L'ACTU.
Le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti a provoqué un tollé, mardi 7 mars, en effectuant deux bras d'honneur en pleine séance à l'Assemblée nationale. S'il a dit « regretter », plusieurs hommes et femmes politiques ont appelé à une prise de responsabilité, voire à sa démission.
L'ARCHIVE.
« C'est un geste d'insulte sexuel ». En juillet 1991, le magazine « Autrement dit » sur Antenne 2, s'interrogeait sur le bras d'honneur dans l'archive en tête d'article. François Sulger, psychosociologue, y voyait un geste à connotation sexuelle avec une « intention de choquer. » Il détaillait, précis : « C'est un rituel, c'est une attaque symbolique, dans laquelle on se met un champ suffisant pour ne pas risquer les réactions. »
Des passants interrogés en donnaient une définition parfois plus crue... D'autres en avait fait les frais, comme ce garçon au bras en écharpe, prompt aux mimes : « C'est un geste qui fait ça. Et, quand je l'ai fait je me suis fait casser le bras. » Alors souvent, disait François Sulger, « ce sont des gestes que l'on fait dans le dos. »
L'émission d'Antenne 2 était allée interroger le journaliste et présentateur maison William Leymergie, qui se montrait expert : « Il y a trois sortes de bras d'honneur. Le bras d'honneur, je dirais, un peu féminin, qui est un peu passe partout. C'est oh, c'est léger. Et puis, vous avez le bras d'honneur un peu plus vindicatif, qui est ferme. C'est-à-dire que vous fermez le poing et, ceci ». Mime à l'appui, il terminait : « Et il y a le bras d'honneur très désagréable que l'on fait que dans le sud, Méditerranée et plus bas, vous prenez la main beaucoup plus près du coude. Avec une inclinaison à 30°. Comme ça ! »
Un geste de domination selon le sociologue François Sulger
Pour l’explication, François Sulger décelait une volonté de domination : « Le bras d'honneur, il y a d'une part l'aspect de se servir de l'avant-bras, qui peut le plus facilement représenter le phallus et l'idée derrière un bras d'honneur, c'est, en repliant l'avant-bras, de simuler plus ou moins la violence d'une érection. Donc, il y a une idée de possession au sens sexuel et donc de domination ». Pourquoi le mot honneur ? « On assimile l'intégrité, voire la virginité d'une femme à son honneur, on parle d'une femme qui a perdu son honneur. C'est la seule explication sur le plan linguistique que je puisse fournir, en insistant sur le fait que ce n'est qu'une hypothèse. »
Tout le monde n'avait pas la capacité de faire un tel geste. En témoignait Michel Drucker : « Je lance souvent le bras, mais il n'y a rien à faire, ma bonne éducation bourgeoise me freine. » Et concluait : « Non, je ne ferais pas le bras d'honneur, pour une seule raison : ma mère regarde votre émission. »
Bras d'honneur à l'Assemblée nationale : les précédents