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Des témoins racontent la rafle des "billets verts" du 14 mai 1941

Des témoins racontent la rafle des "billets verts" du 14 mai 1941

Le 14 mai 1941, des milliers de Juifs étrangers reçoivent une convocation, un "billet vert", dans laquelle ils sont "invités à se présenter" dans divers lieux de la capitale. La première rafle de Juifs en France débute. Trois témoins racontent.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 12.05.2021 - Mis à jour le 14.05.2021
 

Ce qui leur a été présenté comme une formalité administrative tourne vite au cauchemar : 1 700 d'entre eux sont envoyés au camp de Pithiviers, 2 000 à Beaune-la-Rolande. Destination finale : les camps de concentration. Samuel Chymisz a été déporté avec son frère Henri. Berthe Burko, née Falcman, et Serge Rodgold ont tous deux perdu leur père dans ce cette rafle, pourtant méconnue. En 2005, ils témoignaient pour "Mémoires de la Shoah". Voici quelques extraits choisis de leurs témoignages.

Samuel, 21 ans en mai 1941

Samuel Chymisz est né en 1920 à Varsovie, il s'installe dans le quartier parisien de Belleville en 1928. Il avait 21 ans en 1941. Bien que naturalisé français, Samuel Chymisz fait partie, avec son frère Herc (Henri), des victimes de la première rafle du 14 mai 1941, dite du "billet vert", qui vise à Paris les hommes juifs étrangers. Ils sont internés plus d'un an au camp de Pithiviers. Henri est déporté à Auschwitz le 25 juin 1942, Samuel le rejoint le 23 juillet. Affecté à un commando de travail, il est tour à tour promu "Stubendienst", chef de baraque dans la hiérarchie des Kapos, chargé du portage de la soupe…

Slama (Serge) Rodgold  a 11 ans en 1941

Second de cinq enfants d'un artisan cordier originaire de Lublin. Il a un an en 1930 quand son père émigre de Laskarzew à Paris pour devenir brocanteur. Recensé comme Juif en 1940, son père est interné à Beaune-la-Rolande, il entre au service postal du camp grâce aux faveurs d'un gendarme, parvient ainsi à correspondre avec les siens en dehors des circuits officiels et à s'approvisionner auprès des paysans alentour, avant d'être déporté le 28 juin 1942 à Auschwitz. Serge parviendra à fuir dans la zone sud. Séparé de sa mère, il sera caché sous le patronyme de Raugier dans différentes familles d'accueil de Millau et deviendra pensionnaire d'un collège où la Wehrmacht a pris ses quartiers. 

Berthe est âgée de 6 ans en 1941

Née en 1935 à Paris dans une famille de militants juifs bundistes immigrés de Pologne, elle est l'auteur de deux romans publiés en 1994 et 1997 : "Chronique de la source rouge", puis "L'Enfant caché", récits doubles inspirés par sa quête d'une identité meurtrie par la guerre. Tailleur de profession, son père est victime de la rafle parisienne. Il est interné au camp de Pithiviers et déporté à Auschwitz par le 4ème convoi du 25 juin 1942. Cachée avec sa mère dans l'Aveyron, scolarisée chez les religieuses catholiques, Berthe a connaissance dès 1944, alors qu'elle n'a que neuf ans, de la réalité de l'extermination. Après une thèse consacrée à Albert Cohen, Berthe Burko-Falcman a rejoint l'association des enfants cachés.

Florence Dartois

Choix et montage des archives : Elisabeth Jacquinot, Lionel bouchet

Pour aller plus loin : 

Retrouver l’intégralité des entretiens de "Mémoires de la Shoah", ICI.

L'intégralité de l'entretien de Samuel Chymisz

L'intégralité de l'entretien de Serge Rodgold

L'intégralité de l'entretien de Berthe Burko-Falcman


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