En 1918, la première guerre mondiale se termine. Plusieurs industriels français misent alors sur l'essor du secteur aéronautique et notamment des liaisons aéropostales. Parmi eux, un certain Pierre-Georges Latécoère...
La première liaison postale régulière ouvre en 1918 au départ de Toulouse jusqu'à Barcelone. Dès 1919, il imagine une ligne partant de France jusqu'à Casablanca au Maroc. Le transport aérien va alors connaitre un boom phénoménal. En 1919, plus de 9000 lettres sont acheminées. En 1925, ce ne sont pas moins de 5,5 millions de lettres qui voyageront jusqu'au Maroc. La compagnie Générale d'Entreprises Latécoère est alors rebaptisée "Lignes aériennes Latécoère". En 1926, la ligne aérienne est prolongée jusqu'à Dakar au Sénégal. A cette période, les vols s'effectuent par deux, en cas d'atterrissage forcé dans le désert du Sahara...
Deux grands noms de l'aviation française viendront grossir les rangs des lignes aériennes Latécoère : Jean Mermoz en 1924 et Antoine de Saint-Exupery en 1926. Dans un reportage de la RTF en 1962, Didier Daurat, ancien directeur d'exploitation de la société, se souvenait de sa rencontre avec Jean Mermoz, pas forcément bonne : "C'est ainsi qu'en 1926, je vis apparaître un jeune homme athlétique, sympathique mais dont la tenue négligée attestait un certain désordre dans la manière de vivre et de penser. [...] C'était un homme aux cheveux embroussaillés qui n'avait plus un sens exact de sa dignité. Il était désespéré."
Pierre-Georges Latécoère a toujours l'ambition de prolonger la ligne jusqu'à Rio de Janeiro au Brésil et de construire de nouveaux avions. Mais le gouvernement français reste réticent à l'idée de subventionner le courrier postal jusqu'en Amérique du Sud, trop coûteux. C'est ainsi qu'en avril 1927, Latécoère cède 93% de ses parts à Marcel Bouilloux-Lafont, industriel français installé au Brésil. La société change de nom et devient "La Compagnie Générale Aéropostale".
Trois ans plus tard, Jean Mermoz, en compagnie du navigateur Jean Dabry et du radionavigant Léopold Gimié, réalise l'exploit d'acheminer le courrier de Saint-Louis au Sénégal à Natal au Brésil. Leur hydravion Laté 28, baptisé "Comte de La Vaux", décroche le record de durée et de distance en circuit fermé. Après 21 heures de vols et 100 kg de courriers, le contrat est rempli !
Dans ce reportage de la RTF en 1955, Jean Dabry témoignait de la traversée : "Le moment le plus difficile fut la traversée du pot au noir. Nous l'avons abordé de nuit. J'étais à côté de Mermoz. J'attendais la fin de ce mauvais moment. Nous étions suspendu au rythme du moteur qui diminuait à cause de l'eau torrentielle qui s'engouffrait."
"Nous étions à 1000 kilomètres de Dakar. Gimié tendit un message à Mermoz de la part de sa maman sur lequel était écrit : je suis avec toi Jean."
Jean Dabry
En 1929, une crise économique frappe alors le monde. Le krach de la bourse de New-York entraîne dans sa chute l'Aéropostale. Cette dernière est mise en liquidation en 1933 et le gouvernement français refuse d'aider l'entreprise. Plusieurs entreprises aéronautiques fusionnent entre elles dont l'Aéropostale. La compagnie Air France était née.
Jean Mermoz poursuivit l'aventure jusqu'en 1936, date de sa tragique disparition au dessus de l'Atlantique.