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«À l'hôpital de Metz, urgences saturées, comme chaque jour, ou presque»

«À l'hôpital de Metz, urgences saturées, comme chaque jour, ou presque»

Dans les hôpitaux, certains services d'urgence arrivent à saturation. À l’hôpital de Metz-Thionville, la situation est telle que 55 sur 59 employés des urgences sont en arrêt maladie depuis le 30 décembre. Un service saturé... depuis au moins 10 ans.

Par Romane Sauvage - Publié le 05.01.2023
Dossier : les urgences de Metz - 2011 - 03:01 - vidéo
 

L'ACTU.

Aux urgences de l'hôpital de Metz-Thionville (Moselle), 55 infirmiers et aides-soignants sur 59 sont en arrêt maladie depuis le 30 décembre. La saturation du service est telle que les employés qui y travaillent se disent dépassés, témoignent d'un « épuisement physique et psychologique » et demandent des renforts. La situation est d'autant plus symbolique que le service des urgences du CHR de Metz-Thionville était dirigé par l'actuel ministre de la Santé, François Braun.

Mardi 3 janvier, le directeur général par intérim de l'hôpital, David Larivière, a annoncé l'embauche de 6 infirmiers et 6 aides-soignants dans le service. Des « mesures tout à fait insuffisantes », selon Patricia Schneider, déléguée Sud-Santé.

Cet hiver, la triple épidémie de Covid-19, bronchiolite et de grippe a renforcé une pression préexistante sur les hôpitaux. En crise depuis quelques années, l'hôpital public voit sa situation se dégrader. En juin 2022 déjà, 130 services d'urgence annonçaient devoir limiter leur activité en l'absence d'un personnel suffisant. Une mission « flash » avait été lancée par Emmanuel Macron et pilotée par François Braun, actuel ministre de la Santé.

LES ARCHIVES.

« Pourquoi l'attente est-elle toujours aussi longue dans ces services ? » interrogeait, dans l'archive en tête d'article le présentateur du 19/20h de France 3 Lorraine à propos des services d'urgence. Tourné en 2011, ce reportage s'intéressait à la situation de l'hôpital de Metz, où déjà, le manque de moyens se faisait sentir.

À l’accueil, les employées de l'hôpital faisaient le tri. « 120 dossiers et donc 120 malades sont soignés chaque jour en moyenne aux urgences de Metz », indiquait le commentaire. Et de poursuivre : « Les infirmières ont un rôle essentiel aux urgences, souvent confrontées à l’impatience des malades qui souffrent d'une attente jugée trop longue. 4 heures en moyenne à Metz. »

« Les murs ne sont pas extensibles »

Caroline Danièle-Poirson, infirmière, faisait part de son expérience : « On a des patients quia arrivent, qui veulent être pris en charge rapidement parce qu'ils se présentent dans un service d'urgence et qu'ils considèrent que le motif est urgent, mais nous on doit prioriser. Les murs ne sont pas extensibles : on a un certain nombre de salles, un certain nombre de paramédicaux, de médecins. On ne peut pas avoir tout le monde en même temps. »

Au sous-sol, le service du Samu 57 et ses assistants-régulateurs qui devaient, selon le reportage, gérer 500 dossiers par jour. Et au milieu, « le big-boss des urgences en personne » : François Braun, aujourd'hui ministre de la Santé. Pour lui, les urgentistes souffraient du manque de lit dans les hôpitaux. « Toutes ces difficultés de trouver de la place pour les patients en aval, c'est ça qui va boucher notre entonnoir des urgences et faire qu'en amont cela va s'accumuler et donner des impressions d'attente très prolongée. »

La journaliste concluait : « des files d'attente de brancards dans les couloirs, un problème loin d'être résolu, les urgences héritant finalement de tous les maux de la société. »

« Urgences saturées, comme chaque jour »

8 ans plus tard, la solution pour réduire la pression sur le service n'avait pas été trouvée et la situation s'était dégradée. Dans le reportage ci-dessous, datant de 2019 et tourné à l'occasion d'une grève du personnel hospitalier, le service des urgences de l'hôpital de Metz éprouvait des difficultés à recruter. « Des urgences, en grève, en crise, qui peinent à recruter. Il n'est plus rare qu'un service ferme ponctuellement par manque de personnel » prévenait Anne-Sophie Lapix.

« À l'hôpital de Metz, urgences saturées, comme chaque jour, ou presque », déplorait le commentaire du reportage. Interrogé, un patient avec un bandage sur la tête attendait depuis 3 h 30. « Et j'en ai encore pour au moins 1 h 30 », précisait-il. Une pénurie de médecin avait lieu, en un an dix urgentistes étaient partis. Patrick Walkowiak, médecin urgentiste, regrettait : « Il y en a qui arrêtent les urgences parce que les conditions sont difficiles. Quand ils s'arrêtent les conditions sont un peu plus difficiles pour ceux qui restent. C'est un cercle vicieux. »

Un manque d'attractivité de l'hôpital public

Au Samu, François Braun, toujours chef du service des urgences, était de nouveau interrogé. Pour recruter, il publiait « régulièrement des annonces sur les réseaux sociaux. » Au moment du reportage, alors que dix postes étaient vacants, il avait enfin trouvé deux candidats, c'était la « première fois depuis un an. »

Il expliquait : « L'obligation de travailler tous les week-ends, l'obligation de travailler au minimum 48h par semaine parce qu'on ne peut pas respecter les temps de travail parce qu'on manque de personne, tout ça fait peur. Et quand vous avez à côté des établissements qui se rendent plus attractifs et bien forcément, ça les intéresse plus. » La directrice de l'établissement Marie-Odile Saillard parlait d'un problème de salaires, « quatre fois moins élevé » que dans le privé. Une situation « manifestement intenable » selon elle.

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