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Jean Teulé, le trublion cathodique qui n'aimait pas vraiment la télé

Jean Teulé, le trublion cathodique qui n'aimait pas vraiment la télé

Jean Teulé est mort le 19 octobre à l'âge de 69 ans. Auteur de BD et de romans à succès, il fit également les belles heures de la télévision, maniant l'impertinence et l'ironie dans ses reportages ou sur les plateaux. En 2016, il revenait avec Catherine Ceylac sur cette époque de sa vie et décrivait son rapport à la télévision.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 20.10.2022
 

L'ACTU.

L’écrivain Jean Teulé est mort le 19 octobre à l’âge de 69 ans. Écrivain à succès, il avait débuté sa carrière comme auteur de BD dans les années 1980. Il s’était vu remettre un prix en 1990 au festival d’Angoulême pour sa contribution exceptionnelle au renouvellement du genre. Ce prix l’avait tétanisé. Le lendemain de la remise, il avait cessé de dessiner. À la fin des années 1980, Jean Teulé entrait à la télé grâce au journaliste et producteur Bernard Rapp qui présentait alors le magazine culturel « L'assiette anglaise », sur A2. Engagé comme chroniqueur, l'irrévérencieux Jean Teulé allait proposer toute une série de reportages aussi réjouissants que décapants. Il avait ensuite rejoint l'équipe de « Nulle part ailleurs » sur Canal +. C'est également au début des années 1990, que Jean Teulé s'est lancé dans l’écriture avec Rainbow pour Rimbaud, paru chez Julliard en 1991. Suivront de nombreux ouvrages comme Le Montespan en 2008. Ou encore Bloody Mary, Je, François Villon, Magasin des Suicides, Fleur de tonnerre, avec lesquels il allait continuer à cultiver son talent de conteur pour mettre en lumière, cette fois, la petite et la grande Histoire.

LES ARCHIVES.

Les archives que nous vous proposons de découvrir reviennent sur sa période télé. Il s’agit d'extraits de l’émission « Thé ou café » de Catherine Ceylac, diffusée le 9 octobre 2016. Dans la première archive présentée en tête d’article, Jean Teulé expliquait pourquoi il avait déclaré avoir «  honte de faire de la télé ». Il confiait que cette déclaration, il l’avait faite à l’époque de l’émission « Nulle part ailleurs ». Il ne se sentait pas à l’aise d’être autour de la table et avouait que « très vaniteusement », il aurait aimé être à la place des invités. Mais il gardait au contraire un excellent souvenir de son passage à « L’Assiette anglaise » de Bernard Rapp, son mentor médiatique. Celui qui lui avait fait confiance : « Cela a été un régal (...) Bernard Rapp, quelle merveille de mec ! », déclarait-il ému à Catherine Ceylac. Il se souvenait que le présentateur l’avait défendu, alors que le PDG de l’époque voulait se débarrasser du « grand blond à bouclettes ». Bernard Rapp avait refusé de le licencier, menaçant d’arrêter l’émission. Protégé à son insu, il avait continué ses « conneries » à l'antenne. Au moment de cette interview, il confiait ne presque plus regarder télévision, à part les téléfilms de sa compagne Miou-Miou.

Son grain de folie

Le portrait que nous vous proposons de découvrir ci-dessous, également diffusé dans « Thé ou café », dévoilait son grain de folie et sa joyeuse impertinence. Un goût de la dérision, Un ton décalé que Jean Teulé cultivait toujours dans la quinzaine d’ouvrages et de romans qu’il avait écrits à l’époque. Des livres aussi déroutants qu’érudits, adaptés au cinéma, au théâtre et même en BD. À l’issue du sujet, il évoquait cette « folie » qu’il avait mise en scène dans l’émission « L’Assiette anglaise », à travers des sujets farfelus, mais aussi touchants. Lui déclarait se sentir plutôt « libre que fou », mais reconnaissait volontiers attirer la folie des autres. Ce don d’attirer les fous lui avait d'ailleurs beaucoup servi pour « L'Assiette anglaise » : « au bout d’un moment, je me suis aperçu que je n’avais pas besoin de préparer. Je choisissais une ville, j’arrivais et des fois, dans la gare, il y avait un taré. Il était pour moi ! », concluait-il.

Jean Teulé: son grain de folie
2016 - 02:30 - vidéo

Jean Teulé et les royalistes

Nous vous proposons ci-dessous de découvrir l’une de ses fameuses chroniques, diffusée le 23 janvier 1988 dans « L’Assiette anglaise ». Jean Teulé s’était rendu à une réunion de royalistes devant la basilique Saint-Denis. Ils commémoraient le souvenir de la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793. Pour l’occasion, une messe anniversaire s’était tenue dans la basilique. Comme à son habitude, le ton du chroniqueur se voulait ironique, marquant dès le début de son reportage l’opposition entre le monde des gens normaux, au travail, et celui des nobles présents à la messe. Après avoir filmé quelques images de l’office, le malicieux Jean Teulé interrogeait quelques royalistes sur la raison de leur présence ce matin-là. L’un d’eux, aux allures de hard-rockeur, déclarait qu’il était là par espoir, arborant ostensiblement un tatouage « Vive le Roy ». Son reportage se poursuivait en fin de journée par la dépose d’une gerbe de fleurs sur le lieu de l’exécution du roi. Alors qu’un royaliste lui déclarait « le combat continue vive le roi », Jean Teulé, lui, terminait son sujet sur ces Français qui rentraient du travail et pour qui la vie continuait.

Commémoration de la mort de Louis XVI
1988 - 02:15 - vidéo

L'auteur qui ne lisait pas de roman

Dans cet autre extrait de « Thé ou café » de 2016, Jean Teulé expliquait à Catherine Ceylac pourquoi il ne lisait pas de roman, se délectait de Shakespeare, mais adorait en revanche lire pour apprendre. Il lui confiait adorer observer les gens et se faire son propre cinéma « dans la rue ».

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