L'ACTU.
Alors que six communes sur dix en France n'ont plus aucun commerce, Élisabeth Borne a lancé jeudi 15 juin 2023 un grand plan « France ruralités ». Le plan comprend une quarantaine de dispositions visant à reconquérir les campagnes et à les désenclaver. La Première ministre a dressé un constat sombre de l'état du monde rural, « nos territoires ruraux sont fragiles », a-t-elle affirmé, avant de rassurer : « les ruralités ont tout pour réussir ».
Si la biodiversité, le logement ou la santé sont au centre des préoccupations, le gouvernement entend désenclaver les bourgs et relancer le commerce local en aidant les commerces à revenir dans les villages. À l'heure où les services publics disparaissent eux aussi, l’État entend notamment subventionner les projets multi-services où l'on trouvera un guichet de poste, de la presse et un dépôt de pain.
Ces nouveaux commerces ressemblent fort à ce qui existaient autrefois dans les campagnes, avant l'avènement des supermarchés : l'épicerie de village. À la campagne, ces petits commerces étaient des lieux incontournables de la vie sociale, où tous les gens se connaissaient, se rencontraient et se parlaient.
L'ARCHIVE.
L'archive en tête d'article est un bon exemple de ce que représentaient les épiceries de village. En novembre 1973, le magazine « La Roulotte » s'était rendu dans l'une d'entre elles, perdue quelque part en France. Le magasin débordant de produits qui ne fermait presque jamais. L’épicière le reconnaissait, c’était un métier très prenant et exigeant, « même si je ferme, ils cognent avec insistance, ils veulent que j’ouvre », expliquait-elle avec une pointe de fatalisme.
De fait, les caméras filmaient le va-et-vient des clients. À l'épicerie, on trouvait de tout pour dépanner : des conserves, des fruits, des légumes, de la farine qu'on achetait « à la livre ». La clientèle était aussi variée que les produits, des enfants remplissaient leurs poches de carambars pour quelques centimes, mais l'on pouvait aussi acheter du fil à repriser, du pain chaud, des cigarettes ou du vin. Chaque client trouverait son bonheur dans cette petite épicerie bien achalandée.
Mais ce qu'on venait surtout chercher ici, c'était le contact. Avec la baguette, l'épicière faisait la conversation, et bien souvent, les clients papotaient de tout et de rien. On se donnait « des nouvelles ». D'ailleurs, l'épicière confirmait l'impression de convivialité : « C’est un peu la vie de famille, on est au courant de tout ce qui se passe dans le village », ajoutant, « s’ils ont besoin de téléphoner, d’un docteur, ils viennent aussi ».
L'épicerie, c'était le cœur du village qui battait au rythme des conversations et des rires. Un instantané de la vie d’un village figé dans nos archives, mais qui pourrait bientôt redevenir une réalité.