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La visite «parfaite» de l’élevage de chèvres Chevenet en 2002

La visite «parfaite» de l’élevage de chèvres Chevenet en 2002

Le 27 octobre, l'association de défense des animaux L214 a déposé une plainte pour « mauvais traitements » et « pratiques commerciales trompeuses » à l’encontre de l'entreprise Chevenet de Saône-et-Loire. En 2002, cet élevage de chèvres était pourtant présenté comme exemplaire.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 27.10.2022
Naissance de 150 chevreaux chaque jour - 2002 - 02:07 - vidéo
 

L'ACTU.

Dans une nouvelle vidéo portée par la comédienne Isabelle Adjani, l'association L214 dénonce« les conditions de vie misérables des animaux » mais aussi une communication jugée « mensongère » de l'entreprise Chevenet, située à Saint-Maurice-de-Satonnay (Saône-et-Loire). Une plainte a été déposée à Mâcon. Sur son site, l’élevage de 2000 chèvres se présente comme le « premier producteur européen de fromages de chèvre fermiers » et déclare s’inscrire depuis plusieurs générations « dans une démarche de qualité globale », précisant être fondée sur « sur le respect de principes alliant tradition et modernité. Respect des animaux et de l’environnement, production traditionnelle, traçabilité, exigence et saveurs exceptionnelles ». Une démarche démentie par L214, citant les témoignages de deux salariés lanceurs d'alerte, images à l’appui : « Il n'y a pas d'animaux au pâturage. (...) Les morts sont entassés à l'extérieur avec d'autres cadavres en décomposition avancée et des ossements. ».

L’entreprise Chevenet a dénoncé une « manipulation des images obtenues à travers des montages et une mise en scène qui ne reflète pas la réalité ». Elle assure faire tout son possible pour « protéger la vie des chevreaux » lors des canicules comme celle de l’été dernier, période durant laquelle ont été tournées les images diffusées par L214. « Malheureusement, et malgré tous nos efforts », ces canicules « peuvent être fatales pour les animaux, comme pour les hommes », a ajouté l’entreprise.

Mais alors que s'est-il passé ? Car jusqu’alors, et il y a encore 20 ans, l’exploitation Chevenet apparaissait pourtant comme l’un des fleurons de l’élevage caprin de Saône-et-Loire, notamment dans les journaux télévisés locaux. Le respect animal était l'une des thématiques relayées par le petit écran, à l’image de ce reportage de type « carnet rose » qui célébrait la naissance de centaines de chevreaux en août 2002.

L'ARCHIVE.

Le 20 août 2002, le JT de 19h00 de France 3 Bourgogne consacrait un reportage à la naissance quotidienne de 150 à 200 chevreaux et cabris sur l'exploitation. La ferme de Saint-Maurice-de-Satonnay était déjà présentée comme l’un « des élevages les plus importants d’Europe ». Dans son lancement, la présentatrice indiquait sur un ton attendri que ces naissances se déroulaient « dans une atmosphère très douce », les éleveurs essayant de « respecter au maximum le rythme des animaux ». Un credo toujours affiché par l’entreprise sur son site aujourd’hui.

Le reportage commençait d’ailleurs par des plans de Thierry Chevenet, le directeur de l’élevage, câlinant une chèvre qui venait de mettre bas pour la première fois. Toutes les heures, une chèvre donnait naissance à un petit, à une cadence de « 200 naissances par jour » précisait l’éleveur. Un large plan d’ensemble dévoilait « la pouponnière », un immense hangar lumineux, visiblement propre et rempli de paille. Thierry Chevenet expliquait ensuite le processus d’identification et de traçabilité des animaux, « non sans avoir rassuré la mère et "le petit garçon" » insistait-il en caressant la jeune chèvre. Sous l’objectif de la caméra, il procédait en direct à l’identification du bébé « à l’oreille gauche ».

D’autres plans montraient les chèvres prenant soin de leurs nouveau-nés, le journaliste précisant que dans cette exploitation on mettait « tout en œuvre pour respecter le rythme des bêtes et éviter les formes de stress ». Des propos confirmés par le responsable de l’exploitation qui ajoutait qu'on laissait les naissances se faire « de manière traditionnelle, sans aide » et que surtout, les petits restaient avec leur mère « au moins 36 heures ».

La saga Chevenet

En 1992, l'exploitation sise à Hurigny, près de Mâcon, avait tenté de s'agrandir, mais le conseil municipal a refusé. Le jeune Thierry Chevenet se disait surpris et dépité, car cela remettait en cause l'adoption des nouvelles normes européennes. Le maire proposait un terrain plus éloigné du bourg pour minimiser les nuisances.

La fromagerie Chevenet
1994 - 01:46 - vidéo

Pour la mise aux normes européennes, la fromagerie Chevenet s'installera alors à Saint-Maurice-de-Satonnay (Saône et Loire). À l'époque, les 1500 chèvres donnaient 1 million de litres de lait par an. L'exploitation produisait 1/10e de lait de chèvre de France et visait 2,5 millions de fromages. Une fabrication présentée par Louis Chevenet comme « traditionnelle aux normes internationales ». L'entreprise espérait une AOC.

Après 10 ans d'attente, les fromages de chèvre du Macônnais ont obtenu l'AOC, Thierry Chevenet y voyant une opportunité de développement de la filière.

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