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L'excision, il existe aussi des victimes en France

L'excision, il existe aussi des victimes en France

La Journée internationale contre les mutilations génitales féminines a lieu le 6 février. L'excision infligée aux fillettes dans de nombreuses cultures est aussi dénoncée en France, où près de 60 000 femmes sont également victimes de cette pratique.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 04.02.2022
Excision, des victimes aussi en France - 2019 - 02:30 - vidéo
 

Le 6 février c'est la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines. La lutte contre l’excision en France fait partie des priorités du gouvernement. En juin 2019, Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté, avait même présenté un plan national pour éradiquer les mutilations sexuelles féminines à la veille des départs en vacances, moment critique pour certaines jeunes filles qui retournent dans leurs pays d’origine.

Le montage d'archives en tête d'article revient sur la pratique de cette mutilation dans l'Hexagone. Des excisions réalisées à vif sur le sol français. Au début des années 80, des milliers de cas sont recensés sur le territoire, des fillettes ou des femmes victimes de l’ablation partielle ou totale du clitoris. Un rituel ancestral essentiellement africain perpétué en France par certaines familles.

Dès 1982, Juliette Fouda-Ondoa, militante au sein de la Commission pour l'abolition des mutilations sexuelles, dénonçait cet acte dont la préparation était très bien organisée : « Par exemple, dans un foyer, des travailleurs vont se regrouper. Ils vont payer un billet d’avion commun. Ils vont faire venir cette matrone, ils vont l’installer à Paris. Elle sera logée, nourrie jusqu’à la célébration… et elle repart. »

Un crime passible de prison

A cette époque, si des parents avaient déjà été condamnés pour avoir fait exciser leur fille, aucun texte n'encadrait cette pratique en France. Dans les années 90, la législation évolue et cette mutilation sexuelle est désormais considérée comme un délit passible de 10 ans de prison et de 150 000 euros d’amende. Et si la victime est mineure, elle devient un crime passible de 15 à 20 ans de réclusion criminelle. Une répression que les associations espèrent éviter en sensibilisant les familles. Comme le précisait Coumba Toure de l’Association de femmes contre les mutilations sexuelles : « Ce n’est pas la religion qui l’impose donc je suis sûre que, ne serait-ce qu’avec cette argumentation, on arrivera à une fin de l’excision. »

En 2007, pour éradiquer cette coutume, la top model Katoucha Niane, excisée à l’âge de 9 ans, brisait aussi le silence. L'auteure de Katoucha, dans ma chair, expliquait pourquoi la France comptait encore autant de femmes excisées selon elle : « Malgré qu’on ait mis certaines personnes en prison en France à la suite de cette pratique, on emmène les petites filles durant les grandes vacances, on les met "aux normes" et elles reviennent, et personne n’a rien vu. Et personne ne dit rien, donc ça continue. »

Comme un viol

Pour les mutilées, reste la solution de la chirurgie. Pour se reconstruire, certaines femmes optent pour une chirurgie réparatrice proposée par des hôpitaux spécialisés. En 2009, cette victime avait l'espoir de retrouver une partie de sa féminité : « Je me sens privée de quelque chose. Je suis une femme mais pas entièrement… c’est comme si il y avait eu un inceste ou un viol. On vient, on me coupe une partie de moi, je me sens violée. »

Malgré les lois, les campagnes de sensibilisation, l’horreur de l’excision perdurent encore. Selon le gouvernement, en 2019, près de 60 000 Françaises avaient été excisées. Dans le monde, elles sont entre 100 et 140 millions.

A regarder aussi :

L'intégralité du témoignage de Katoucha Niane dans le journal de 20h00 de France 2, le 9 octobre 2007.

Katoucha Niane dénonce l'excision
2007 - 03:19 - vidéo

« On nous apprend toujours à fermer le jambes et là, on me les a écartées, sans rien m'expliquer. Et puis après... »

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