Le 30 mai 1943, la voix de la résistance française résonne sur les ondes de la BBC. Une radio spécifique est créée à cet effet pour délivrer les messages de la France libre et les paroles du Général de Gaulle. André Gillois, alors directeur de cette antenne d’exilés, cherche un indicatif identifiable pour lancer les émissions. Il confie cette mission à une guitariste d’origine russe réfugiée à Londres, Anna Marly.
La musicienne lui propose plusieurs mélodies. Il en en choisit une au hasard, sans penser qu’elle deviendra l’emblème de la liberté. Anna écrit quelques paroles en russe mais le texte est finalement confié à Maurice Druon et à son oncle Joseph Kessel, fraîchement débarqués de ce côté de la Manche.
Germaine Sablon, première interprète
Les deux hommes s'allient à la chanteuse Germaine Sablon, elle aussi réfugiée dans la capitale britannique. Ensemble, ils s’attellent au challenge. La chanson définitive naît en quelques heures. Le lendemain, elle est enregistrée. Germaine Sablon est arrivée à Londres le 6 février 1943. Son ami le metteur en scène Alberto Cavalcanti lui propose de tourner dans le film Three Songs about Resistance, un film de propagande, comportant trois chants. Le chant des partisans sera l'un d'eux, créé par Germaine Sablon pour le film.
En 1964, Anna Marly revenait sur la création de cette chanson mythique :
Maurice Druon évoque la puissance de ce chant sur les âmes et sur les cœurs :
L’hymne des résistants
Largué par la Royal Air Force sur la France occupée, les paroles sont publiées dans Les cahiers de la Libération du 24 septembre 1943. Le chant de la libération, devient rapidement celui des partisans ainsi qu’un signal de reconnaissance dans les maquis. Il se répand en France, mais aussi partout où des hommes luttent pour leur liberté.
Joseph Kessel revient sur l’importance des hymnes qui soudent les peuples dans l’adversité :
Depuis, Le chant des partisans résonne dans chaque pays où la révolte gronde. En 1947, un chœur de chanteurs tchèques l’entonne avec émotion :
André Malraux le remet à l’honneur lors de la cérémonie d’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon de Paris le 19 décembre 1964. Dans la vidéo ci-dessous, à partir de 23 minutes 40, les célèbres vers prennent le relais du poignant discours du ministre : «Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ? Ohé! Partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme ! Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes…»
De nombreuses versions ont depuis été reprises. Celle d'Yves Montand est l’une des plus célèbres. En 1986, il la chante en Israël :
En 1998, Johnny Hallyday l’interprète à son tour lors de la nuit des hommes libres :
Plus récemment, le groupe Zebda, membre du collectif des Motivés le ressuscite avec malice. Il n’a pas pris une ride.
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