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François Mitterrand en 1965 : « Du point de vue du salaire, la femme est considérée comme un être inférieur »

François Mitterrand en 1965 : « Du point de vue du salaire, la femme est considérée comme un être inférieur »

Vendredi 8 novembre, à partir de 16 h 48, les femmes travaillent « bénévolement ». Une manière symbolique d'expliquer que si elles étaient payées autant que les hommes, elles pourraient cesser de travailler ce jour-là. Cette inégalité salariale femmes-hommes était déjà évoquée dans les années 1960. Le candidat socialiste l'utilisa même comme argument électoral.

Par Florence Dartois - Publié le 08.11.2024
 

L'ACTU.

En 2024, le vendredi 8 novembre, à partir de 16 h 48, les femmes travaillent « bénévolement ». Une manière symbolique d'expliquer que si elles étaient payées autant que les hommes, elles pourraient cesser de travailler ce jour-là selon l'association Les Glorieuses qui a lancé l'opération en 2016, appelant les femmes à symboliquement à stopper le travail pour sensibiliser l'opinion publique à la question.

Dans l'archive ci-dessous, Rebecca Amsellem, la fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, explique l'origine souvent biaisée de cette inégalité salariale.

« Si vous êtes une femme et salariée, à partir d'aujourd'hui vous travaillez bénévolement jusqu'à la fin de l'année. C'est le calcul fait par un collectif féministe pour dénoncer les inégalités salariales. Une femme gagnerait en moyenne 15 % de moins qu'un homme, alors aujourd'hui certaines ont symboliquement stoppé le travail, à 16 h 34. »

Pour déterminer cette date, l'association prend en compte l’inégalité des salaires calculée par Eurostat et le rapporte au nombre de jours ouvrés dans l'année. Les chiffres montrent que les inégalités salariales liées au genre tendent à se réduire au fil des ans, mais qu'elles persistent. Selon les derniers chiffres de l'Insee, en 2022, la rémunération des femmes était en moyenne inférieure de 23,5 % à celle des hommes. C'est à peine mieux qu'aux débuts des années 2000. À l'époque, l'écart était de 34 %.

Nous avons cherché dans nos archives les premières références à cette inégalité salariale femme-homme. Si les premiers reportages sur la question date des années 1950, la première mention officielle apparait dans le cadre d'une campagne électorale, et remonte à 1965. Les femmes étaient encore nombreuses à rester au foyer, mais pour celles, de plus en plus nombreuses, à travailler, le sujet commençait à faire débat. Il n'est dont pas étonnant que la sphère politique s'en soit emparé.

L'ARCHIVE.

1er décembre 1965 : dans le cadre de la campagne électorale officielle pour le 1er tour de l'élection présidentielle, Benoîte Groult, fervente militante féministe, interrogeait le candidat socialiste sur ce point. Ce candidat, c'était François Mitterrand. Après quelques secondes de silence, il arguait que selon lui, à travail égal, il fallait un salaire égal. Le candidat avait visiblement potassé son sujet, livrant plusieurs chiffres sur l'inégalité qui s'était creusée concernant le salaires des femmes et des hommes depuis 1958.

On comprend, à demi-mot, qu'avec cette date, il faisait référence à l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir. « Aujourd'hui, ils sont les plus éloignés au niveau occidental et au détriment des femmes », ajoutait-il. Évoquant cette injustice, François Mitterrand allait très loin en déclarant que « du point de vue du salaire, la femme est considérée comme un être inférieur alors que son rendement est le plus souvent égal ». Et de conclure, les yeux rivés à la caméra : « Si on évite de se poser cette question, c'est qu'en réalité, on refuse aux femmes leurs droits ».

Son argument a-t-il suffisamment convaincu les femmes pour qu'elles votent pour lui lors de cette élection ? En tout cas, il lui fallut attendre 1981 pour être élu à la présidence de la République française. Force est de constater que ses deux mandats n’ont rien changé en matière d’inégalité salariale hommes-femmes. La première loi en la matière fut d'ailleurs votée avant son accession au pouvoir, sous Pompidou, en 1972 sur le principe acté par François Mitterrand : « À travail égal, salaire égal ».

Micro-trottoir sur la différence salariale entre les femmes et les hommes

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