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2003 : l'émouvante exhumation de soldats allemands en Dordogne

2003 : l'émouvante exhumation de soldats allemands en Dordogne

Des fouilles vont avoir lieu à Meymac en Corrèze pour retrouver les dépouilles de soldats allemands abattus en 1944. Un précédent existe : à Saint-Julien-de-Crempse. Les fouilles, en 2003, avaient suscité un vif émoi.

Par Julien Boudisseau - Publié le 11.08.2023
 

L'ACTU.

À partir du 16 août 2023, des fouilles doivent être menées à Meymac en Corrèze pour retrouver les restes de dizaines de soldats allemands et d'une Française abattus là en 1944 par des Résistant locaux. Comme nous le rappelle Le Monde, l'histoire était inconnue de la population. Jusqu'à l'année 2019 quand un ancien résistant, Edmond Réveil, a raconté ce qu'il savait : le 12 juin 1944 dans un hameau près de Meymac, il a assisté à l’exécution sommaire de 47 prisonniers allemands et d’une Française collaboratrice par des camarades de sa ­section. Les soldats ont été abattus un à un et enfouis dans la fosse qu’ils avaient eux-mêmes creusée.

Le lieu exact de l'exécution a été retrouvé et les fouilles devraient être satisfaisantes. Ces soldats allemands faisaient partie de la section Das Reich, celle responsable du massacre d'Oradour-sur-Glane où 643 hommes, femmes et enfants ont été assassinés.

L'affaire de Meymac en rappelle une autre, celle de Saint-Julien-de-Crempse.

L'ARCHIVE.

En 2003, dans ce village de Dordogne, des fouilles ont en effet permis de retrouver les restes de dix-sept soldats allemands tués en représailles par la Résistance après l’exécution de dix-sept villageois. L'archive en tête de cet article revient sur cet épisode.

Le 9 août 1944, dix-sept villageois de Saint-Julien-de-Crempse ont été exécutés par une colonne allemande après, là encore, avoir creusé leur propre tombe. Des combats faisaient rage dans la région, où la Résistance était bien implantée. Un mois plus tard, le 10 septembre 1944, dix-sept soldats allemands vont être à leur tour exécutés au village en représailles. Les combats étaient pourtant terminés et ces Allemands s'étaient rendus à Bergerac. Ils appartenaient à une unité de transmission et n’avaient rien à voir avec les exactions commises plus tôt par les SS. Et on leur avait promis qu'ils auraient la vie sauve... Mais ils furent sélectionnés et exécutés après avoir, eux aussi, creusé leur tombe.

Jusqu’au 4 novembre 2003, personne n’avait reparlé de cette vengeance froide. L'ancien résistant Emile Guet avait parlé peu avant. C'est lui qui est à l'origine de la révélation et des fouilles. Ces dernières avaient donné lieu à une importante médiatisation de l'affaire. Dans le village, tous n'étaient pas d'accord avec l'opération : «Non, ce qui est enterré depuis tant d'années, on ne doit pas le bouger», disait ainsi un homme avec force conviction alors que le sol était en train d'être retourné sous ses yeux. Pour beaucoup par contre, ce massacre n'était pas justifié puisque ces soldats n'étaient pas impliqués dans les exactions commises avant leur exécution.

Emilie Guet, lui, voulait donc rendre une sépulture digne à ces soldats, auprès de qui une parole n'avait pas été tenue.

Comme on le voit dans l'archive, les restes des soldats allemands une fois retrouvés et rassemblés, ont été bénis par l'ancien curé de Saint-Julien avant d'être transférés au cimetière militaire allemand de Berneuil, en Charente-Maritime.

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