C’est un témoin exceptionnel qui a pris la parole, mercredi 10 novembre 2021, au procès des attentats du 13 novembre 2015. Devant la cour d’assises spéciale, réunie dans l’ancien palais de justice de Paris, l’ancien président François Hollande, chef de l’État au moment des faits, a témoigné de la façon dont il a dû gérer les événements dramatiques de cette soirée du 13 novembre. Une présence au tribunal qu’il a acceptée à la demande d’une association des parties civiles, estimant qu'il le devait pour toutes les familles qui ont perdu un proche et pour tous les survivants qui « veulent comprendre ».
Selon les récits de ce témoignage, le président a évoqué « les premières explosions au Stade de France, son souci que les assaillants ne puissent pas entrer dans l'enceinte sportive, puis sa prise de connaissance des autres attaques ». « Je me suis rendu au Bataclan sans avoir l'intention d'y entrer. J'ai vu les visages hagards de gens qui sortaient de la salle », a-t-il ajouté.
« Attaques en cours »
Après ce déplacement aux abords de la salle de concert, et alors même que l'assaut final n'avait pas encore été donné, le président a regagné l’Élysée et prononcé à 23h55 une allocution d'un peu plus de trois minutes, que nous publions en tête d’article.
Très ému, il annonce l’événement en ces termes forts : « Mes chers compatriotes, au moment où je m’exprime des attaques terroristes d’une ampleur sans précédent sont en cours dans l’agglomération parisienne. Il y a plusieurs dizaines de tués, il y a beaucoup de blessés, c’est une horreur. » Après avoir annoncé la mobilisation « de toutes les forces possibles », y compris « des renforts militaires » en vue de la « neutralisation des terroristes » et de la mise en sécurité « de tous les quartiers qui peuvent être concernés », le président annonce les deux principales mesures prises dans l’immédiat : « l’état d’urgence » et la « fermeture des frontières ».
Faisant allusion aux attentats du 7 janvier 2015 qui avaient décimé la rédaction de Charlie Hebdo, tué quatre personnes à l’hyper casher de la porte de Vincennes et une policière à Montrouge, le président poursuit : « C’est une terrible épreuve qui une nouvelle fois nous assaille. Nous savons d’où elle vient, qui sont ces criminels, qui sont ces terroristes. Nous devons dans ces moments si difficiles, et j’ai une pensée pour les victimes très nombreuses, pour leurs familles, pour les blessés, faire preuve de compassion et de solidarité ».
« Unité et sang-froid »
Poursuivant son allocution, François Hollande appelle à « l’unité » et au « sang-froid » des Français : « Face à la terreur, la France doit être forte, elle doit être grande et les autorités de l’Etat fermes. Nous le serons. Nous devons aussi appeler chacun à la responsabilité. Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a effectivement de quoi avoir peur, il y a l’effroi ».
Malgré l’horreur, malgré le sang, le président veut croire qu’après l’épreuve du 13 novembre, le pays reprendra le dessus sur la barbarie : « Mais il y a face à l’effroi une nation qui sait se défendre, qui sait mobiliser ses forces et qui une fois encore saura vaincre les terroristes. » Alors que l’assaut des forces de l'ordre est sur le point d’être lancé contre les terroristes au Bataclan, le président informe les Français que « toutes les opérations » ne sont « pas encore terminé[es] » : « Il y en a encore qui sont extrêmement difficiles, c’est en ce moment même que les forces de sécurité font assaut, notamment dans un lieu à Paris. Je vous demande de garder ici toute votre confiance dans ce que nous pouvons faire avec les forces de sécurité pour préserver notre nation des actes terroristes ».
Commencée à 23h55, l’allocution du président prend fin peu avant minuit. À 00h18, les policiers de la BRI et du RAID donnent l’assaut contre les terroristes retranchés au Bataclan. Le bilan des attentats du 13 novembre est extrêmement lourd : 130 morts et 413 blessés, faisant de cette soirée d’horreur l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de France.
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