelque chose de fantastique et de pas très bon pour le collectionneur : il y a eu un zéro de plus. Ce qui valait 800 francs il y a 10 ans vaut 8000 francs aujourd'hui... »

Auch, collectionneur d'armes
1971 - 06:15 - vidéo

Preuve s'il en est de cette passion des collectionneurs pour l'histoire militaire, une archive plus ancienne, de 1971, montre un chasseur d'Auch, dans le Gers, entouré de sa formidable collection de 400 armes à feu. Toutes sont anciennes : « Le Luger de 1968 ne m'intéresse pas du tout », précise t-il. Seuls les pistolets et fusils antérieurs au XIXe siècle sont admis dans sa demeure, qui s'apparente en fait à un musée : « Je ne suis avant tout pas un tueur. Je ne considère pas du tout l'arme comme une arme de dissuasion, mais comme une antiquité. » Ce féru d'histoire nous entraîne alors dans une évocation de l'évolution des armes à feu, depuis les premières platines à mèche au XVe siècle, jusqu'aux amorces du XIXe siècle, en passant par les platines à silex inventées au XVIIe siècle. Avec toujours, selon lui, la volonté des armuriers de chercher à « tirer le plus de coups possibles ».

Selon La Dépêche, qui reprend les chiffres du ministère de l'Intérieur, la France compte à ce jour environ 5 millions de détenteurs d'armes, dont 4 millions de chasseurs. En 2018, toujours selon le quotidien toulousain, « des chercheurs indépendants de l'Institut de hautes études internationales et du développement à Genève avaient néanmoins estimé que le nombre d'armes détenues légalement et illégalement en France en 2017 s'élevait à 12,7 millions ».

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