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1967 : Kathrine Switzer, la première marathonienne à braver l'interdit

1967 : Kathrine Switzer, la première marathonienne à braver l'interdit

Dimanche 11 août, pour la première fois dans l'histoire des JO, c'est le marathon féminin qui concluait la quinzaine olympique de Paris 2024. L'occasion de revenir sur l'histoire de la première femme à avoir couru un marathon malgré l'interdiction des fédérations. Elle est américaine et en 1967, à tout juste 20 ans, elle devenait un symbole de l’émancipation des femmes.

Par Florence Dartois - Publié le 09.08.2024 - Mis à jour le 14.08.2024
La première marathonienne - 2019 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

Le marathon est une des épreuves reines des Jeux olympiques. Depuis toujours, c'était le marathon masculin qui mettait un point final aux Jeux, le dernier jour de compétition. Pour l'édition de 2024 à Paris, le comité olympique a décidé de conclure cette quinzaine avec le marathon féminin pour valoriser les performances des athlètes féminines, avec remise des médailles lors de la cérémonie de clôture. La course s'est déroulée le dimanche 11 août 2024.

Il y a quelques décennies encore, les femmes n'avaient pas le droit de courir les 42 km de cette course phare. Une femme s'est insurgée contre ce règlement arbitraire. C'était en 1967 à Boston. Le 26 octobre 2019, dans « 20 h 30 le samedi », cette Américaine entrée dans la légende du sport racontait ce tournant historique.

L'ARCHIVE.

Cette marathonienne s'appelle Kathrine Switzer. En 1967, à 20 ans, elle dissimule son identité pour s’inscrire au marathon de Boston. Jamais aucune femme n'avait jusqu'alors pu participer à un marathon. En 2019, à plus de 60 ans, elle courait toujours. De passage au marathon de Dunkerque, elle acceptait de raconter son histoire. Un récit illustré de photos et d'images d'époque.

« Je me retourne, juste au moment où il m'attrape et il a le visage le plus féroce que j'ai jamais vu. Il me crie "dégage de ma course" » ! C'est par ces mots glaçants que débute son récit. Si la prouesse de Kathrine Switzer a marqué les esprits, c'est en partie à cause de la réaction des organisateurs. Pour l'empêcher de courir, un officiel n'avait pas hésité pas à la poursuivre, la saisissant violemment pour la stopper et lui arracher son dossard. Un dossard 261 qu'elle possède toujours.

Kathrine Switzer raconte comment elle a commencé à courir avec l'équipe masculine de son université, sans en avoir l'autorisation légalement, mais en participant à leurs entraînements. Lorsque le marathon de Boston approche, l'étudiante décide d'y participer, malgré l'interdiction. Elle se souvient de ce moment clé : « Moi aussi, je veux participer au marathon de Boston. Et là, il me répond (son entraîneur) : "Tu ne peux pas." Il me dit : "Les femmes sont trop faibles et trop fragiles." J'ai répondu "mais je cours déjà 20 km avec toi !" Il me dit "bon, tu peux essayer, mais tu dois me le prouver". »

Les semaines qui suivent, l'étudiante s’entraîne dur et parvient rapidement à aligner les 42 km requis. Lorsqu'elle est prête, son coach accepte de l'inscrire officiellement. Pour cela, il va falloir ruser. La jeune femme trouve une parade et n'inscrit que l'initiale de son prénom, accolé à son nom de famille. Jouant sur l'ambiguité, K. Switzer entre en lice. « Et ils m'ont donné un numéro de dossard. » Le fameux 261 qu'elle montre fièrement à la caméra.

Un cliché pour l'histoire

Le jour du marathon, la météo est exécrable, Kathrine met un sweat informe et se perd dans la masse. Elle court au milieu des garçons. C'est le bonheur. Au bout de quelques kilomètres, des journalistes la repèrent. C'en est fini de son relatif anonymat. Lorsque le bus des officiels arrive à son niveau tout bascule. Elle raconte : « Et là, le directeur de la course saute du bus. J'entends ses semelles de cuir derrière moi et j'accélère. » Un photographe a également sauté du bus. Il immortalise la scène.

Le directeur de la course gifle le coach qui tentait de s'interposer. Il agrippe la jeune femme par le sweat et essaye d'arracher son dossard. C'est finalement son petit ami, également en lice, qui va la dégager. « Juste après l'attaque, je comprends qu'il faut que je termine cette course, sinon on va dire que les femmes ne peuvent pas le faire. » Ce marathon, elle le termine avec brio en 4 h 20, mais elle sera radiée de la fédération américaine d'athlétisme.

Un symbole d'émancipation

Trop tard, la marathonienne rebelle devient un symbole de l’émancipation des femmes et ne cessera plus jamais de courir, mais plus seule. « J'ai gagné le marathon de New York, précise-t-elle fièrement. J'ai mené le combat pour que les femmes soient acceptées dans le marathon et j'ai ouvert les portes des Jeux olympiques en organisant des courses partout autour du monde pour donner aux femmes la chance de pouvoir courir. »

Une chance dont bénéficient les marathoniennes des JO de Paris 2024, qui auront en prime Paris comme écrin à leur effort.

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