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La Lituanie, première des républiques soviétiques à déclarer son indépendance 

La Lituanie, première des républiques soviétiques à déclarer son indépendance 

La situation est tendue entre la Lituanie et la Russie, le pays balte bloquant certaines marchandises d'entrée sur le territoire de Kaliningrad en application des sanctions européennes vis-à-vis de Moscou, qui dénonce un blocus et menace la Lituanie de représailles. L'occasion de revenir sur la déclaration d'indépendance du plus méridional des pays baltes, survenue le 11 mars 1990, près de deux ans avant la dissolution de l'URSS.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 24.06.2022
Lituanie : vote indépendance - 1990 - 02:38 - vidéo
 

«Voici les premières images de la façon dont Vilnius, la capitale de la Lituanie, a vécu ses premières heures d’indépendance. Paradoxalement, ce fut plutôt tranquillement, tant cette liberté nouvelle semblait inscrite depuis des mois dans les cœurs et dans les esprits.» C’est en ces termes que le journaliste Philippe Lefait annonce sur son plateau du journal télévisé de 20h sur Antenne 2, le 12 mars 1990, l’évènement historique qui vient de se produire de l’autre côté de l’Europe. La Lituanie, le plus grand et le plus méridional des pays baltes, peuplé d’environ 3 millions d’habitants, vient de voter son indépendance de l’URSS, presque deux ans avant la dissolution de l’empire soviétique [le 25 décembre 1991, NDLR]. Il s’agit en fait de la première république soviétique à se déclarer indépendante.

Ce moment solennel est raconté ainsi par l’envoyé spécial à Vilnius, Gilles Rabine : « L’un après l’autre, sous les caméras de la télévision qui entament leur 14e heure de direct, les 124 députés qui ont voté l’indépendance de la Lituanie se lèvent pour confirmer publiquement leur vote. 124 voix pour, aucune contre, 6 abstentions seulement, même les communistes qui ont survécu au raz-de-marée lituanien ont voté l’indépendance.»

Ce moment est non seulement historique pour la Lituanie, il l’est aussi pour l’URSS, qui voit ici la première fissure qui finira par ébranler tout l’édifice soviétique, les peuples la composant reprenant au fur et à mesure leur indépendance du joug de Moscou. « Incroyable culot de ces députés de Lituanie, commente ainsi le journaliste Gilles Rabine. Non seulement ils défient Gorbatchev, et le prennent de vitesse, mais en plus ils votent, en une seule journée, une constitution de 107 articles et un dispositif législatif complet sur les minorités ethniques, les droits de l’homme et la propriété privée, même sur le KGB. Tout était prêt d’avance, déjà discuté, amendé, accepté par tous. Au passage, il donne à Gorbatchev une leçon, la démocratie c’est facile, il suffit de rester ferme sur les principes.»

Ce moment de liesse qui est partagé par de nombreux Lituaniens venus applaudir leurs députés à la sortie du Parlement sera néanmoins suivi de jours difficiles. Moscou opère d’abord un blocus économique en représailles, qui ne suffit pas à ébranler la toute jeune République. Mais c’est surtout en janvier 1991 que la situation se dégrade considérablement, avec une tentative de coup d’état par l’armée soviétique. Les chars investissent Vilinus, encerclent le parlement. Un millier de Lituaniens se pressent alors pour défendre le bâtiment. La violence éclate 500 mètres plus loin, lorsque les parachutistes russes appuyés par des chars et des blindés légers tentent de prendre la tour de radiodiffusion de la capitale. 14 morts et plus de cent blessés sont à déplorer parmi les Lituaniens. D’immenses manifestations ont alors lieu dans la capitale, et les troupes russes évacuent la Lituanie le 13 janvier 1991.

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