L'ACTU.
« Je n’irai pas en tant que catholique », s'était justifié le président de la République Emmanuel Macron après avoir annoncé sa présence à la messe du pape François prévue à Marseille le 23 septembre. Se défendant de toute entorse à la laïcité comme certaines voix de l'opposition l'ont évoqué, le Président avait expliqué rencontrer un homologue. Le chef de l'Église catholique est en effet également chef d'État du Vatican.
Emmanuel Macron n'a pas participé à l'eucharistie et l'Élysée a argumenté que si « la République ne subventionne aucun culte », « cela n’exclut pas que la sphère publique ait des relations avec les religions ».
L'ARCHIVE.
« C'est le chef de l'État français qui accueille ici le chef de l'État du Vatican ». Le 30 mai 1980, le président Valéry Giscard d'Estaing accueillait avec faste, à Paris, le chef de l'Église catholique, le pape Jean-Paul II. Dans le résumé de cette journée par Antenne 2 disponible en tête d'article, on pouvait voir les deux hommes se rendre conjointement en voiture décapotable sur la place de la Concorde, « noire de foule ». Chacun leur tour, ils donnaient ensuite un discours solennel.
Valéry Giscard d'Estaing rendait un hommage appuyé au chef de l'Église catholique, nommé deux ans auparavant : « Je souhaite très saint père que vous gardiez, vous aussi, le souvenir de l'accueil de la France et qu'il vous apporte un encouragement et un soutien dans la quête émouvante que vous conduisez, seul en vous-même et à la tête de l'Église universelle pour un monde plus juste, plus pacifique et plus doux pour la souffrance des hommes. Vive Jean-Paul II ! »
Le pape entamait à son tour un long discours, témoignant de sa vive gratitude à l'égard des honneurs qui lui étaient faits. « Comment ne pas être touché de l'accueil que vous me réservez ici dans votre capitale. Beaucoup d'entre vous m'ont écrit avant cette visite et vous êtes très nombreux ce soir à me souhaiter la bienvenue », l'entendait-on dans l'extrait ci-dessous.
Journée spéciale pape, extrait n°1/3
1980 - 05:06 - vidéo
Il poursuivait dans un français parfait, avec les objectifs de son voyage en France : « Un voyage pastoral avant tout pour visiter et encourager les catholiques de France. Un voyage qui veut également traduire mon estime et mon amitié pour l'ensemble de la population et je pense ici en particulier aux membres des autres confessions chrétiennes, de la communauté judaïque et de la religion islamique. » À l'occasion de la visite papale et de l'organisation d'une messe à Notre-Dame, TF1 avait proposé à ses téléspectateurs un direct. Les journalistes chargés de commenter cette édition spéciale résumaient les mots de Jean-Paul II à l'affirmation suivante : « Je viens ici livrer un message de paix, de confiance, d'amour et de foi ». Des éléments classiques du discours chrétien.
Le Pape en Citroën SM présidentielle
De la place de la Concorde, le Pape se fit conduire à Notre-Dame à bord de la voiture présidentielle (une Citroën SM décapotable), cette fois-ci sans le président français qui passait par les quais de Seine.
Journée spéciale pape, extrait n°2/3
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Enfin, le pape arrivait, notes d'orgues en fond, sur le parvis de Notre-Dame. Il avait été précédé, quelques instants plus tôt, par Valéry Giscard d'Estaing. À l'intérieur de l'église, dans la nef, de nombreuses personnalités étaient rassemblées. « Vous verrez beaucoup d'hommes politiques, vous verrez le gouvernement, de nombreux représentants de partis politiques, Monsieur Gremetz du Parti communiste est là, vous verrez aussi des représentants de syndicats, tout à l'heure, j'ai vu monsieur Chéreque de la CFTD », notait le commentateur, attentif, avant de décrire l'assemblée de prélats présents.
Journée spéciale pape, extrait n°3/3
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La cathédrale entière se levait à l'entrée de Jean-Paul II et applaudissait « avec beaucoup de chaleur », selon l'analyse des journalistes de TF1, qui poursuivaient, notant une « cassure extraordinaire du protocole ». Au premier rang, « vous avez aperçu monsieur Chaban-Delmas, monsieur Poher, le gouvernement, madame Barre, l'épouse du Premier Ministre et aussi madame Claude Pompidou. » À l'écoute de l'office, Valéry Giscard d'Estaing, comme on le voit dans l'extrait ci-dessous. C'était l'autre fois où un président de la République assista à une messe papale.
Néanmoins précisons qu tous les présidents français depuis René Coty, sauf Georges Pompidou, furent reçus au Vatican par le Pape et nombre d'entre eux assistèrent à diverses cérémonies religieuses dans le cadre de leurs fonctions.
Valéry Giscard d'Estaing assiste à la messe de Jean-Paul II à Paris
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Séparation de l'Eglise et de l'Etat
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« Certains ont pu s'étonner qu'un pays officiellement laïque depuis le début du siècle reçoive en grande pompe le chef de l'Église catholique ». Le sujet ci-dessous montre qu'à l'époque de la messe de Jean-Paul II à Notre-Dame, l'opinion publique s'interrogeait déjà sur la place d'un président de la république à un tel événement. Le sujet proposait en réponse un retour sur l'histoire du rapport entre les chefs d'État français et l'Église catholique.