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Emmanuel Carlier, le Français qui a révolutionné les effets spéciaux de « Matrix »

Emmanuel Carlier, le Français qui a révolutionné les effets spéciaux de « Matrix »

Le quatrième volet de la saga « Matrix » sort dans les salles mercredi 22 décembre. A sa sortie, en 1999, il avait révolutionné le cinéma de science-fiction avec des effets spéciaux, dont le « Bullet Time », inventé par un photographe français.

Par Florence Dartois - Publié le 21.12.2021
Les effets spéciaux de Matrix - 2001 - 05:03 - vidéo
 

« Matrix Resurrections », réalisé par Lana Wachowski, est le quatrième opus d’une saga qui a marqué le cinéma de science-fiction au début des années 2000, en mêlant la spiritualité et une avalanche d’action et d’effets spéciaux. Dans « Matrix », le héros joué par Keanu Reeves s’appelle Neo. Informaticien le jour, pirate informatique la nuit, il ne se doute pas que sa vie n’est qu’une illusion. Grâce à d’autres humains échappés de la « matrice », Neo va découvrir qu’il vit dans une réalité virtuelle créée par des machines. Leur objectif étant d’exploiter l'énergie des humains, inconscients d'être maintenus en esclavage virtuel.

Dans cette matrice, tout est donc possible. Les effets spéciaux de « Matrix » sont l'un des ingrédients du succès du film. Ils ont contribué à rendre le virtuel aussi crédible que la réalité : sauter du toit d’un immeuble, courir sur les murs... Parmi les trouvailles technologiques utilisées par les frères Wachowski - qui depuis sont devenues des sœurs - il y a l'effet « Bullet Time ». Il permet de figer sous tous les angles, et en une fraction de seconde, un personnage réel, suspendu en pleine action dans l'espace. Le rendu du mouvement devient spectaculaire, à l'instar d'une scène devenue culte, celle où Neo évite une balle au ralenti. Cet effet bluffant n’a pas été créé par une caméra mais par un dispositif impressionnant d'appareils photo. Un dispositif inventé par un Français.

L’archive que nous vous proposons en tête d’article est un extrait de l’émission « Comme au cinéma » diffusée le 15 mars 2001 sur France 2, et consacrée à ces effets spéciaux. Dans ce reportage, Emmanuel Carlier, le concepteur de cet effet, dévoile ses secrets de fabrication.

Secrets du « Bullet Time »

Pour cette séquence,120 appareils photo et deux caméras ont été nécessaires. Le photographe plasticien décrit la technique du « Bullet Time » qu’il a imaginée dans les années 1990. Elle consiste en un cercle d’appareils photos synchronisés entre eux, placés à une distance équivalente autour du sujet que l’on veut saisir. Sur des images du tournage, il précise : « On déclenche au bon moment le système, donc tous les appareils photo attrapent ce même instant. On récupère les images, on les assemble et on les enchaîne à la même vitesse que le cinéma ou la vidéo, à 24-25 images/seconde. Et en reliant toutes ces images, on recrée un mouvement artificiel, comme un mouvement de cinéma. Mais l'action qu'on a photographiée, elle n'évolue pas dans le temps ».

Une technique réalisée en une seule prise, pour ne pas rater l'instant visé. Sur des images de son travail de photographe, antérieur au film, Emmanuel Carlier précise : « C'est un truc de feeling pour attraper le bon moment. On ne peut pas régler ça avec des capteurs parce que ça ne marche jamais. Il y a une tension. Pour que ça marche, ce n'est pas religieux, mais c'est un moment très spécial. C'est une espèce d'arrachement. Moi, j'ai l'impression d'avoir les yeux qui me sortent de la tête au moment où j'appuie sur le bouton. Et d'écraser, de tout détruire. »

Un effet furtif et effrayant

Bien que le « Bullet Time » n’apparaisse que quatre ou cinq fois dans le film, il avait demandé d'énormes moyens techniques de réalisation. C'est ce que confiait Emmanuel Carlier dans la suite de son interview.

Les effets spéciaux de Matrix
2001 - 05:03 - vidéo

« Il y a une espèce de surenchère sur cet effet pour le faire de la manière la plus fluide possible, avec le moins de variations de lumière entre les appareils ». Un résultat difficile à obtenir lorsqu'il s'agit de gérer simultanément 200 optiques fixes. Une post-production très coûteuse, des machines complexes et beaucoup de temps ont été indispensables à cette prouesse cinématographique.

Emmanuel Carlier explique l'engouement sur cet effet : « Ça surprend toujours les gens parce qu'ils voient quelque chose dont ils savent profondément que c'est réel. Ils savent que ce moment arrêté, il existe. Et tout d'un coup, ils peuvent tourner autour. Donc ils sont un peu voyeurs d'un moment d'éternité. Moi, la première fois que je l'ai fait, j'ai trouvé que c’était quelque chose d’un petit peu effrayant. Parce que ça fait peur de voir un personnage arrêté comme ça. »

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