L'ACTU.
La secrétaire d'État chargée de l’Économie sociale et solidaire Marlène Schiappa, pose en une du magazine Playboy dans son édition du 8 avril. Ces photographies, où la ministre apparaît habillée d'une longue robe blanche, accompagnent une interview d'une douzaine de pages à propos du droit des femmes. La première ministre Élisabeth Borne a qualifié cette apparition de « pas du tout approprié, à plus forte raison dans la période actuelle ».
Le magazine, connu pour ses contenus érotiques, a été créé en 1953 aux États-Unis. La version française a été lancée en 1973. Depuis 2016, le magazine ne propose plus de nudité frontale.
L'ARCHIVE.
« Cela étonnera des gens que vous consacriez un gros livre à ce qui est tout de même qu'un magazine de nu. » En 1970, le journaliste français Jacques Mousseau publiait un livre dédié au magazine Playboy, Cinq dollars pour un empire. Le phénomène Playboy. Dans l'archive de « Midi magazine » en tête d'article, l'auteur était interrogé sur son ouvrage : « Les grands sujets vous attirent, non ? » « Les grands sujets importants, disons. », rétorquait-il.
Et poursuivait : « Cela étonnera probablement les Français en effet, qui connaissent assez mal Playboy. Ils en connaissent essentiellement les photographies et les fameux dépliants centraux qui ont été copiés un peu partout dans le monde et qui en effet représentent essentiellement des jeunes filles nues. Mais il y a autre chose dans Playboy, beaucoup d'autres choses. »
En effet, détaillait-il, à l'époque le magazine ne proposait pas que des contenus érotiques : « Il y a des études, des articles, des nouvelles, des événements littéraires, qui sont parmi les plus importants du monde, et, un peu tout le monde, un peu tous ceux qui comptent dans les lettres, américaines d'abord et dans les lettres internationales, a collaboré à Playboy un moment ou un autre. Je vais citer des noms : Hemingway. Je vais vous rappeler que les James Bond ont été lancés par Playboy, que Jack Kerouac a été lancé par Playboy et bien d'autres encore. »
« Un alibi culturel »
« C'est un phénomène important aux États-Unis, d'abord, par le succès », poursuivait le journaliste. « C'est une revue qui est née il y a 18 ans et qui, aujourd’hui, vend à plus de 6 millions d'exemplaires. Et si l'on considère d'une façon extrêmement modeste que chaque exemplaire est lu par trois personnes au moins, cela fait un minimum de 20 millions d'Américains qui tous les mois, lisent, feuillent, regardent, connaissent Playboy. 20 millions d'Américains, c'est 10 % de la population du pays. Je crois que n'importe quel événement, un livre, un magazine, un journal qui est vu par 10 % de la population d'un pays est vraiment un phénomène important. »
« Les Américains achètent Playboy pour les nus ou pour la philosophie ? », demandait-on, railleur. « Ils disent qu'ils l'achètent pour la philosophie et probablement 90 % d’entre eux l'achètent pour les nus. Mais les 10 % de philosophie, de réflexion, de textes vraiment fondamentaux sont, soit pour les uns une lecture vraiment importante, soit pour l'autre majorité, un alibi culturel. »
