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L'affaire Erignac-Colonna : des années de rebondissements judiciaires

L'affaire Erignac-Colonna : des années de rebondissements judiciaires

Le 27 mars 2009, après plusieurs rebondissements judiciaires, Yvan Colonna était condamné pour le meurtre du préfet de Corse Claude Erignac, abattu dans une rue d’Ajaccio le 6 février 1998. Retour en images sur cette affaire.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 02.03.2022 - Mis à jour le 22.03.2022
Préfet de Corse assassine - 1998 - 04:18 - vidéo
 

Agé de 61 ans, Yvan Colonna est mort lundi 21 mars trois semaines après avoir été agressé par un détenu de la prison d'Arles où il purgeait sa peine après avoir été condamné à la prison à perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac.

Le 6 février 1998, ce dernier était abattu de trois balles dans la nuque, son corps gisant en plein centre d'Ajaccio, devant le théâtre Kallisté. Un attentat non revendiqué.

Cet article revient en archives sur les temps forts de cette affaire, de l'assassinat à la traque de Colonna, en passant par son arrestation et sa condamnation à perpétuité.

La première archive revient sur l'annonce de l'attentat et la découverte du corps de Claude Erignac. Nommé préfet en 1996, ce haut fonctionnaire avait trouvé en Corse une terre d'accueil. Il déclarait d'ailleurs : « Je veux rester ici longtemps encore ». Ancien préfet des Yvelines et du Gers, il refusait toute protection rapprochée, aussi bien lors de déplacements publics que privés. En arrivant sur l'île, il s'était donné pour mission de faire face au terrorisme. Il était décrit comme un homme ouvert au dialogue, disponible pour tous.

Dans le portrait ci-dessous, on le découvre dans ses fonctions. « La préfecture de région est une maison où l'on peut parler avec franchise », affirmait-il. Et face à la violence, son discours restait ferme, comme lors d'un attentat en 1997 à la gendarmerie de Pietrosella, « un attentat tout à fait inadmissible, tout à fait stupide ». Durant cette attaque, deux armes avaient été volées. L'une d'entre elles servira à assassiner le préfet.

L'attentat contre le préfet, qualifié de « barbare » par le président Jacques Chirac, est montré d'emblée comme exceptionnellement grave. Pourtant, l'enquête va piétiner plus d'un an, jusqu'à ce coup de filet du 21 mai 1999 : la division nationale antiterroriste démantèle un commando de six personnes. Elles sont soupçonnées d'avoir organisé et participé à l'assassinat du préfet. Et chargent une septième personne d'être l'auteur des coups de feu mortels : Yvan Colonna.

COMMANDO / ASSASSINAT ERIGNAC
1999 - 02:03 - vidéo

Insaisissable, le berger et militant nationaliste défie la justice. Face aux caméras de TF1, il déclarera : « On m'accuse de faits. Moi, je ne dis qu'une chose : prouvez-le. » Il dénonce une manipulation. Le suspect n°1 disparaît et devient l'homme le plus recherché de France. Dans sa dernière interview le 22 mai 1999 avant de disparaître, il déclare : « Il faut des coupables, des coupables à tout prix, et bien on trouve des gens qui ont le profil. Peut être qu'on a le profil des gens qui sont responsables de cette action, mais on n'y est pour rien ».

Au bout de quatre ans de cavale, il est finalement arrêté dans une bergerie près d'Omerta. Près de lui : deux cagoules, un chargeur et une grenade. Une arrestation qui a lieu en même temps que le procès des six assassins présumés. Il est immédiatement transféré à la prison de la Santé à Paris pour être mis en examen le 5 juillet 2003, comme on le voit dans l'archive suivante.

Le 11 juillet 2003, le verdict du premier procès Erignac tombe en fin d'après-midi, provoquant aussitôt une vague d'émotion et de colère dans la salle de la Cour d'assises. Alors que l'hymne corse était entonné, les accusés levaient le poing dans le box des accusés. Une image qui résumait le sentiment des huit nationalistes comparaissant devant les magistrats. Le verdict allait de la perpétuité à 15 ans de prison.

Mais Yvan Colonna n'allait être jugé que bien plus tard, huit ans après les faits. Renvoyé devant la Cour d'assises spéciale de Paris, il clamait toujours son innocence, sa défense dénonçant une instruction à charge. La veuve du préfet décrivant son impression de ne pas voir l'affaire avancer. Des réactions à découvrir ci-dessous.

Le 27 mars 2007, Yvan Colonna est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité alors même que ses anciens accusateurs l'ont disculpé à la barre. Ses avocats réclamant un renvoi en appel, le 27 mars 2009, lors de son second procès, il était une nouvelle fois condamné à perpétuité.

L’épisode judiciaire de l’affaire Erignac allait prendre une nouvelle tournure en 2010. Dans un coup d'éclat retentissant, la Cour de cassation annulait le jugement de la Cour d’assises d’appel de Paris pour vice de procédure. Les charges portant sur l’implication de Colonna dans une entreprise terroriste étaient abandonnées. Le berger de Cargèse sera uniquement condamné à 1 an de prison pour détention d’arme de première catégorie.

Nouvel appel. Nouveau procès. Après des mois de procédures, et malgré l'entrée du ténor du barreau Eric Dupont-Moretti dans l'équipe de ses défenseurs, le 20 juin 2012, Yvan Colonna allait être condamné pour la 3e fois à perpétuité.

Fin janvier 2022, des députés nationalistes corses ont alerté sur les conditions de détention d’Yvan Colonna. Affirmant qu’il subissait «un traitement dégradant du point de vue du droit», ils avaient demandé son transfèrement sur l’île de beauté en vue de le rapprocher de sa famille.

Il est mort dans un hôpital de Marseille.

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