Après la Française Ysaora Thibus, sacrée championne du monde au fleuret mardi 19 juillet lors des championnats du monde d’escrime qui se tiennent au Caire, et Romain Cannone, médaille d’or le même jour à l’épée, c’est un troisième titre pour l’école française d’escrime qu’a décroché le Guyanais Enzo Lefort, mercredi 20 juillet au soir, dans la discipline du fleuret. Ce dernier était le tenant du titre, qu’il avait emporté il y a trois ans lors des mondiaux de Budapest en 2019.
Cette moisson de médailles d’or françaises met à nouveau au grand jour l’excellence de la pratique de l’escrime au plus haut niveau en France.
Dans les archives de l’INA, un reportage de France 3 Limoges de 1977, diffusé dans l’émission « Sports de 5 à 15 », donnait la parole à un maître d’armes, qui évoquait les racines culturelles de l’attraction française pour l’escrime : « [La pratique de] l’escrime [vient] par la connaissance surtout des films de cape et d’épée que les enfants voient à la télévision, au cinéma, ils sont sensibilisés par [cette culture] et viennent souvent à l’escrime. Ou alors à l’école ils en parlent souvent, quelqu’un a fait de l’escrime, ils viennent voir d’abord comment ça se passe, et puis, petit à petit ils viennent au club. »
Il y aurait donc à en croire ce professionnel de ce sport une persistance culturelle d’une pratique qui a eu cours pendant de nombreux siècles en France, c’est ce que résume l’auteur du reportage, en s’interrogeant : « Qui d’entre nous enfant n’a rêvé d’en découdre sur le Pré aux Clercs [un terrain aujourd’hui situé dans le 7e arrondissement qui était utilisé sous l’Ancien régime comme terrain idéal pour les duels entre nobles, NDLR], comme l’on disait au XVIIe siècle, qui d’entre nous adulte n’a envié l’adresse des fabuleux personnages d’Alexandre Dumas […], toujours l’épée au poing pour la défense du faible et de l’opprimé. L’épée, le fleuret, le sabre, armes nobles qui ont gardé en France depuis des siècles un attrait certain.»
Le reportage s’intéresse ensuite aux qualités requises pour devenir un bon escrimeur. Selon le maître d’armes, ce sport sollicite de nombreuses qualités, aussi bien musculaires que nerveuses, et il peut se pratiquer dès l’âge de 7 ans. « Autrefois, explique-t-il, on commençait plus tard, on commençait vers l’âge de 9, 10 ans. Maintenant on les fait commencer tôt, car il faut au moins 4 à 5 ans pour former un bon escrimeur qui puisse rivaliser au plan national. »
Les championnats du monde du Caire pourraient encore sourire aux Français, car ce jeudi 21 juillet débutent les épreuves par équipes. Selon France Info, ces épreuves ont permis à la délégation tricolore de figurer sur trois podiums à Tokyo, lors des derniers Jeux olympiques.