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Le congé paternité en France, la lente évolution des mentalités

Le congé paternité en France, la lente évolution des mentalités

Passé de 11 à 25 jours en juillet 2021, le congé paternité remporte un franc succès. La Ville de Lyon va plus loin en proposant un congé paternité de 10 semaines à ses agents à partir de 2024. Saviez-vous que ce congé ne date que de 2002 en France ? Ce fut un long combat pourtant débuté dès les années 1940.

 

Par Géraldine Cornet-Lavau et la rédaction de l'INA - Publié le 29.06.2021 - Mis à jour le 21.12.2023
 

La vidéo présentée en tête d'article revient sur l'histoire du congé paternité. Tout commence en 1946. C’est alors un congé de naissance de trois jours ! Mais dès les années 1970, il est jugé trop court par certaines femmes qui prônent une meilleure répartition des tâches entre les parents, à l'image d’Évelyne Giuge, du Programme d’égalité des chances IBM France qui déclarait que : « Si on veut que la femme soit l’égale de l’homme dans le travail et sur le plan de la carrière et de la promotion, il faut que l’homme soit l’égal de la femme chez lui, dans son foyer, pour les travaux domestiques, mais également pour l’éducation des enfants et même des jeunes enfants. »

Pour certains papas, un congé plus long permettrait aussi de mieux s’investir dans l'éducation de leurs enfants et ça dès les premiers mois. Des « nouveaux papas », comme ils étaient appelés par les médias, étaient perçus comme des extraterrestres. Écoutez le ton de cette journaliste en 1981 : « C’est peut-être l’émancipation féminine qui entraîne l’évolution des pères, mais est-ce que toutes les femmes vont accepter que les hommes empiètent sur les prérogatives et leur volent un peu de leur enfant ? », interrogeait-elle.

Les années passaient et les hommes n’avaient toujours que les fameux 3 jours à la naissance de leur enfant. Pourtant, les mentalités évoluaient. Ce n’était plus dévirilisant comme certains le pensaient. De plus en plus de jeunes pères dénonçaient cette absence de congés, comme Fabrice en 2001 : « Fabrice va devoir quitter sa fille, 9 jours seulement après sa naissance, motif : le retour au bureau. Déjà le code du travail lui a accordé trois jours… » Mais le nouveau père était dépité : « Je ne vous cache pas que j’ai un petit nœud, car il y a un sentiment de frustration et un sentiment de manque. »

« Il marque la reconnaissance du rôle du père au cours de la petite enfance »

Il faudra attendre les années 2000 et le gouvernement Jospin pour que la France mette en place un congé paternité. 11 jours consécutifs à prendre dans les mois suivant la naissance pris en charge à 100 % par la sécurité sociale. Un moyen d’investir le père, mais aussi de promouvoir une certaine égalité dans le couple. Une revendication des années 1970 que réalisait Lionel Jospin (Premier ministre entre 1997-2002) en juin 2001 : « Il marque la reconnaissance du rôle du père au cours de la petite enfance, instaure une parité parentale, qui est un nouveau progrès dans l’égalité entre les hommes et les femmes, qui vous le savez, est au cœur de la politique gouvernementale. »

Les auteurs de la loi espéraient que 40 % des nouveaux papas aient recours à ce congé. Ce fut en fait 60 % des jeunes pères qui se sont absentés du travail en 2002 pour s’occuper de leur bébé.

En 2019, sept pères sur dix avaient pris leur congé paternité. Et d’après le ministère de la Santé, les pères qui prenaient ce congé étaient dans une famille où les rôles de la femme et de l’homme étaient les moins différenciés. Un congé paternité vecteur d’égalité dans le couple ? C’est pourquoi plusieurs associations et les jeunes Français se battaient jusqu'à présent pour obtenir un rallongement du congé paternité à un mois. Ce fut chose faite, et dès le 1er juillet, les heureux pères pourraient profiter de leur bébé durant 25 jours.

Pour rappel, avec l’allongement du congé paternité, il y a désormais une période obligatoire. La durée du congé de 25 jours calendaires est divisée en deux périodes distinctes, rappelle le site service-public.fr. Il y a une première période obligatoire de quatre jours calendaires, prise immédiatement après la naissance de l’enfant ainsi que le congé de naissance de trois jours. À cela s'ajoute 21 jours calendaires (non obligatoires). Période qui peut être fractionnable en deux périodes d’une durée minimale de cinq jours chacune.

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