L'ACTU.
Le restaurant aux trois étoiles au guide Michelin en 1997 et fermé en 2011, elBulli a réouvert ses portes le 15 juin. Longtemps considéré comme le meilleur restaurant du monde, il devient un musée dédié à la révolution culinaire qu'a menée son chef, Ferran Adrià.
LES ARCHIVES.
« Moi petit, je ne rêvais pas d'être cuisinier ». En 2004, alors que son restaurant était en passe de devenir le meilleur du monde et qu'il avait concocté le repas de mariage de Felipe VI, alors héritier de la couronne espagnole, Ferran Adrià racontait à «Envoyé spécial» son parcours et ses expériences culinaires.
L'hiver, celui que le journaliste décrivait comme un « cuisinier explorateur » s'enfermait « dans son laboratoire de chimiste » pour se consacrer ç la recherche et inventer ses nouvelles créations. Cette fois-là, il s'agissait de desserts, fabriqués à l'aide d'hydrogène liquide. « De l'orange pressée, de l’hydrogène liquide et tu obtiens un sorbet fantastique. Si tu le fais de façon traditionnelle avec la chaîne, tu perds un peu de saveur, de vitamines. C'est un exemple pour comprendre ce que peuvent apporter à la cuisine les nouvelles technologies. Même si elles sont très anciennes. L'hydrogène liquide ça existe depuis longtemps », s’enthousiasmait Ferran Adrià.
Dans son laboratoire barcelonais régnait une joyeuse ambiance, que le chef cultivait : « Pour moi, le fait de rire, de s'amuser, ça fait partie des plaisirs de gastronomique. Mais attention le plus important, c'est que ce soit bon. Sinon, tu ne te marres pas du tout. »
L'été, il se rendait au nord de Barcelone, à Rosas, où était situé elBulli. Ravioli de petits pois, caviar de melon : si la décoration y était « ringarde » et « kitsch », les plats servis se voulaient futuristes.
Alors, Ferran Adrià était-il le meilleur cuisinier du monde, s'interrogeait le reportage, dans l'extrait ci-dessous. Pour Gilles Pudlowski, critique et journaliste, sa cuisine faite de gelées et de mousses, parlait « plus au cerveau qu'au cœur, plus à l'esprit qu'au palais ». Pour Albert Om, présentateur sur la chaîne de télévision publique catalane, le chef restait « lui-même, un gars du peuple », et ce, « malgré tous les prix qu'il a reçus, tous les compliments. » Et d'ajouter : « C'est curieux, car elBulli est un restaurant élitiste et pourtant Ferran Adrià est un personnage très populaire. »
Ferran Adria est-il le meilleur cuisinier du monde ?
2004 - 04:39 - vidéo
Un parcours d'autodidacte
Ses débuts dans la cuisine, le chef les avaient fait en tant que plongeur, pour se payer des vacances, racontait le reportage. « Entré comme stagiaire en 1983 chez elBulli, il en devient le chef 4 ans plus tard. Un parcours d'autodidacte. » En tout cas, Ferran Adrià le défendait : « Ce qui est fondamental dans mon parcours, c'est que je ne viens pas d'une famille de cuisiniers, que moi petit, je ne rêvais pas d'être cuisinier. Et qu'ensuite je n'ai jamais eu de maître, quelqu'un avec qui je serais resté cinq ou six ans. Du coup, j'ai toujours cherché par moi-même le pourquoi des choses et je continue à le faire. »
En entendant Jacques Maximin, un grand chef français, dire « créer en cuisine, c'est ne pas copier », il avait décidé de créer sa propre cuisine et de créer son atelier de recherche culinaire. Il est aujourd'hui l'un des plus grands chefs cuisinier au monde.