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2013 : l'effondrement du Rana Plaza, symbole des dérives de l'industrie textile

2013 : l'effondrement du Rana Plaza, symbole des dérives de l'industrie textile

Le 24 avril 2013, un immeuble abritant des ateliers textiles s'effondrait à Dacca au Bangladesh. 1134 personnes y perdirent la vie, près de 2500 personnes furent blessées. En Occident, la réalité lointaine de la production de vêtements à très bas prix fit soudainement la une des journaux télévisés et provoqua une prise de conscience des consommateurs. Le Rana Plaza, plus grave accident de l'industrie du textile, est encore aujourd'hui un symbole des dérives de la mondialisation. 

Par Romane Sauvage - Publié le 24.04.2023
 

« Au Bangladesh, dans la capitale, Dacca, un accident impressionnant met en lumière le sort fait aux petites mains du textile. » Il y a 10 ans, le 24 avril 2013, dès la fin de journée, un effondrement massif d'une usine textile bangladaise, le Rana plaza, fait la une de Soir 3. Le bilan était déjà lourd : plus de 100 morts et des centaines de blessés parmi les employés, « des centaines d'hommes, et surtout des femmes, qui travaillent pour la confection. »

Le bâtiment abritait plusieurs ateliers et employait au total près de 5000 personnes. « Des ateliers de confection textile installés sur huit étages d'une construction illégale dont les murs se fissuraient depuis la veille », expliquait l'archive. Des alertes et consignes d'évacuation auraient été ignorées par les responsables. Une survivante témoignait, à peine extraite du bâtiment : « On ne voulait pas entrer dans l'atelier ce matin, mais la direction nous y a forcé en disant que l'immeuble n'avait aucun problème. Et juste après que je me sois assise, l'immeuble s'est effondré, j'étais piégée. »

Un effondrement révélateur des dessous de la mondialisation

Un bâtiment dangereux, qui n'était pas une exception. Au Bangladesh, selon le commentaire, ce type d'« ateliers qui fournissent le monde entier sont surpeuplés et ne respectent généralement aucune règle de sécurité. Des dizaines d'employés ont déjà été victimes d'incendies ces derniers mois, prise au piège dans leur usine. » Et si cet effondrement massif faisait la une des journaux, c'était parce que, comme le soulignait le journaliste, les commanditaires de ces ateliers étaient des marques européennes, « Mango ou Benetton notamment » dans le cas du Rana Plaza. Le 24 avril, le bilan s'alourdissait d'heure en heure. Quelques semaines plus tard, plus de 1100 morts seront comptabilisés.

Au Bangladesh, une journée de deuil national fut organisée le lendemain du drame. Des manifestations eurent lieu pour appeler à de meilleures conditions de travail. Dans les décombres, des étiquettes de la marque Camaïeu ont été retrouvées, mais bien d'autres marques de l'industrie textile ont été impliquées dans ce drame, comme Benetton, C&A, H&M, Lee Cooper, Tex (groupe Carrefour) ou encore Zara. Celles-ci se défendaient de toute responsabilité, arguant celle de leurs sous-traitants.

Quelques semaines après le Rana Plaza, France 2 retournait à Dacca. Là-bas, des ouvriers témoignaient : « On sait tous que cela peut arriver à nouveau à tout moment. Ce n'est plus une question de conditions de travail, c'est une question de vie ou de mort. » L'espoir d'une amélioration et la responsabilité des grands groupes était soulignée.

Comme on le voit dans l'archive ci-dessous, un an après le drame, Soir 3 revenait sur l'effondrement du Rana Plaza. Sur le plateau, Anne Gintzburger, réalisatrice du documentaire des « Damnées du Low Cost » pour France 5 faisait le bilan : « Pour les victimes, peu de choses ont changé, pour les survivantes, beaucoup d'entre elles et beaucoup d'entre eux attendent encore des soins. (...) Beaucoup ont perdu des jambes, l'usage de leurs membres, sont paralysés. Mis à part une petite indemnisation assez symbolique octroyée par l'État du Bangladesh juste après le Rana Plaza, ils n'ont reçu aucune compensation financière à ce jour. »

Une amélioration de la sécurité grâce un accord

Plus généralement, un accord international concernant la sécurité avait tout de même été signé, sous l'égide de l'Organisation internationale du travail et associait des multinationales du secteur du textile, des syndicats et des ONG. Et Anne Gintzburger d'ajouter : « Il y a eu des augmentations de salaires assez conséquentes pour les ouvriers du Bangladesh. » Les conditions de travail des ouvriers bangladais restent tout de même particulièrement dures et leur travail peu rémunéré.

En 2014, un programme d'inspection des usines démarrait également, mais la réalisatrice notait : « Il faut inspecter 4500 usines, qui sont souvent dans des conditions déplorables donc vous imaginez bien que les patrons et les grandes marques occidentales n'ont pas vraiment intérêt à ce que les portes s'ouvrent. » Depuis, des milliers d'inspections ont eu lieu et permis des rénovations dans pratiquement 1600 usines bangladaises. En France, une loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre, a été votée en 2017. Elle vise à « prévenir les risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, y compris lorsqu’elles sont commises par leurs filiales directes ou indirectes [des multinationales], en France et dans le reste du monde. »

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